Les gens du monde

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Un film de Yves Jeuland ,
Avec Didier Pourquery, Abel Mestre, Thomas Wieder,

Genre : Documentaire
Durée : 1h22
France

En Bref

Il vous accompagne peut-être le matin avec le petit noir sur le zinc d’un bistrot ou paresseusement dans un canapé moelleux à l’heure de la pause, voilà aujourd’hui l’occasion de découvrir les secrets de fabrication d’un mythe français, Le Monde.

A l’heure où la presse traverse une zone de turbulences, on se sent loin de ce 18 décembre 1944, jour de la naissance d’un fleuron du journalisme, porté sur les fonts baptismaux par Hubert Beuve-Méry sous l’œil bienveillant du Général de Gaulle.

Le film ne s’attarde pas sur l’historique ou sur les différents rachats et aventures financières, grands groupes, filiales et autres montages complexes qui ont (ou pas) une influence sur son contenu. En revanche, nous assistons à de nombreux débats sur le titre de la Une, sur le choix d’un édito, la pertinence d’apporter un soutien officiel à un candidat lors d’une campagne électorale, autant de choses qui passionnent les journalistes, et sont de véritables enjeux pour ceux qui s’investissent professionnellement et émotionnellement dans l’existence de ce quotidien. A travers les interrogations et les discussions, on parvient à distinguer ce qui différencie ce journal de « centre gauche », au sein duquel même les libéraux peuvent trouver leur place, d’autres publications comme Le Figaro, Libé ou Le Parisien.

Aujourd’hui les ventes papier chutent vertigineusement, et il faut de toute urgence trouver une articulation avec le modèle numérique, ce qui fait dire aux anciens qu’on ne peut pas être sur le pont 25 heures sur 24 sous peine d’épuisement intellectuel, tandis que les plus jeunes confessent qu’aucun de leurs copains n’ouvre un journal mais consulte le web.

Nous voyons comment, à l’occasion de l’AVC de Michel Rocard, la nécro se prépare en coulisse, « au cas où », comment on remet sans cesse sur le métier son article, à la recherche du mot juste, comment aussi, l’humour souvent teinté de noir accompagne le traitement de l’actualité.

Dans la concurrence et la course au tout-info, il est assez savoureux de voir François Hollande en déplacement « au contact du peuple » tellement encerclé par les cameramen, photographes et personnels des différents media qu’il n’y a aucune chance qu’un simple passant puisse l’aborder ! Et en province, le cri récurrent des pros est ; « Arrrrgh ! Y a pas de réseau ! ».

Nous avions pu déjà il n’y a pas si longtemps, nous promener une journée entière dans la grande Maison Ronde, au sein de France Inter, là encore, c’est une invitation stimulante que nous tend Yves Jeuland, avec une caméra efficace, et un casting que les drogués des news connaissent bien.

Françoise Poul