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affiche Les combattants

Les combattants

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Un film de Thomas Cailley ,
Avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs, William Lebghil,

Genre : Comédie romantique
Durée : 1h38
France

En Bref

Voilà un film culotté, brisant de nombreux codes du genre, ni romance, ni film catastrophe, ni Robinson, ni film militaire, il contient pourtant tous ces genres et aucun. Qui a dit que la jeune génération n’avait pas de talent ? Il révèle une jeune actrice très prometteuse qui depuis un temps attire le regard de la critique et du public, Adèle Haenel.

 C’est une histoire simple qui soulève les interrogations de la jeune génération sur le sens à donner à notre monde et l’individualisme. Elle, c’est Madeleine, une jeune fille qui abandonne des études de prospective économique pour apprendre à survivre. Elle pense que nous n’avons plus d’avenir et que ce n’est pas l’apocalypse qui approche à grands pas, mais la fin tout simplement. Dans ces conditions, à quoi bon essayer de construire une vie sociale ou autre, il est plus important de se doter des moyens de survivre au chaos. Comme le héros de Talk Shetler, elle attend la tempête qui s’annonce à l’horizon. Elle se gave de maquereaux crus passés au mixeur, nage avec des poids, et souhaite entrer dans l’armée chez les parachutistes. Non pas que l’armée l’enchante, mais c’est le meilleur endroit où apprendre à survivre. Lui, c’est Arnaud. Il vient de perdre son père et, avec son frère il tente de préserver la société d’abris de jardin de son père.


Il se laisse porter par la vie, sort avec ses potes et l’apocalypse n’est qu’un sujet de cinéma. Il ignore encore combien sa vie va changer en croisant la route de cette fille qui, dès la première rencontre, le cloue au sol. Il la suivra jusque dans un stage de l’armée de terre, rien que pour ses yeux ! Ils ne le savent pas encore, mais l’avenir avec ou sans apocalypse pourrait bien se faire à deux.

Les combattants, c’est d’abord un regard posé avec justesse sur cette jeunesse jetée en pâture à la crise, sans avenir, sans lumière au bout du tunnel. Demain ne sera pas fait de lendemains qui chantent, mais du chaos final. La destruction de l’homme par l’homme, longtemps annoncée, est enfin arrivée. Ce troisième millénaire ne sera pas spirituel comme le pensaient certains, mais aux couleurs du désarroi quand il n’existe même plus d’horizon où planter le drapeau de l’avenir. Madeleine ne croit plus qu’en une seule chose, se préparer à survivre dans le pire des mondes. Cette jeune fille sacrifie même sa féminité, son espoir d’enfanter, de rêver sur la piste de danse ou de se saouler…oublier un instant le temps qui passe.

C’est la génération des enfants du baby-boom, des hippies, des babas cool qui croyaient encore au pouvoir de l’utopie, du meilleur des mondes. Le pourquoi du comment n’est pas le propos du film, c’est bien ici et maintenant que peut-on attendre, espérer ? Elle porte un regard de mort en elle, elle est peut-être déjà morte ? Arnaud lui, avec la mort du père, se  laisse porter par le vent sauvage de la vie. Il ne lutte pas, vit au jour le jour, trouve sa place dans l’entreprise de son père au côté de son frère. Il profite des soirées entre copains et ne s’interroge pas sur la fin du monde. Il sait déjà comment elle sera. Comme le lui dit un de ses deux potes, quand il sera parti, tu nous vois tous les deux ? L’allusion est claire, tous les deux comme deux vieux, la jeunesse aura filé comme un zéphyr sur l’océan.

C’est l’amour et la solidarité qui annoncent le changement, le regard sur une ligne de fond différente. Le réalisateur trouble les codes, fille aux allures de récif, garçon lunaire. Il glisse dans un maelstrom des genres qui s’interpellent, se mêlent et finissent par créer un nouveau style. Arnaud suit Madeleine par amour, il est prêt à tout, même un stage de troufion à la dure. Elle ignore encore que son regard change, que la femme s’éveille en elle. Il faudra le passage de la rivière, porte symbolique entre les vivants et les morts ,pour que tous changent et que la vie reprenne sa romance. Avant ils passeront par la case Robinson, la dure loi de la survie. Nous pourrions y voir un chemin initiatique ; la jeunesse et ses certitudes, la lutte, la remise en cause des fondements profonds du sens de la vie, la petite mort et l’éveil.

Ils sont marqués par les lieux, la ville, l’enfermement dans la caserne, le feu, la mer, la forêt, la ville déserte ressemblant au sortir de l’enfer d’où Orphée ramène enfin son Eurydice. Chacun joue de son interprétation, chacun à tort et à raison. Les combattants appartient à ce genre de film fort où nous trouvons tous une part des réponses à nos interrogations.  C’est la valse de l’amour, je ne pense pas que ce soit une bataille. De la même façon leur parcours amoureux et l’histoire qu’ils vivent, pourraient être un jeu de miroirS. La question est de  savoir o% est le reflet ?  Dans ce sens, la fin apporte un début d’explication.

Madeleine : - On fait quoi ?

Arnaud : - On reste à l’affut.

Madeleine : - sur nos gardes.

C’est un peu ce que font tous les couples, non ? Lutter ensemble face à la difficulté du monde. Il n’ y a plus d’apocalypse, mais la vie à deux qui commence et  enfin un horizon qui se dessine. Le film n’est donc pas aussi pessimiste que certains le pensent.  

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Titre : Les Combattants

    Réalisation : Thomas Cailley

    Scénario : Thomas Cailley et Claude Le Pape

    Musique : Hit N Run

    Son : Jean-Luc Audy

    Photographie : David Cailley

    Montage : Lilian Corbeille

    Décors : Vanessa Meugnot

    Costumes : Ariane Daurat

    Production : Pierre Guyard

    Société de production : Nord-Ouest Films

    Format : Couleurs - 1,85:1

    Durée : 98 minutes

Distribution

    Adèle Haenel : Madeleine

    Kévin Azaïs : Arnaud

    William Lebghil : Xavier

    Antoine Laurent : Manu Labrède

    Brigitte Roüan : Hélène Labrède

    Nicolas Wanczycki : Lieutenant Schleiffer

    Frédéric Pellegeay : Recruteur