A Love You
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En Bref
Il faut se méfier de ses potes et des soirées bien arrosées où, entre alcools et la grosse déconne, on finit par perdre le sens des réalités. Quand Manu se réveille avec sur son bras l’adresse d’une belle brune, il n’existe aucun doute, c’est la femme de sa vie, le grand Amour. Il décide son meilleur pote, le brave Fred, d’abord réticent, à se lancer à l’aventure pour deux trois marques de feutre sur le bras. La résistance dure le temps d’un soupir, du souffle du vent par la porte et d’un inconnu bodybuildé sur le canapé, vénère. Ils partent donc bras dessus, bras dessous pour la grande aventure, la quête chantée par Brel. « Tenter, sans force et sans armure, d'atteindre l'inaccessible étoile. Telle est ma quête, suivre l'étoile. Peu m'importent mes chances. Peu m'importe le temps ou ma désespérance.
Et puis lutter toujours sans questions ni repos, se damner pour l'or d'un mot d'amour ! » L’aventure risque de s’achever aux portes de la capitale quand la voiture de Fred rend l’âme, trop fatiguée par cette folie. Manu tient bon et voilà nos héros lancés sur les routes de France et de Navarre pour Avignon. Ils croiseront des fractures d’existence, des gueules perdues comme eux sur la route de l’amour. C’est un camionneur amoureux, un séducteur, des petits vieux, des petits jeunes, une ancienne copine, un curé de la France profonde, un clochard poète. Le voyage prendra un nouvel horizon en tenue d’Adam avec la rencontre de Juliette.
A love You nous fait penser à ces films de potes, de bandes, bricolés sur le bord du cœur entre deux apéros et quelques délires. Entre Projet X, Very bad trip, et surtout Babysitting, il trouve une place légitime de petit nouveau. Le projet de Paul Lefèvre, comme il le dit lui-même, est très écrit mais aussi assez ouvert. Sa rencontre magique avec Antoine Gouy construit ce duo de Pieds nickelés sympathiques confronté à la quête de l’amour. Autour du duo, trio avec Fanny Valette, s’élabore une véritable bande, soucieuse de porter au mieux un premier film. Le réalisateur commence assez fort dans une séquence qui donne le rythme du film qui faiblit à de rares moments, à la fois sa force et sa faiblesse. Les coupures rythmiques et les moments plus posés peuvent gêner le spectateur en quête de toujours plus.
De la même façon, la succession de rencontres improbables peut apparaître comme une suite de sketches. Le camionneur avec son tatouage donnant le titre du film, le curé de campagne, le clochard poète, moment de tendresse sur la fin, enchanteront peut-être plus que le reste. A love You gagne notre cœur par son aspect film de potes, sa sincérité l’emporte sur ses défauts et pas mal d’idées laissent entrevoir un réalisateur en gestation intéressant. Sur le fond, il s’agit bien de la quête de l’amour, avec cette morale, il se trouve sous nos yeux et il n’est nul besoin de chercher ailleurs. Ainsi, toutes ces étapes marquent une façon d’aimer, la rencontre avec l’amour et sa résistance au temps.
Il dévoile toutes ses facettes et finit par livrer son âme. Il joue même de la métaphore comme les lunettes invisibles de Fred qui disparaitront sous les doigts délicats de l’aimée. A Love You ne prétend pas révolutionner la comédie road movie des années 2000, il trouve sa place en misant sur son aspect pêchu et sa sincérité l’emportant sur le reste. Le public de l’Alpe d’Huez a déjà tranché en lui accordant son Prix Spécial du Jury cette année.
Patrick Van Langhenhoven
