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affiche Les Malheurs de Sophie

Les Malheurs de Sophie

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Un film de Christophe Honoré ,
Avec Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani, Muriel Robin,

Genre : Comédie
Durée : 1h46
France

En Bref

L’histoire se situe en 1858, à l’ère napoléonienne, dans un grand château normand. La petite Sophie découvre le monde par le biais des bêtises, nombreuses, provocantes et parfois tumultueuses. C’est souvent le cousin Paul qui en fait les frais ou les petites filles modèles de Madame de Fleurville. Du rire aux larmes, elle étale ses mille turpitudes et expériences du monde. Des poissons coupés en morceaux pour en comprendre l’anatomie, un thé désagréable pour rendre service à son groupe d’amis, une pauvre poupée relookée, un hérisson, un écureuil, les domestiques, nul n’est épargné. Madame de Réan, sa mère, la gronde, la punit comme il se doit, mais plie sous le charme de Sophie.

N’y voyez point malice ou maléfices, c’est sa façon d’appréhender, décortiquer le monde qui l’entoure. Le tout part toujours d’un bon sentiment, mais finit souvent par des cris, la douleur, et moult punitions. Un beau jour toute la maisonnée part pour l’Amérique où le père de Sophie a fait fortune et héritage. Hélas, la tempête brise le navire comme un fétu de paille et laisse une Sophie sans maman. Son père se remarie avec Madame Fichini, une belle-mère moins compréhensive et maniant le fouet avec sévérité. Elle revient au château de Réan après le décès de son père, sous la coupe de sa marâtre. La pauvre enfant subit le mauvais sort tout en continuant ses bêtises. Heureusement, dans son malheur, madame de Fleurville plus compréhensive, la recueille dans sa maisonnée. Elle soulage Madame de Fichini partie à la découverte de l’Italie et évite la peine et le fouet à une petite fille qui ne fait que se confronter au monde.


C’est une belle adaptation des romans de la Comtesse de Ségur dans laquelle certains voient une autobiographie de ses jeunes années. La jeune Sophie nait à la même date qu’elle, étrange coïncidence non ? Une chose est sure, elle s’inspire de la réalité pour construire son livre.  Christophe Honoré aime le sentiment amoureux et les rapports familiaux que l’on retrouve dans tous ses films y compris celui-ci. Il choisit un texte plus léger après Ovide et ses Métamorphoses, réunissant Les malheurs de Sophie et Les petites filles modèles pour explorer le jeu des sentiments et la découverte de la vie. Il arrive après Jacqueline Audry en 1945 et le téléfilm de Jean Claude Brialy en 1979. On sent le romancier pour la jeunesse, autre facette de Christophe Honoré, plusieurs livres à son actif. Il saisit l’âme du roman, lui reste fidèle tout en imprimant son style.

La première partie, plus joyeuse, est un florilège de bêtises qui pourrait apparaître comme un catalogue de tout ce que ces petits diables nous font subir. La réalisation est vive, solaire, comme les écarts de Sophie, entre le jardin et les pièces où elle utilise souvent le gros plan cadencé et l’animation pour les pauvres bestioles. Jolie trouvaille dans le style de l’illustration jeunesse, les petits hérissons, l’écureuil, enchanteront petits et grands. La deuxième partie, légèrement plus sombre, est marquée par une ouverture sous forme d’un tableau s’animant pour évoquer le naufrage. Comme dans la majorité des films de Christophe Honoré ou le cinéma pour enfants, nous retrouvons de jolies chansons égrenant le récit avec un final ramenant la joie et le bonheur. C’est un récit contrasté, ambivalent, passant du bonheur au malheur, de la joie à la peine, ode à la transgression et à la liberté. Si l’on regarde plus à fond, le catalogue de bêtises devient une appréhension du monde, les premier pas pour comprendre la vie.

À chaque fois, c’est une découverte, une exploration pour Sophie qui apprend de celles-ci et progresse dans l’existence. Certes, ce n’est pas forcément la bonne manière ni un encouragement pour nos jolies têtes blondes. N’oublions pas qu’elle n’a que trois ans, ceci expliquant cela. À un autre âge, l’approche serait différente. Sophie est aussi un réquisitoire pour la liberté, le roman prend tout à coup une autre couleur et touche le public adulte. Il renvoie aux autres personnages des films de Christophe Honoré. N’ont-ils pas tous un peu de Sophie en eux ? La jeune Sophie, Caroline Grant, est parfaite dans le rôle, accompagnée des trois autres sacripants. Ils trouvent le ton juste pour incarner des figures incontournables de la littérature jeunesse. Anaïs Moustier, Golshifteh Farahani, deux mères compréhensives, complètent le tableau,  remplaçant les figures de notre imaginaire de jeune lecteur. Muriel Robin est excellente en Madame de Fichini, nous nous demandons comment le cinéma oublie une actrice de ce niveau et ne l’utilise pas plus souvent. Les malheurs de Sophie pourraient marquer un nouveau pas dans le cinéma pour la jeunesse, à ne pas louper.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Edition :


Titre : Les Malheurs de Sophie

    •       Réalisation : Christophe Honoré

    •       Scénario : Christophe Honoré et Gilles Taurand d'après la Comtesse de Ségur

    •       Musique originale : Alex Beaupain

    •       Image : André Chemetoff

    •       Son : Guillaume Le Braz

    •       Décor : Florian Sanson

    •       Costume : Pascaline Chavanne

    •       Montage : Chantal Hymans

    •       Première assistante : Julie Gouet

    •       Animation : Benjamin Renner

    •       Accessoires : Benoît Herlin

    •       Direction de production : Nicolas Leclère

    •       Production : Philippe Martin et David Thion

    •       Société de production : Les Films Pelléas

    •       Société de distribution : Gaumont

    •       Budget :  millions d'euros

    •       Pays :  France

    •       Date de sortie : 20 avril 2016

    •       Date de sortie DVD :

Distribution

    •       Anaïs Demoustier : Mme de Fleurville

    •       Golshifteh Farahani : Mme de Réan

    •       Muriel Robin : Mme Fichini

    •       Caroline Grant : Sophie de Réan

    •       Céleste Carrale : Camille de Fleurville

    •       Justine Morin : Madeleine de Fleurville

    •       Aélys Le Nevé : Marguerite de Rosbourg

    •       Tristan Farge : Paul d'Aubert

    •       Marlène Saldana : Mme de Rosbourg

    •       Jean-Charles Clichet : Baptistin

    •       Laetitia Dosch : Noémie

    •       David Prat : Joseph

    •       Elsa Lepoivre : Mme d'Auber

    •       Michel Fau : le Père Huc