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affiche Loin des hommes

Loin des hommes

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Un film de David Oelhoffen ,
Avec Viggo Mortensen, Reda Kateb, Djemel Barek,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h41
France

En Bref

Une petite école perdue au fin fond de l’Atlas, Daru, un instituteur, enseigne à de jeunes bergers venus des montagnes. Le soleil tape dur sur les murs blanchis, les enfants apprennent à manier la langue et regarder le monde autrement, garçons et filles mélangés. C’est une vie frugale comme celle de ces élèves, uniquement perturbée par les éléments naturels et le chant des troupeaux, vie d’ermite, contemplative, solitaire.

Ce bout d’Éden est bousculé par l’arrivée d’un prisonnier, Mohammed, et le grondement montant de la terre, d’un pays en révolte. Daru conduit le jeune homme à travers la solitude de pierre jusqu'à la ville la plus proche. Mohammed, pour l’honneur, tue un de ses cousins pour une vague histoire de grains. En bas, son sort est scellé, le verdict énoncé comme le tonnerre éclatant sur la montagne. Une longue marche attend nos deux parias entre les hommes du village criant vengeance, des colons assoiffés de sang, des rebelles assoiffés de liberté et un pays qui pleure le chant de la guerre qui monte comme un vent sauvage. La route se transforme en initiation, compréhension, chacun apprenant dans ce chemin difficile à se reconnaître et mieux se comprendre. A la fin du voyage, il faudra faire le choix chargé de tout ce que la piste nous aura appris.


David Oelhoffen réussit un western européen, universel par son discours sur la tolérance, l’acceptation de l’autre, la guerre, dans la lignée de La prisonnière du désert (Ford 1956), Little big man (Penn 1970) et plus encore Soldat bleu (Ralph Nelson 1970). L’autre versant c’est la nouvelle de Camus, L’hôte, point de départ qui prolonge le récit de Camus en s’imprégnant de ses idées, L’étranger en particulier. Il tombe à point dans le climat actuel pour nous rappeler les valeurs humanistes et de partage.

Le film joue dans sa mise en scène sur le western, longs paysages à la Ford, jeux sur l’ombre et la lumière, le bien et le mal, cavalier solitaire, le désert aride, la ville et les putains du saloon, etc. Les deux héros évoluent dans ce cadre et finissent malgré eux par nous livrer un message d’amour universel. Au début ils sont juste deux parias, rejetés pour des raisons différentes par leur communauté. Mohammed pour son crime et Daru, qui n’est ni un Français, ni un Algérien, juste un homme. Loin des hommes  est porté par la mise en scène inspirée de David Oelhoffen et le jeu magnifique de Viggo Mortensen, et Reda Kateb, à voir absolument.

Le western c’est aussi l’utilisation du paysage comme une métaphore, un écho à ce que vivent les héros du récit. La nouvelle L’Hôte s’inscrit autour d’une école perdue au cœur de la montagne, avec la sensation de chaleur oppressante comme la mission de l’instituteur. C’est aussi celui du récit de David Oelhoffen, son école ressemble d’ailleurs, à celle de Jacques Ferrandez dans l’adaptation en bande dessinée. Un petit point blanc solitaire perdu dans l’immensité de pierre où le soleil écrase l’individu. Elle renvoie à ce maitre d’école loin des hommes, comme il le dit, mon engagement est d’apprendre à lire à mes élèves. Il s’approche déjà de l’homme universel chanté par Camus et porté par toute une génération. Il n’est ni français, ni algérien juste un humain dans le chant du monde. Comme dans tout western, l’aspect manichéen prend vite des couleurs mitigées, l’ombre vient dessiner d’autres possibilités. Alors que le monde gronde autour de lui, il se pense à l'abri, protégé, hors du temps.

La route devient pour lui un chemin d’apprentissage, de confrontation à ses convictions. Peut-il rester indifférent, sans prendre parti en dehors du conflit ? L’école appartient à notre monde, comme son maître, elle ne peut rester à l’extérieur. Le réalisateur commence où s’achève la nouvelle avec ce prisonnier à convoyer à la gendarmerie la plus proche. Le personnage de Mohamed semble effacé, un paysan inculte, un homme de la terre. Il renvoie au paysage aride de la montagne, hors les sentiers, village abandonné, monde de pierre. C’est la rencontre entre l’homme instruit et celui de la terre, de l’espace,  de l’instinct, où courent les troupeaux. Ces deux-là ne possèdent rien en commun, la route devient le lieu du partage. Le chemin, celui de la transformation, Daru apprend à mieux connaître ce peuple de bergers. Mohamed se transforme au contact de ce dernier.

Il devient enfin un homme accompli. Ils descendent une montagne de façon physique, mais en grimpent une autre de l’intérieur. Le paysage joue donc de l’ombre et de cette lumière que l’on découvre au sommet. Il trace des lignes entre la vie et la mort, la guerre et la paix, l’instinct et la connaissance. Le passage par la grotte marque un point important dans leur parcours initiatique, la route change, leurs convictions sont bousculées. Le paysage devient celui de la plaine, de la ville. C’est ici dans le bordel que Mohamed achève sa mutation en passant par la figure féminine. Elle est peut-être la putain du temple, le lien entre les hommes et les dieux. Elle apporte à cet homme mort la vie, une autre possibilité. Figure souvent peu importante du western, elle représente ici un point de passage pour les deux.

Elle se rapproche plus de l’imaginaire du conte ou du mythe. Comme Zarathoustra, ils sont descendus de la montagne pour voir où en était le monde des hommes. Une fois la quête achevée, ils peuvent retourner sur celle-ci, riches d’une autre vérité. Mohamed et Daru partagent la conscience d’une même spiritualité. Ils appartiennent désormais à une psyché universelle bien plus grande, celle où l’étranger et l’autre, l’hôte, ne forment qu’une seule et même identité.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : aucun
Edition : Pathé Vidéo

Nous regrettons l'absence de Bonus.

Viggo Mortensen :

1- « C'est le premier film que vous faites en tant que coproducteur ? »

« C'est la troisième fois, je souhaitais être coproducteur sur ce film pour protéger et soigner la vision de l'auteur, David Oelhoffen. C'est plus facile de faire ça lorsque l'on est producteur que lorsque l'on est comédien. »

2- « Vous étiez un lecteur de Camus avant le film ? »

« Oui j'ai commencé à lire Camus à l'école. Au début en anglais et puis à l'université je l'ai lu en français car j'apprenais le français dans les années 70. J'ai lu L'étranger, La Peste...
Avant de lire le scénario et de dire oui au réalisateur, j'ai lu les autres livres que je ne connaissais pas encore et j'ai relu certains ouvrages pour me plonger dans l'œuvre de Camus.»

3- « Est-ce que le film a changé votre vision de Camus ? »

« Non il a renforcé l'admiration que j'avais pour lui comme artiste et comme homme. Il n'avait pas peur de se faire des ennemis en conséquence de ses positions. »

4- « Est-ce que vous êtes content de l'esprit donné dans le film ? L'esprit de Camus... »

« Oui, la relation entre les personnages parle de la liberté d'expression, de la relation avec l'autre et de ne pas avoir peur de l'autre, et ça c'est tout à fait « camusien » selon moi. »

5- « C'est en accord avec les idées que vous défendez en tant qu'homme dans vos œuvres ? »

« Oui, j'aimerais être aussi courageux, aussi intelligent que Camus. Je l'admire et évidemment ça m'inspire. Je crois que Camus serait très content s’il avait pu voir que le film Loin des hommes était présenté en Algérie, au festival de Marrakech, prochainement en Israël etc. C'est beau ça, c'est son idée. On a beaucoup parlé de Camus pendant la préparation et le tournage et on continue maintenant. »

6- « Comment arrive-t-on à se fondre autant dans le personnage ? »

« On ne peut pas jouer une idée, on joue la réalité chaque jour et si on a de la chance, on a en face un comédien comme Reda Kateb qui est un bon comédien, intelligent et ça nous aide. Il y a beaucoup de contradictions dans le personnage de Daru et aussi dans le personnage de Mohamed. Je suis d'accord avec Camus lorsqu'il écrit que c'est plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre. J'aime beaucoup le fait qu'il n'y ait pas une réponse toute faite, une solution définitive, c'est le travail du bon réalisateur. C'était pareil avec David Cronenberg, c'est le travail des artistes de soulever des questions. Le spectateur prend son propre chemin par rapport au film. C'est un film qui ne donne pas des solutions aux problèmes du monde mais il peut aider un peu à provoquer une discussion plus ouverte en France sur l'histoire de l'Algérie et la France et sur le travail de l'œuvre de Camus. La position de Camus était difficile pour une partie de la gauche sartrienne. Il n’acceptait pas qu'il avait largement raison lorsqu'il parlait de la guerre d'Algérie ou des idéologies serrées comme celles de l'Union Soviétique. Il s'est trompé de temps en temps mais il essayait d'ouvrir les choses... »

7- « A propos de réalisation, vous avez un projet vous-même ? »

« Oui mais ce n'est pas encore fait. J'espère que ça sera faisable prochainement, je dois trouver l'argent et l'équipe. J'ai le scénario, des gens qui ont montré un certain intérêt. »

8- « Est-ce que le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas ? »

«  Si on parle de s'ouvrir à l'autre pour moi c'est spirituel mais ce n’est pas facile. Si on voit ce film dans des pays comme Israël, la Palestine, la Syrie, l'Irak ça peut provoquer une ouverture, des discussions positives, en tout cas je l'espère. »

9- « Est-ce que votre propre histoire personnelle, celle des voyages, etc. vous aide ? »

« Oui je pense que ça m'aide dans mon travail. Le propre de mon travail est d'essayer de comprendre le point de vue de l'autre, différent de ma pensée et de ma façon de faire les choses. Lorsque l'on est enfant, c'est facile de jouer avec les autres, en tant qu'adulte c'est plus difficile mais mon travail d'acteur m'aide à faire cela. »

10- « Vous avez écrit de la poésie ? »

« Oui je suis éditeur aussi. J'aime aider les autres, c'est une valeur de travail d'équipe, aider l'autre à présenter sa vision du monde. J'apprends beaucoup grâce à ça. J'aime la discipline de la poésie car ça doit être simple, direct et discret à mon avis... Il y a une chose pudique dans la poésie que j'aime beaucoup. On peut trouver de la poésie dans le cinéma, dans la traduction même, on peut tous s'exprimer poétiquement. »

11- « On vous connaît bien en tant qu'acteur mais vous cherchez dans les autres arts à compléter d'autres émotions ? »

« Je pense que la vie est courte et qu’il faut en profiter pour faire beaucoup de choses différentes. Je veux essayer plein de choses pour m'exprimer. »

12- « Il y a une chose importante dans le film, c'est la place de l'école, la place de l'enseignant. C'est une chose qui vous a parlé tout de suite ? Il n'y a que par l'éducation et le savoir que l'on peut sortir de ces différences entre les gens ? »

« Oui c'est intéressant que le personnage soit instituteur. Si l'on pense à Camus, en 1957 lorsqu'il reçoit le Prix Nobel, il a parlé de son instituteur dans son discours, c'est très important pour lui. Dans le film on voit que dans l'école, il existe une connexion spéciale avec les communautés. On sent qu'il y a depuis dix ans une connexion entre Daru et la communauté. C'est pour ça que les colons ne comprennent pas la relation de Daru avec les Berbères. Cela pose des questions sur les origines, sur la vraie France, le patriotisme... on voit aujourd’hui le Front National qui parle de ça constamment, je trouve ça absurde. La France c'est des cultures qui se mélangent, comme dans  tous les autres pays. »

13- « Vous avez appris l'arabe pour le film ? »

« Oui j'ai dû apprendre phonétiquement et puis après, un peu plus. On ne sait jamais, si le réalisateur voulait un peu plus... J'aime le défi de travailler dans la langue de l'histoire, du personnage si c'est possible. »

14- « Daru a un peu l'esprit de la révolution. Il souhaite apporter la liberté par la connaissance, l'émancipation pour les peuples etc. »

« On ne peut pas jouer ça et je ne pense pas que Daru ait conscience de ça, il n'a pas conscience d'être un révolutionnaire. Il essaye juste d'apporter le bien, d'écouter les autres.

 Interview réalisée par Patrick Van Langhenhoven, retranscrite par Sarah Lehu et corrigée par Françoise Poul


David Oelhoffen :

1- « Ce qui a attiré mon attention dans le texte de Camus, c’est le thème de la peine de mort, le dilemme moral autour de la loi. C'était vraiment celui que j'avais identifié comme central dans cette nouvelle et en même temps il y avait cette ambiance de western : des paysages immenses, une école isolée, un endroit où on est très loin de l'autorité. Je me suis dit, c'est drôle le western est d'habitude un endroit où l'autorité est au cœur. Le personnage archétypal du western c'est tout de même le shérif avec son insigne...

Dès le départ, je me suis dit qu'il y avait une possibilité de western européen avec cette histoire. Il pourrait y avoir une confrontation entre les différentes formes de loi, etc. Il y avait tous ces thèmes dans la nouvelle de Camus. L'endroit où il y a plusieurs lois qui s'appliquent c'est le fruit de la colonisation, c'est le cas aux USA et en Afrique également. »

2- « Pourquoi ce titre, Loin des hommes ?  »

« Le titre original de la nouvelle de Camus est « L'hôte » c'est un très beau titre parce que ça s'applique à l'un comme à l'autre. C'est une des particularités de la langue française, le « hôte » s'applique à l'invité autant qu'à celui qui invite. Ce que j'aime bien dans mon titre, c'est que ça s'applique également aux deux. Au départ cela s'applique à Daru qui décide de vivre de façon autarcique, de s’isoler de la violence de la Seconde Guerre mondiale, mais il est rattrapé par sa rencontre avec Mohammed. Ensuite le titre s'applique également à Mohammed qui doit vivre loin des hommes pour se protéger. Ce que j'aime bien, c'est le titre ambivalent, il passe de l'un à l'autre tout le temps. »

 3- « Vous êtes réellement imprégné de l'œuvre de Camus. Votre film débute là où la nouvelle se termine, mais il est complètement dans l'esprit de Camus. Comment est née cette rencontre avec cet auteur ? »

«  J'avais lu Camus, mais pas cette nouvelle. J'aime beaucoup Camus et lorsque j'ai lu cette nouvelle, j'ai eu une sorte d'intuition que ça pourrait être un western. Il raconterait bien cette histoire camusienne. Je me suis posé des problèmes d'adaptation de cinéaste, et je me suis rendu compte que chaque choix que j'aillais faire devait correspondre à  cet esprit. Je devais aussi savoir comment retranscrire ce dilemme moral, en faire un conflit extérieur et faire en sorte que cet inconfort moral se traduise à l'image par des scènes violentes.  Le contexte politique, la guerre d'Algérie,  aide effectivement à mettre les personnages dans des situations chaotiques et conflictuelles.

Dans le filmage de la nature, l'idée était de montrer que les personnages paraissent tout petits dans cette nature. Elle est écrasante et elle rend humble. »

4- « Ils ont des grands questionnements dans cette nature, comme ils sont tout petits dedans... »

« Oui, en fait cette nature immense et âpre oblige les personnages à s'en sortir seuls ou à compter sur l'autre. Ils ne peuvent pas se préfigurer dans leur communauté, l'un comme l'autre sont des parias et ils ne peuvent pas non plus se réfugier dans la nature puisqu'elle est hostile. Si on le dit de façon un peu abstraite, ils ne peuvent trouver refuge que dans des valeurs, dans l'entraide et dans la fraternité. L'homme dans cette nature est face à lui-même. Il y avait un deuxième intérêt à montrer cette nature énorme et hostile. C'est une façon de renforcer l'absurdité de la guerre qui se prépare. Des hommes se préparent à se battre pour une nature qui ne donne rien aux gens qui y vivent. Cette  notion d'absurde est également très camusienne.

Je pense que le film parle de fraternité : il montre à quel point il est difficile d'être fraternel et de trouver quelqu'un au milieu du chemin.

Au début du film, Daru méprise Mohammed car il ne le comprend pas. Il ne le respecte pas et ne comprend pas ses choix. A partir du moment où il comprend la morale et la logique de Mohammed, il se met à le respecter, c’est le début du chemin qu'ils font ensemble. Je pense que le film parle de ça, au moment où Daru comprend la logique de Mohammed, leur relation s'enclenche. La fraternité ne veut pas dire qu'on épouse les valeurs de l'autre ! C'est en ce sens que le film est politique. On comprend l'autre, mais on n'épouse pas forcément ses valeurs.

Daru possède une attitude humaniste, contrairement aux comportements des gendarmes qui ont une forme de racisme. Daru n'a pas ce mépris colonial. Il méprise Mohammed, mais le traite bien.

Pour moi, Daru est un homme qui trouve l'équilibre en vivant en autarcie et au départ Mohammed l'emmerde, car il ne le comprend pas et qu'il dérange son quotidien. 

C'est pour ça que cette scène au milieu du film où il comprend pourquoi Mohammed a tué son cousin est importante. A partir du moment où tu ne comprends pas quelqu'un, tous les discours de peur peuvent fonctionner. Ils font tout un chemin ensemble et ce chemin est symbolisé par le passage d'un plan large à un gros plan sur le visage de Reda Kateb où on est du point de vue de Daru qui regarde Mohammed comme un homme. »

5- « Vous aimez bien chercher des choses dans le regard ? »

« Oui, surtout que ce ne sont pas des personnages bavards, ce ne sont pas des intellectuels et ils sont misanthropes. C'e sont des hommes qui ne parlent pas volontiers. Il y a peu de dialogues et tout le travail fait avec les comédiens pendant la préparation a consisté à en enlever le plus possible, et à les remplacer par des gestes et des regards. On avait envie d'aller vers l'économie de mots par l'épure. »

 6- « Vous jouez beaucoup sur les ombres... »

« Oui j'aime beaucoup cela, ça fait très western également. »

 7- « Votre film est basé sur le vivre ensemble. »

« Oui, s’il y avait une connexion de ce film avec le politique ça serait ça. Ce ne serait pas sur la guerre d'Algérie par contre, je pense qu'un film a vocation à poser des questions et je pense l'avoir fait avec ces deux personnages purs qui tentent de se rencontrer. Je pense que le film n'est pas naïf, il montre que ce n'est pas facile, mais que c'est indispensable et possible. Il faut, dans tous les pays qui vivent dans le chaos, continuer à avoir une approche humaniste, comme Daru. »

 8- « Comment vous est venu cette scène du dépucelage qui dénote un peu par rapport au reste du film ? »

« Pour moi cette scène n'est pas incongrue, car c'est un fait historique, il y avait beaucoup de bordels en Algérie. La France coloniale parsemait ses colonies de bordels...

Ce qui m'intéressait dans cette scène c’est que l'on pense qu’elle va être au service de Mohammed puisque Daru fait tout pour lui donner goût à la vie. On pense que Mohammed est le bénéficiaire, mais en faisant cela, on se rend compte que Daru est hors de la vie depuis dix ans. Il vit de façon complètement fermée depuis la mort de sa femme. Il s'est arrêté de vivre, et cette scène de sexe rend compte de ça. Elle montre l'absence des femmes dans la vie de ces deux hommes. Ils vivent sans femmes et cela les fait souffrir. »

 Interview réalisée par Patrick Van Langhenhoven, retranscrite par Sarah Lehu et corrigée par Frédérique Dogué.

•            Titre : Loin des hommes

             •            Titre international : Far from Men

            •            Réalisation : David Oelhoffen

            •            Scénario : David Oelhoffen, d'après la nouvelle L'Hôte d'Albert Camus

            •            Photographie : Guillaume Deffontaines

            •            Montage : Juliette Welfling

            •            Musique : Nick Cave et Warren Ellis

            •            Production : Marc du Pontavice, Matthew Gledhill

            •            Sociétés de production : Kaléo Films, One World Films et Perceval Pictures

            •            Sociétés de distribution : Pathé

            •            Pays d’origine : France

            •            Langue : français, arabe

            •            Durée : 110 minutes

            •            Genre : Drame

            •           

            •            Distribution

            •            Viggo Mortensen : Daru

            •            Reda Kateb : Mohamed

Distinctions Sélections et Prix

             •            Festival du film de Londres 2014 : sélection « Journey »

            •            Festival international du film de Toronto 2014 : sélection « Special Presentations »

            •            Festival international du film de Venise 2014 : sélection officielle, prix SIGNIS meilleur film Venise 71, prix Arca Cinema Giovani meilleur film, prix Interfilm

            •            Festival du film de la Reunion : Orchidée d'Or du meilleur film

            •            Festival du film de Sarlat 2014 : Prix d'interprétation masculine pour Viggo Mortensen