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affiche Les Anarchistes

Les Anarchistes

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Un film de Elie Wajeman ,
Avec Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos, Swann Arlaud,

Genre : Historique
Durée : 1h40
France

En Bref

Nous sommes en plein de cœur de la belle époque de son romantisme, de son insouciance et des progrès sociaux et technologiques. C’est aussi l’explosion de l’anarchisme, fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toute contrainte. Depuis un certain temps, la police surveille un groupe particulier se réunissant dans les cafés et salons pour élaborer la nouvelle société. Jean Albertini, jeune flic de la rue, se retrouve à infiltrer la bande des contestataires. Elle se compose de plusieurs figures comme Judith l’insoumise, Élisée l’idéaliste, Biscotte le naïf qui suit le mouvement, Marie-Louise la bourgeoise dépitée, et Eugène le plus violent, prêt à passer à l’acte.

Peu à peu, Jean pénètre au cœur de ces âmes en quête d’une autre société, d’un monde meilleur comme le portent les camarades communistes ou socialistes. Le monde, sous la poussée des Lumières et de la révolution, bouillonne et cherche de nouvelles voies. Pour l’instant, c’est la parole et quelques petits larcins commis au frais des bourgeois qui l’emportent. Le groupe discute, se dispute, théorise, élabore la pensée d’un univers où l’individu sera libéré des carcans de l’Etat. Entre deux comptes rendus à sa hiérarchie, le jeune homme commence à s’interroger et surtout en pincer pour la belle Judith. Déjà, dans l’ombre, le groupe évolue, sous la poussée d’autres anarchistes, les dialogues ne suffisent plus, la violence plante sa graine dans le cœur. Jean les suivra-t-il dans leur descente en enfer quand les paroles deviendront des balles et  des bombes ? L’amour est-il plus fort que la violence ou les idées que l’on porte dans son cœur ?


«Résignés regardez, je crache sur vos idoles ; je crache sur Dieu, je crache sur la patrie, je crache sur le Christ, je crache sur les drapeaux, je crache sur le capital…» Albert Libertad

Il existe deux figures pour appréhender l’anarchie, romantique  avec la figure de Bakounine qu’emprunte une partie du film et plus violente, celle de l’action Ravachol, Bonnot. Le film emprunte donc un cinéma singulier aux couleurs du temps qui passe à l’image de l’Apollonide de Bonello. Il nous entraine au cœur de salons où la parole tente de percer l’âme de l’anarchie, entre des conversations, où le propos est d’animer l’alcool et la fumée montant vers le ciel libre. Dehors, la foule semble avoir déserté les rues pour un monde vide où peut s’ancrer ou se perdre une nouvelle idéologie. Le film brasse les figures types des anarchistes, du révolutionnaire à la bombe facile en passant par la bourgeoise rejetant sa classe.

Chacun sert de point d’ancrage, de passage au récit, il permet d’explorer les figures tutélaires du mouvement. Elles se retrouvent dans le face à face de chaque personnage que retranscrit Marie-Louise, immortalisant la parole dans l’écriture d’une balade au cœur de l’idéologie. Jean devient le regard extérieur qui finit par ne plus savoir où se trouve sa place dans cette idée d’un monde nouveau. Sa quête se rejoint celle de son père, un communard proche des idées de l’anarchie. C’est le basculement dans la violence qui le détache du groupe, et décide de la voie qu’il empruntera. Elie Wajeman ne nous propose pas une histoire de l’anarchie, même si à un moment, il évoque les mouvements syndicalistes anarchiques. C’est bien comme pour son film précédent Alyah, la recherche d’un individu et de l’appartenance à une communauté. Les deux héros sont tiraillés entre deux sociétés, ils ne savent plus où se trouve leur place.

Il ne fait que reprendre sa question sous un autre angle, la romance devient un autre élément de la confusion, de la perdition du personnage. Jean retourne au monde d’où il venait, encore plus solitaire et perdu qu’avant. Il devra affronter son âme pour de nouveau arpenter le monde libre. Il ressemble à certains des personnages paumés du cinéma de James Gray, autre influence pour Élie Wajeman. Le film ne se joue pas sur la fureur et le sang, mais perce l’âme d’un homme et effleure celle d’une idée. Dans ce sens, la caméra enserre les protagonistes, quête leur regard, leurs étreintes, dans les salons où ils se réfugient. Elle s’éloigne dans les lieux publics rues ou cafés. Tahar Rahim trouve un rôle à sa mesure comme dans un Prophète d’Audiard, à ses côtés les seconds rôles ne sont pas en reste. Le film n’est pas l’histoire de l’anarchie, mais la quête d’un homme qui voulait se fondre dans un groupe et finit par y gagner la solitude.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
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Sous-titres :
Edition :


  Titre français : Les Anarchistes

    Réalisation : Elie Wajeman

    Scénario : Elie Wajeman et Gaëlle Macé

    Photographie : David Chizallet

    Pays d'origine : Drapeau de la France France

    Date de sortie : (Festival de Cannes) ; 11 novembre 2015

Distribution

    Tahar Rahim

    Adèle Exarchopoulos

    Swann Arlaud

    Guillaume Gouix

    Cédric Kahn