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affiche Lucy

Lucy

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Un film de Luc Besson,
Avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Min-sik Choi,

Genre : Science-fiction
Durée : 1h29
France

En Bref

Moins d’un an après Malavita, comédie mafieuse d’un goût discutable, l’éternel incompris du cinéma hexagonal (et non moins très prolifique) Luc Besson, revient à ses anciens amours. Avec Lucy, Besson embrasse à nouveau le genre qui l’avait propulsé sur les plus hautes marches du box-office en 1997 avec Le Cinquième Elément, le thriller d’anticipation. Embringuée malgré elle dans une livraison suspecte, Lucy, jeune étudiante américaine vivant à Taipei, va devoir faire la mule pour le compte de la mafia Taïwanaise et acheminer une substance expérimentale vers son pays d’origine, substance qui va se déverser dans son organisme et permettre à la jeune femme d’accéder progressivement à toutes ses facultés cérébrales. Parti du principe selon lequel l’être humain n’utiliserait que 10 % de son cerveau, Besson tisse un scénario intelligent et efficace qui nous propulse du cerveau humain jusqu’à la plus infime ramification cellulaire du monde. Spectacle garanti, excepté peut-être pour les amateurs de vraisemblance.


Ayant récolté plus de 44 millions de dollars lors de son premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis et reçu des critiques plutôt favorables dans la presse américaine, Lucy peut être confiante pour ce qui est de conquérir le reste du monde et notamment la France, berceau de son créateur. Il faut dire que la campagne de pub virale menée autour du film, laissant filtrer des images exclusives accessibles chaque jour à l’aide d’un code secret dissimulé sur un site internet, avait de quoi mettre en haleine les internautes et cinéphiles. Et qu’on se le dise, pour ce qui est du spectacle, Besson ne déçoit pas. Il se révèle inventif dès la scène d’ouverture où, sur un rythme pimpant signé Eric Serra, les cellules se divisent peu à peu, puis vient l’image de notre plus ancien ancêtre connu, l’australopithèque Lucy, renvoyant ainsi à 2001 : L’Odyssée de l’espace de S. Kubrick. Une fois le décors et le contexte posés, il va enchainer avec une séquence introductive d’un suspense difficilement soutenable, où il monte en parallèle le piège dans lequel va tomber Lucy et la traque d’une gazelle par un léopard. Captivant.

L’idée de départ, judicieuse et bien menée, n’est pas sans rappeler Limitless dans lequel Bradley Cooper voyait lui aussi sa mémoire, ses facultés de raisonnement et ses perceptions exacerbées de façon exponentielle après la prise d’une substance douteuse. Sauf qu’ici, il est bien question des aptitudes naturelles de notre cerveau, lorsqu’il est exploité à plus de 10% de ses performances. Cette zone de flou théorique et d’inconnu scientifique offre à Besson un vivier dans lequel assouvir ses envies de spectaculaire, de bastons, de voitures qui se crashent et d’exécutions sommaires, qu’il met en images avec un plaisir non dissimulé. On a d’ailleurs l'agréable surprise d’accueillir un Besson assagi dans l’action comme dans les longueurs ainsi que dans le « french-bashing » dont on l’accuse bien souvent. Il mise sur l’efficacité et en ressort un projet plus abouti que ses dernières entreprises, aussi bien dans le fond que dans la forme. En dehors de quelques scènes aberrantes, bessoniennes pur jus, dont celle où la mafia taïwanaise canarde tranquillement la PJ parisienne où d’autres fusillades sans fin, la bessonade tient la route et se paye même le luxe d’arborer la rituelle et spectaculaire course-poursuite dans les rues de Paris, chère au cinéaste.

Néanmoins, notre Besson sous LSD qui fait joujou avec les possibilités infinies du numérique va quand même commettre quelques erreurs. Préférant parlementer durant de longues – et non moins intéressantes – envolées philosophiques et métaphysiques, la besogne n’assume pas assez le prétexte souche de l’intrigue, à savoir le deal de substance et l’usage de mule pour la diffusion. A la place, on nous formule une réflexion toute personnelle sur la création depuis l’origine de la planète jusqu’à la plus inexploitée des cellules du cerveau humain. En outre, dans cette course folle à l’épate, un pan entier du cinéma de Besson s’évapore. Adieu cette sensibilité et ces moments de détresse/tendresse où l’héroïne fend la carapace qui permettaient de créer de l’empathie. La seule tentative de faire dans le sentiment (la scène où Lucy appelle sa mère) apparaît tellement déconnectée de l’ensemble qu’elle en devient grotesque. C’est fort regrettable, surtout au vu du potentiel de jeu de son actrice principale qui transcende littéralement l’écran. On retrouve ici encore le goût du cinéaste pour les héroïnes charismatiques ; de Jeanne D’Arc à Subway en passant par Léon, Nikita, Le cinquième élément et même dans son portrait d’Aung San Suu Kyi dans The Lady, il se régale à mettre en scène des femmes seules contre l’adversité. Dans Lucy, c’est Scarlett Johansson qui s’y colle avec une intensité de jeu qui va faire de l’ombre à tous ses partenaires. Morgan Freeman n’hérite que d’un rôle secondaire tandis que Choi Min-sik (Old Boy), absolument saisissant dans son rôle de patron de la drogue taïwanaise, n’est pas assez présent à l’écran pour voler la vedette à la belle blonde.

Qualifié de féministe par certains, Lucy semble surtout signer un retour aux sources pour Besson qui tente de faire à nouveau dans le qualitatif plutôt que dans le quantitatif brouillon. Gageons que le prochain saura capter et marier toute sa frénésie à l’écran et la sensibilité croisée dans ses plus grands films. En attendant, vous pouvez apprécier le spectacle sans modération.

Eve BROUSSE

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9
Langues Audio : Audiodescription (pour malvoyants) Dolby Digital 2.0, 5.1
Sous-titres : Francais
Edition : Europa corp vidéo

Bonus:

L'évolution de Lucy
En studio avec Damon Albarn

·       Titre original : Lucy

·       Réalisation : Luc Besson

·       Scénario : Luc Besson

·       Direction artistique : Gilles Boillot, Dominique Moisan, Stéphane Robuchon et Thierry Zemmour

·       Décors : Hugues Tissandier

·       Costumes : Olivier Bériot

·       Photographie : Thierry Arbogast

·       Son : Stéphane Bucher

·       Montage : Julien Rey

·       Musique : Éric Serra

·       Production : Christophe Lambert

·       Sociétés de production : Canal+, Ciné+, EuropaCorp et TF1 Films Production

·       Sociétés de distribution : EuropaCorp Distribution

·       Budget : 40 000 000 de dollars

·       Pays d'origine : France

·       Langue originale : anglais

·       Format : couleur

·       Genre : action

·       Durée : 90 minutes

·       Dates de sortie :

·       États-Unis : 25 juillet 2014

·       France : 6 août 2014

·       Classification :

·       États-Unis : « R-Rated » (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte)