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affiche Les Suffragettes

Les Suffragettes

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Un film de Sarah Gavron ,
Avec Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep,

Genre : Historique
Durée : 1h46
États-Unis

En Bref

Début du XXe siècle à Londres, les femmes subissent la loi de leur mari, opprimées, humiliées par une société patriarcale réactionnaire. Elles rêvent d’égalité et de liberté. Elles se soulèvent pour demander le droit de vote. La lutte se fait d’abord avec les armes de la non-violence, tracts, manifestations pacifiques et banderoles dressées sous les fenêtres des députés. Emprisonnées, brimées, elles sont menées par Emmeline Pankhurst, porte-étendard de la lutte, dédaignant de plier à la loi des pères et maris. Maud Watts n’est qu’une petite ouvrière dans une blanchisserie. Elle sait que sa vie ne vaut pas grand-chose, qu’elle ne changera jamais. Le vent de la révolte se lève, les femmes refusent de plier. Elles redressent la tête pour réclamer le droit de vote. Maud se lance dans l’affrontement, de plus en plus radicale.

Elle perd son travail, son mari et son fils, sacrifiant au mouvement une prison pour une liberté chère à payer. Chassée de son travail, clandestine, elle connaît la prison, la ferveur des camarades unies, l’appartenance à un vent qui se lève, annonçant un monde nouveau. La parole, les tracts, les banderoles ne suffisent plus, elles basculent dans un combat plus violent. Il risque de les entrainer sur une voie qu’elles ne pourront plus abandonner, prisonnières de nouveau de leur idéal. Maud et ses amies décident d’une dernière action, le jour du derby du roi George V. Elles montreront au monde qui les ignore que leur cause est juste, mais à quel prix ?


« Si vous voulez que nous respections les lois, les lois doivent être respectables» et « Les lois sont faites par les hommes pour des hommes, laissez aux femmes le droit de faire leurs propres lois ».

Dans ce XXe siècle qui voit poindre les idéologies nouvelles, socialisme, communisme, et autres « ismes », les femmes ne sont pas en reste. Elles secouent le carcan d’une société patriarcale où le mari possède tous les droits. Elles n’avaient pas de compte bancaire personnel, ne pouvaient signer des chèques, n’avaient pas la garde des enfants. Elles étaient à la  merci de leur patron, contremaitre souvent ; ils profitaient de la situation et d’un travail pénible payé une misère pour abuser de leur pouvoir. Le soir, de retour au foyer, elles subissaient la loi de leur mari. La société matriarcale des origines, du premier singe debout avait basculé un jour dans le carcan patriarcal. Elles n’obtiendront qu’en partie le droit de vote après la Première Guerre mondiale.

Le nom de suffragettes leur vient de la presse pour moquer leur mouvement en faveur du suffrage pour les femmes. Sarah Gavron et Abi Morgan plongent dans les journaux intimes, les mémoires inédits de ces femmes, dans les dossiers de la police et dans les textes universitaires pour construire la trame du récit. Sarah Gavron,  après Rendez-vous à Brick Lane aborde de nouveau un sujet sur la liberté des femmes en remontant dans le temps. Dans une mise en scène sobre à la reconstitution soignée, elle suit le parcours d’une de ces nombreuses anonymes rejoignant la lutte. Le but est de transposer à l’écran un combat viscéral plein d’énergie en se concentrant sur un personnage. Ce choix l’éloigne du contexte général et des rôles secondaires devenant des faire valoir.

C’est dommage, tout le contexte social à la Dickens est survolé, la blanchisserie où travaille Maud, tout comme la grande histoire. Maud phagocyte le récit et lui enlève de son ampleur. Il aurait été intéressant de développer les barrières de classe qui tombent, réunissant bourgeoises, ladies, et les classes pauvres au nom de la lutte. Les deux personnages masculins, le mari convaincu du bien-fondé de la lutte et surtout le commissaire Brendan Gleeson qui les traque méritaient plus de relief. La réalisatrice nous montre le cheminement de l’injustice conduisant à la radicalisation, aboutissant à la lutte extrême. Toutes ces thématiques gagneraient à être approfondies pour renforcer la narration. Le choix de ce minimalisme réduit l’impact de la dernière séquence et la notion de sacrifice.

Les suffragettes auraient mérité la forme d’un film choral. Elle réduit le jeu des acteurs en le braquant sur un seul point de vue. Le film apparaît trop sage, il manque d’envolées lyriques et d’une héroïne moins soumise. Downton Abbey, la série au multiple succès, nous saisit plus au corps sur cette libération féminine. Le film ne trouve pas son lyrisme, oscillant entre le cinéma classique et un traitement social à l’anglaise, façon Ken Loach. Sarah Gavron nous offre malgré tout un film maitrisé et intéressant par son sujet. Dans nos sociétés occidentales, la femme est aujourd’hui presque l’égale de l’homme. Il reste encore dans le monde des combats à mener pour les suffragettes du Troisième millénaire.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Anglais, Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Pathé Vidéo

Bonus

Making of

  • Interviews des acteurs

  Titre : Les Suffragettes

    Titre original : Suffragette

    Réalisation : Sarah Gavron

    Scénario : Abi Morgan

    Photographie : Eduard Grau

    Montage : Barney Pilling

    Musique : Alexandre Desplat

    Sociétés de production : Ruby Film – Pathé – Film4

    Société de distribution : Focus Features (États-Unis)

    Pays d’origine : Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni

    Langue : anglais

    Format : couleur

    Genre : Drame

    Durée : 106 minutes

    Dates de sortie :  18 novembre 2015

Distribution

    Meryl Streep (VF : Frédérique Tirmont) : Emmeline Pankhurst1

    Helena Bonham Carter (VF : Laurence Breheret) : Edith New2

    Carey Mulligan (VF : Élisabeth Ventura) : Maud3

    Ben Whishaw (VF : Jean-Christophe Dollé) : Sonny Watts4

    Brendan Gleeson (VF : Patrick Béthune) : Steed4

    Romola Garai (VF : Maïa Michaud) : Alice4

    Anne-Marie Duff (VF : Marie-Laure Dougnac) : Violet Cambridge4

    Samuel West (VF : Patrick Mancini) : Benedict Haughton4