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affiche Les Garçons et Guillaume à table

Les Garçons et Guillaume à table

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Un film de Guillaume Gallienne ,
Avec Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian ,

Genre : Comédie
Durée : 1h25
France

En Bref

L’acteur se concentre devant le miroir, la caméra balaie le cadre, s’arrête sur les photos, un acteur de No jouant une femme, des danseuses, des autographes. Le maquillage s’efface, le masque tombe, nous sommes prêts pour le jeu de la vérité, sans fard. Le pied glisse sur le parquet du théâtre, l’éventail claque, commence une ode à la mère, l’histoire d’une adoration commune entre elle et Guillaume, son fils. Pendant longtemps, elle le pense fille. Guillaume, cela l’arrange, face à ses deux frères très sportifs et son père plus viril. Il ne lui reste que ce malentendu pour attirer  son attention. Pendant plus d’une heure, entre la réalité et le jeu de l’acteur, nous découvrons une déclaration d’amour aux femmes et à la première d’entre elles, la mère. Tout le monde le pense homosexuel, il se pense fille, du bout de l’âme.

L’une des tantes possède peut-être la solution. « Lorsque tu tomberas amoureux, si c’est un garçon, t’es homo, si c’est une fille, t’es hétéro. » Guillaume ira jusqu’au bout de l’impasse pour connaître la vérité. Le portrait n’est pas à charge ni pour ce petit Guillaume qui se cherche, à travers la feria espagnole où déjà les gestes féminins amusent les hidalgos ou la mère, bourgeoise stricte. L’Angleterre et ses pensions n’arrangeront rien, imiter les autres filles de la famille, la grand-mère, les tantes non plus. Et un jour, chez une amie, une phrase change tout : « Les garçons et Guillaumes à table ! » C’est ici après de nombreux psy, avec juste un regard, une présence que tout s’éclaire… 

Ces derniers temps, la comédie française se porte bien, elle nous propose  des perles d’humour, sensibles et nuancées. Après 9 mois ferme, Quai d’Orsay, c’est au tour de Guillaume Gallienne d’adapter son spectacle dans une mise en scène riche et originale. C’est avant tout un hommage aux femmes et leur souffle. Cette respiration intime, infime, qui les différencie. En cherchant une réponse à cette question, suis-je une fille. Guillaume, entre l’Espagne d’Almodovar, l’Angleterre de James Ivory ou une scène autrichienne plus virile, examine les deux faces de l’homo erectus.

Il choisit une première séquence où le comédien tombe le masque et se met à nu pour entrer en scène. Tout part d’un malentendu, accepté par la mère et le fils. Guillaume est-il une fille ? Il explore, dans sa quête, les méandres de ce qui constitue la femme et l’homme. Une fois le rideau ouvert, c’est bien dans le labyrinthe du spectacle que nous entrons. Le spectateur au début accepte le jeu et finit par s’y perdre. Qui est qui ? Qui joue qui ? Nous ne le saurons qu’au dernier acte. Les garçons et Guillaume à table se révèle un film plus riche que nous le pensions, chacun y trouvera son bonheur.


Toute la quête consiste à découvrir qui je suis, une fille ou un garçon. Dès la première scène en Espagne où il danse la feria comme une fille, tout en étant un garçon, cette ambiguïté du jeu des sexes est donnée. En Angleterre, il découvre qu’elles sont différentes, mais cela ne le dissuade pas de ne pas en être une. Le film décline de nombreuses expériences jusque dans les boites homosexuelles pour trouver son identité. Nous ne savons plus où se trouve le jeu de l’acteur. Il se croit fille ou  joue avec pour préserver un lien avec sa mère. Derrière cette première quête apparaît une autre piste, celle de l’acteur et du jeu, comme le dirait Bourdieu. L’ouverture annonce la naissance de l’acteur, l’acte du jeu. Les situations poussent aux rires, la mise en scène s’appuie sur la scène comme porte d’entrée sur la réalité.

 C’est parfois la réalité comme dans la séquence sur Sissi qui devient théâtre et finit par brouiller les pistes. A la fin, la vie devient une scène et la scène, avec ce film, se transforme en une fiction, flirtant avec la vie. C’est avec malice et délice qu’il a la bonne idée d’endosser les deux rôles, celui  de la mère et le sien. Il brouille ainsi un peu plus les pistes, mais annonce clairement la naissance de l’acteur. Comme il nous le dit dans l’interview, c’est comme la poule et l’œuf. Les références aux cinéastes comme Pedro Almodovar, James Ivory ou le cinéma plus viril James Bond avec la thalasso autrichienne. C’est aussi un film sur la grande bourgeoisie, que nous découvrons plus fantasque que la caricature que nous en avons.

 Puis le rire touche à quelque chose de plus juste, le souffle des femmes. Elles inspirent la vie aux sens propre comme au figuré alors que nous faisons l’inverse. Dans la dernière partie, le voile se déchire et la vérité apparaît, la mère prend le visage d’une comédienne. Il possède sa réponse, le jeu peut se dérouler désormais sur une autre scène et chacun reprendre son rôle, tomber le masque. L’errance, la quête deviennent spectacle et comme le dit Guillaume : « Ma mère à peur que j’aime une autre femme qu’elle ». C’est le propre de toutes les mères, vouloir nous garder petit garçon au creux de leurs jupes. Pour que la porte s’ouvre, il faudra vaincre sa peur, celle qui annihile tout. Alors, ils sauront la vérité : « Elle sait que je suis un garçon, même si nous avons prétendu le contraire tous les deux, parce que ça nous arrangeait bien. »

Patrick Van Langhenhoven

Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Langues Audio : Audiodescription (pour malvoyants) Français Dolby Digital 5.1, 2.0
Sous-titres : Anglais
Edition : Gaumont vidéo

Bonus:

"De la scène à l'écran" : documentaire de Patrick Fabre, retour sur les origines du film grâce aux interviews de Guillaume Gallienne, Olivier Meyer (directeur du Théâtre de l'Ouest Parisien, producteur de la pièce) et Claude Mathieu (metteuse en scène de la pièce, conseillère et collaboratrice artistique du film) (40')