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affiche Lion

Lion

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Un film de Garth Davis ,
Avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman,

Genre : Biographique
Durée : 1h58
Australie

En Bref

Saroo s’endort sur la banquette d’un train en attendant son grand frère. Il ignore qu’il vient de sceller son destin, que les dieux ont décidé d’une autre route pour ce petit bonhomme de cinq ans. Le sommeil léger, il rêve peut-être de la rivière près du barrage et de sa mère qui l’appelle. Il se retrouve à plus de mille kilomètres, au cœur de la ville de Calcutta. Perdu dans la foule, elle l’entraine et l’éloigne comme un torrent humain, loin de sa famille. Il se perd au cœur de la ville, petit corps fragile, à la merci de tout. Fuir les dangers de la cité, garder en son cœur les rêves d’hier pour ne pas se laisser emporter par la colère des dieux.

Saroo se retrouve, comme tous les enfants oubliés des rues, au cœur d’un asile qui ressemble à une prison. Ceux que l’on accueille sont aussi une part de souffrance et de désespoir. À quoi bon fuir tous les dangers si c’est pour tomber de Charybde en Scylla ? Quelque part, un petit dieu veille sur son âme et le voilà en route pour l’Australie où un couple souhaite l’adopter pour lui offrir une nouvelle vie. Il sera bientôt rejoint par un autre enfant oublié qu’aucun Peter Pan ne vient sauver. Peu à peu, il se construit un nouvel avenir avec, enfoui au fond de l’âme, de vieilles images d’un pays perdu.

Il faut danser au vent de la vie pour rependre pied dans le présent. Il faudra ailleurs trouver sa place dans un monde étrange où Kali veille peut-être dans l’odeur des saisons nouvelles. Il faudra bâtir d’autres habitudes pour retrouver son chemin perdu. Un jour, en plein de cœur de l’amour, de vieilles images ressurgissent du passé. Elles sont un appel pour retrouver la mère des origines. Commence pour Saroo une quête qui s’achèvera dans les bras de celle qui l’a mis au monde et perdu, mais jamais oublié. Il devra se battre comme un lion pour retrouver le chemin de la maison.


Nous passerons sur la promo intelligente qui nous vend un film extraordinaire qui bouscule le genre. Pour son premier film, Garth Davis réussit à nous entrainer dans une histoire vraie avec ses temps forts et ses faiblesses qui passent, noyées par la force du récit. La première partie avec le petit Sunny Pawar  semble plus inspirée que la seconde, en Australie, assez classique. Dans le début du récit, nous suivons ce petit garçon perdu dans un monde qui, à tout moment, comme la baleine de Jonas, peut l’avaler et le broyer. Saroo doit trouver son chemin dans un monde qui ne l’épargne pas, où chaque pas est un piège. La séquence du quai de gare où le petit bout de chou est balloté comme un fétu de paille pris par le torrent devient significative. Elle résume ce qui suit dans les rues, les couloirs sombres où poser son carton, dans les carcasses de béton la voie n’existe peut-être pas. On croise de tout, des enfants abandonnés jetés dans le maelström du vent, du tonnerre où la survie conduit à tout.

Une jeune femme sympathique, peut-être une sorcière cachée qui dévore les enfants. La lumière artificielle ou le ciel gris, les plans éloignés offrent souvent au récit cette image d’un rien perdu dans l’immensité du monde. La seconde partie marque un autre territoire, celui de la reconstruction, de la quête d’une autre vie. Le bonheur s’installe, même s’il n’est pas pour tous. Ils deviennent deux enfants adoptés par choix pour les enlever aux larmes du néant. Il y a Saroo, le bon fils et Mantosh, le mauvais fils brisé. C’est deux façons de se reconstruire dans un pays que l’on ne connaît pas. Les plans se resserrent sur les visages, la lumière du jour, l’espace devient celui de l’océan des origines peut-être où tout recommence dans le principe de la roue du Karma. Saroo trouve même l’amour et c’est lui qui révèle les odeurs, les images enfouies au fond de l’âme. La dernière partie, celle de la quête, est assez classique, une carte au mur, des épingles, des gares et le hasard.

Le film s’achève sur les retrouvailles. La vie peut reprendre son chemin, la roue du Karma de nouveau tourner et Kali danser avec Ganesha dans la lumière de Vishnou. Le spectateur aura tout au long du parcours frémi comme il se doit, pleuré parfois, espéré et enfin heureux, pensé à sa mère ailleurs ou près de lui. Car tout à coup, l’éveil secouera son esprit, tout ce film ne parle pas d’enfant perdu, mais de la mère. C’est quoi une mère, c’est qui ? Celle qui vous donne la vie ou celle qui, chaque jour, suit vos pas, vous cajole quand vous souffrez, vous pardonne tout. Alors les espaces vides du récit prendront toute leur signification, c’est une autre histoire. Celle de Mantosh par exemple ou du père que l’on voit peut. La figure centrale est bien celle de la mère. Pour preuve, la seule statue que l’on verra est celle de Kali. C’est la déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. C’est une forme terrifiante de Pārvatī, représentant le pouvoir destructeur du temps. Son nom dérive du mot kāla, le temps en sanskrit, celui qui détruit toute chose. Il faudra lutter contre le temps qui efface tout, éviter la destruction et la transformation de son âme pour préserver son origine.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Titre original : Lion

    Réalisation : Garth Davis

    Scénario : Luke Davies

    Pays d'origine : Drapeau de l'Australie Australie / Drapeau des États-Unis États-Unis / Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni

    Genre : Drame

    Durée : 129 minutes

Distribution

     Dev Patel (VF : Juan Llorca ; VQ : Jean-Philippe Baril-Guérard) : Saroo Brierley

    Sunny Pawar  : Saroo Brierley jeune

    Rooney Mara (VQ : Pascale Montreuil) : Lucy

    David Wenham (VQ : Gilbert Lachance) : John Brierley

    Nicole Kidman (VF : Danièle Douet ; VQ : Anne Bédard) : Sue Brierley