Kelly et Clémentine font connaissance aux portes du Palais de justice de Montréal. Elles sont fascinées par un tueur en série qui filmait la mort de ses victimes dans un opus intitulé Les chambres rouges. Quelques privilégiés, contre de l'argent, assistaient à cette horrible mise en scène de la terreur sur le dark web. Celui que l'on nomme le Démon de Rosemont, un type ordinaire, occupe toute l'actualité. Kelly ne manque pas une séance et Clémentine défend celui-ci, le croyant innocent. Kelly, mannequin et joueuse de poker, recueille Clémentine dans son appartement luxueux. Peu à peu, cette saison de l'horreur réunit les deux jeunes femmes dans une quête de la dernière vidéo d'un des meurtres. Qu'est-ce qui pousse deux âmes innocentes à se nourrir du drame le plus terrifiant ?
Le film commence par l'évocation froide de la mise en abyme d'un snuff movie moderne,
Les chambres rouges, par l'accusation. C'est un dialogue sans âme qui nous met mal à l'aise par la description clinique de l'abominable barbarie. Le film se joue entre cette noirceur que les familles et le public doivent entendre sans faiblir. Comment l'humanité arrive-t-elle à un tel degré de l'impossible cruauté ? Nous oublions la fiction pour entrer dans un espace où notre conscience est mise à rude épreuve. Nous comprenons ce que vivent toutes les victimes dans cette liste sans âme d'une description parfaite. La fiction ne nous protège pas de ce catalogue de la mort qui s'égrène comme un chant de l'enfer. Quand arrive la jolie et taciturne Kelly dans le cadre, nous nous interrogeons sur sa place dans ce théâtre d'atrocités. Est-elle une victime, une sœur, frappée par la mort brutale d'un être aimé ?
Puis son visage se dévoile peu à peu, par petites touches, comme une peinture de ténèbres qui disparaît dans la clarté du jour agonisant. Clémentine, la groupie, semble fascinée par le monstre jusqu’à croire en son innocence. Plus nous avançons, plus les liens des deux filles se tissent profondément. Nous comprenons que les anges peuvent cacher un autre visage. Juliette Gariepy est remarquable dans un rôle difficile. Pascal Plante nous propose une réalisation en forme de balancier de l'horloge, blanche et froide quand elle est dans le tribunal, pleine de rancœur, de rouge, et de nuit aux couleurs des néons quand elle est hors de la salle d'audience et donne la parole aux familles et aux filles. Ballet d'insouciance, de liberté, de la transparence de la ville où errent nos deux fantômes prenant vie.
Peu à peu, par le regard de Clémentine, nous pénétrons dans l'intimité de Kelly qui se révèle loin de l'angélique visage des gamines, victimes innocentes pour nourrir les diables. Plus nous avançons, plus nous comprenons les motifs tortueux de cette dernière, plus nous souhaitons être ailleurs. Pascal Plante réussit une mise en scène qui finit par mettre le spectateur mal à l'aise et l’interroge sur la face cachée du monde, du dark web et des prédateurs se glissant furtivement dans la nuit. Il ne montre aucune image de l'horreur, comme dans les torture-porns des années 2000. On s'interroge sur la part de fiction et de réalité, sans pouvoir les démarquer. Nous ne ressortons pas indemnes de ce voyage bien plus horrifique que tous ces slashers sanglants des années 80.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : Les Chambres rouges
Réalisation : Pascal Plante
Scénario : Pascal Plante
Conception artistique : Laura Nhem
Costumes : Renée Sawtelle
Maquillage : Marie Salvado
Coiffure : Nermin Grbic
Photographie : Vincent Biron
Son : Martyne Morin, Olivier Calvert, Stéphane Bergeron
Montage : Jonah Malak
Compositeur : Dominique Plante
Production : Dominique Dussault (en)
Société de production : Nemesis Films
Société de distribution : Entract Films
Pays de production : Canada
Tournage : Montréal, automne 2022
Langue originale : français
Format : 24 FPS | 2K | 1.5:1 | STEREO & 5.1
Durée : 118 minutes
Dates de sortie : 11 aout 2023 au Canada 17 janvier 2024
Distribution Juliette Gariépy : Kelly-Anne
Laurie Babin : Clémentine
Elisabeth Locas : Francine Beaulieu
Maxwell McCabe-Lokos : Ludovic Chevalier
Natalie Tannous : Maître Chedid
Pierre Chagnon : Maître Fortin
Guy Thauvette : Juge Marcel Godbout