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affiche Les Cowboys

Les Cowboys

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Un film de Thomas Bidegain ,
Avec François Damiens, Finnegan Oldfield, Agathe Dronne,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h45
France

En Bref

Alain et sa famille se retrouvent le week-end avec leurs amis pour se parer des couleurs de l’ouest sauvage. Ils montent à cheval, tirent à la carabine, dansent et chantent le country comme dans les films de John Wayne ou Gary Cooper. Un jour comme les autres, on s’inquiète peu de Kelly, la fille. Elle doit parler des garçons avec ses copines, à seize ans nous perdons un peu le fil de nos enfants. À la nuit tombée, ils redeviennent des citoyens ordinaires. Kelly ne revient pas, impossible de la trouver, ses amies ne l’ont pas vue de la journée. Fugue ou kidnapping ? Alain ne lâche rien, même s’il comprend que quelque chose s’est égaré dans les montagnes du Wyoming. Il remonte la piste, s’accroche, traque la trace, le moindre indice qui le conduit à une vérité qu’il occulte.

Une fois de plus, l’amour emporte nos enfants sur des terres qu’ils ignorent. Kelly suit un jeune musulman radical, les deux ados coupent les ponts avec leurs familles pour un ogre. Ils s’imaginent partir pour une quête pleine de sens, un eldorado au-delà de la frontière en pays indien. Alain ne croit pas un instant que sa petite fille ait fui de son plein gré. La quête devient une obsession, un autre ogre qui le dévore, brise sa famille jusqu’au dernier souffle où il mordra la poussière pour toujours. Kid, le fils, reprend la traque pour la mémoire du père, pour la question sans réponse. Les années passent, le 11 septembre marque un point de rupture et le déferlement des hordes barbares. Il finit par échouer en Afghanistan où sa traque dévoile un début de réponse qu’il n’attendait pas.


Je suis convaincu que le cinéma est le reflet de notre société, il rejoint l’écho des interrogations profondes ou secrètement collectives. Il peut être rattrapé par l’actualité  ou la devancer parfois comme Philippe Faucon avec La désintégration. Enfin, dans un moment difficile comme celui que nous vivons, il devient une piste, une partie des réponses. Les Cowboys n’aborde pas les attentats de front. La traque du Kid change avec le 11 septembre qu’il découvre avec effarement sur les écrans télé. C’est d’abord la quête d’un père fou d’amour pour sa fille qui ne lâche rien. La famille a éclaté. La mère fait le deuil, elle espère peut-être le retour de Kelly, mais accepte aussi ses choix. Alain, comme nous le disait le réalisateur, comme John Wayne, ne distingue que deux camps, les cowboys et les Indiens.

C’est en cela que le film s’apparente à La prisonnière du désert et la traque d’une enfant enlevée en territoire ennemi. Dans la première partie se situant à la fin des années 90, c’est toute cette obsession qui finit par noyer le cœur. Nous suivons les fausses pistes, les débuts de trace dans le désert de l’incertitude, la souffrance de l’âme, les espérances perdues et les dérapages. Dans le rôle, François Damiens tout en finesse, prouve une fois de plus son immense talent d’acteur, capable de tout aborder. Il compose une nouvelle figure de cowboy taciturne, silencieux, jusqu’au-boutiste. La recherche l’emporte dans un autre monde où plus rien ne compte. L’obsession devient un frein et obscurcit l’esprit. Il ne reste au Kid, son fils, que ces maigres moments à la poursuite d’un fantôme, d’une image, pour tenter de construire une relation avec son père.

Il finira par dire non. Il comprend que cette quête n’est pas inutile, mais menée de cette façon, elle conduit à la mort.  Dans cette première partie, la caméra est souvent urbaine, s’appuyant sur les regards, les ambiances des rues des villes tristes de l’Est de la France ou de la Belgique. Les Cowboys nous raconte comment deux quêtes identiques conduisent à la mort ou à la rédemption. Dans une seconde partie, des années plus tard, Kid devenu adulte, poursuit l’œuvre du père. Ce dernier ne lui laisse pas un métier, mais une quête inaboutie. Elle le conduit en territoire ennemi où, aidé d’un chasseur de primes, il touche à la fin de la route. À l’inverse de son père, sa confrontation au monde pour découvrir sa sœur l’aide à se construire, à s’éveiller. Il trouve l’amour, fonde une famille et à la fin, obtient enfin la réponse à sa question. D’ailleurs c’est le père du jeune musulman qui lui apporte la solution, dans une très belle séquence autour de l’image du père.

Trois figures paternelles se dégagent, deux morts, l’un dans son âme et l’autre dans son cœur et le Kid qui tirera les leçons nécessaires pour avancer. Dans cette deuxième partie, la caméra rejoint les grands espaces du western. Plus que les évènements, c’est comment ceux-ci interfèrent sur les personnes que le réalisateur souligne. Il se place au niveau de l’individu en n’oubliant pas d’inscrire la grande histoire en toile de fond. Comme le dit un des protagonistes du film, quelques années plus tard presque à notre époque : « Nous n’avons rien compris en parlant de ces premiers exils en 1994. » Une fois de plus la réponse n’est pas simple, mais beaucoup plus complexe et insaisissable. Comme pour le Kid, elle demande un long cheminement, de ne pas penser comme Alain ou John Wayne dans La prisonnière du désert que d’un côté, il existe les Indiens et de l’autre, les cowboys. John Wayne finira par changer d’avis, Alain n’en aura jamais le temps et nous ?  

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.40, Format DVD-9
Langues Audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Pathé Vidéo

Bonus:

  • la copie digitale au format Digital HD
  • Making of '26')
  • Scènes coupées inédites (10 scènes)
  • Commentaire audio du réalisateur Thomas Bidegain et de son coscénariste Noé Debré