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affiche Loving

Loving

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Un film de Jeff Nichols ,
Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marton Csokas,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h03
États-Unis

En Bref

 Aimer, juste aimer et se construire un coin de paradis où la haine serait bannie. Les rêves se brisent sur les doigts crochus des hommes qui portent le passé en sautoir et des K sur leur cœur. Le moineau ne se mélange pas au rouge-gorge, « C’est la loi de Dieu » est leur slogan. Invoquer la bible et le nom du Seigneur pour porter la haine au fronton des églises. Dans ce pays, Blancs et Noirs ne se mélangent pas, alors se marier est impensable et interdit. Alors, imaginez un moineau tombant amoureux du chant d’un rouge-gorge. Cette histoire banale, universelle de deux êtres qui s’aiment et décident de construire une maison sur les bords de la piste devient un cauchemar. Ils ne souhaitaient que construire un petit paradis comme tous les amoureux, gais comme un rouge-gorge et un moineau.

1958 en Virginie, la loi interdit à un Blanc d’épouser une femme noire et vice-versa. Dans un monde uni, centré sur lui-même, on ne mélange pas les couleurs. Richard et Mildred ne possèdent que leur amour à offrir à Dieu et le Créateur aime les amoureux. Pour vivre pleinement leur amour et ne pas finir en prison pour avoir transgressé la loi, ils quittent l’Etat avec la promesse de ne jamais revenir. Ailleurs, le monde change, les esprits étriqués reculent devant la force d’un peuple qui ne veut plus de cela. Richard et Mildred deviennent les porteurs de la promesse d’un monde où rouge-gorge et moineau s’aimeraient sans que la haine ne trouble leur rêve. Soutenus par les associations des Droits Civiques, ils iront jusqu’à la Cour Suprême. En 1967, elle casse la décision de la Virginie. Désormais, l’arrêt « Loving vs Virginia » symbolise le droit de s’aimer pour tous, sans aucune distinction d’origine. La loi apparaît anticonstitutionnelle, loin de l’esprit de Lincoln et des Pères fondateurs.


C’est dans l’économie des mots et la beauté des images que Jeff Nichols bâtit sa parabole contre la haine. L’espace, toujours présent au sein de ses films, comme dans ceux de son mentor Terrence Malick, devient l’écho du récit. Plus que dans ses autres films, nous remarquons l’influence de la nature, de notre appartenance à un « tout », plus grand. L’amour est le cœur du récit. Il ne déplace pas que les montagnes, il brise les lois qui lui font barrage. Comme d’habitude, la place de la famille, souvent en reconstruction ou face à la violence des évènements, est le cœur du récit. Loving est le moins spectaculaire des films de Nichols. Pas de bruit ni de fureur, juste le vent de la haine se brisant sur un sentiment. Il commence par la promesse de la naissance à venir.

Certains verront dans cette fuite hors de l’Etat un aspect biblique. D’autres, le lien avec le dernier film de Nichols, son incursion réussie dans la fiction avec cet enfant retournant au cœur des étoiles. C’est peut-être bien plus que cela, saisir l’espace naturel, le rien contenant le tout. Une pièce aux bocaux remplis, une sauterelle dans un champ en disent plus long que des mots. Elles parlent de liberté, de bonheur, du foyer où la différence n’a pas sa place. Il choisit la voie de la tempérance pour peu à peu nous emporter dans ce monde où Blancs et Noirs ne peuvent vivre ensemble. Comme si Dieu donnait une couleur au cœur des humains. C’est l’absurdité d’une société se fondant sur du vent pour construire un monde de haine et de violence. C’est dans des dialogues où les mots agissent plus que des actes, comme un torrent pernicieux rongeant la beauté du paysage. C’est un jour une voix qui dit non et a le courage, par amour, d’affronter la tempête. Mildred est plus combative que Richard, un brave homme qui ne demande que le droit d’aimer.

Les saisons marquent leur lutte, comme si la nature, à travers ses multiples couleurs, nous disait combien c’est folie. La dernière partie se joue devant la Cour de Justice. La plaidoirie n’a pas besoin de mots, les images parlent d’elles-mêmes, juste le principal. Le film parle aussi de la douleur du pays abandonné, de l’exilé, de la ville étouffant les gens de la campagne. Ils savent que l’horizon ne se perdra plus dans les ciels d’aurores rouge et sang quand les couleurs s’épousent pour donner le noir de la nuit. Loving nous en dit plus sur le climat d’un monde actuel qui voudrait revenir en arrière et briser le sens de la vie. Ils veulent instaurer la haine comme aux lueurs des premiers foyers du monde, quand le noir faisait peur. L’amour criait dans le vent des montagnes que l’inconnu et la nuit étaient la promesse du renouveau, d’un horizon infini où les « je t’aime » revenaient en écho.

Patrick Van Langhenhoven 

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


  Titre original : Loving

    Réalisation : Jeff Nichols

    Scénario : Jeff Nichols

    Direction artistique : Chad Keith

    Costumes : Erin Benach

    Photographie : Adam Stone

    Montage : Julie Monroe

    Musique : David Wingo

    Production : Nancy Buirski, Sarah Green, Colin Firth, Ged Doherty (en), Marc Turtletaub et Peter Saraf

    Sociétés de production : Big Beach Films et Raindog Films

    Sociétés de distribution : Focus Features (États-Unis)

    Pays d'origine :  États-Unis / Royaume-Uni

    Langue originale : anglais

    Format : couleur - 35 mm - 2,35:1

    Genre : drame

    Durée : 123 minutes

    Dates de sortie : 15 février 2017

        Distribution

    Joel Edgerton (VF : Jérôme Pauwels) (VQ : Louis-Philippe Dandenault) : Richard Loving

    Ruth Negga (VF : Marie Tirmont) (VQ : Kim Jalabert) : Mildred Loving

    Michael Shannon (VQ : Marc-André Bélanger) : Grey Villet

    Nick Kroll (VQ : Adrien Bletton) : Bernie Cohen

    Marton Csokas(VQ : Patrick Chouinard) : Sheriff Brooks

    Bill Camp (VQ : Marc Bellier) : Frank Beazley

    Terri Abney (VQ : Aurélie Morgane) : Garnet

    Jon Bass (VQ : François-Simon Poirier) : Phil Hirschkop

    Sharon Blackwood (VQ : Johanne Garneau) : Lola

    Will Dalton (VQ : Hugolin Chevrette-Landesque) : Virgil

    Chris Greene (VQ : Iannicko N'Doua) : Percy

    David Jensen (VQ : Alain Fournier) : Juge Bazile

    Christopher Mann (VQ : Fayolle Jean) : Theoliver

    Alano Miller (VQ : Martin Desgagné) : Raymond