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affiche Le Voyeur

Le Voyeur

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Un film de Michael Powell ,
Avec Karlheinz Böhm, Moira Shearer, Anna Massey,

Genre : Thriller
Durée : 1h41
Royaume-Uni

En Bref

Mark est un jeune homme mystérieux et solitaire, obsédé par l’image, de la photographie au cinématographe. Il occupe deux boulots, opérateur mise au point dans un studio de cinéma et photographe pour images coquines. Le reste du temps, il traine, caméra à la main, pour voler des instants précis dans l’intention d’un documentaire. Il saisit l’image d’une prostituée morte que la police enlève et bien d’autres qui révèleront leur vraie nature plus tard. Pour l’instant, nous pénétrons au cœur de son existence, la nuit, dans le studio où il tourne avec la doublure de la star. Nous découvrons ses premiers pas avec la jeune fille du rez-de-chaussée de son immeuble. Peu à peu, la face angélique montre sa vraie nature pendant que la police mène l’enquête sur le tueur récidiviste. Il dévoile sa quête, immortaliser la peur sur le visage des jeunes filles, poursuivant les travaux de son père. De quelle façon Mark est-il lié au tueur de la nuit ? C’est ici que se niche la vérité.


« Bonne nuit papa, tiens-moi la main. » Dernière phrase du film. 

Le Voyeur est sans doute l’un des premiers films de Michael Powell sans son complice des grands succès, Emeric Pressburger. Il sort la même année que Psychose d’Alfred Hitchcock, mais rencontre moins de succès car jugé scandaleux et malsain. Les deux films sont considérés comme les précurseurs des slashers, et du snuff movies pour Le voyeur. Il marque le déclin de ce réalisateur reconnu comme l’une des grandes figures du cinéma britannique. Redécouvert plus tard, il devient vite pour les spectateurs et des réalisateurs de renom comme Brian De Palma et Martin Scorsese, un film culte. Pourtant, son œuvre verra fleurir de nombreux remakes comme celui de Le narcisse noir qui donne Le lys des champs, Oscar du meilleur acteur pour Sidney Poitier. Le Voyeur aborde la notion du regard et du cinéma avec cet œil du début, celui dans le viseur de la caméra. Mark est un cyclope qui saisit, comme son père, une unique émotion, la peur. Plus tard il se confronte à un autre sentiment avec Helen, la voisine du rez-de-chaussée.

L’amour, il brise sa solitude et ouvre les portes d’un chemin inconnu. Helen écrit des livres pour enfants dont le dernier parle d’une caméra magique. Elle s’oppose à la caméra morbide, instrument de la quête de Mark. Nous comprendrons plus tard que son obsession lui vient de son enfance et de ses relations avec son père. C’est d’ailleurs Michael Powell qui a interprété le rôle et son fils, celui de Mark plus jeune. Il joue sur ce que nous voyons, ou pas et sur les sens, comme la mère d’Helen, aveugle. Elle nous livre une très belle scène sur la fin, avec un dialogue sur les différentes façons de voir et percevoir les choses. Elle est peut-être inspirée par l’aveugle qui connaît la vérité dans M le Maudit. Il n’est pas étonnant que son métier consiste à faire la mise au point, la netteté.

Cela nous emmène dans une seconde thématique, la folie. Mark a conscience qu’il est fou. Plusieurs fois, on le lui fait remarquer et il confirme que la folie a bâti son antre dans son esprit. Le voyeur emprunte un peu au mythe de Barbe-Bleue avec ces images qu’il ne faut pas voir. Helen ouvre la porte, découvre le film maudit, comme la pièce interdite dans le conte. La mise en scène fait preuve de beaucoup d’innovation, jouant avec le cadre, l’angle. Elle nous propose de nombreux plans surprenants. Il s’amuse du jeu du chat et de la souris entre le tueur et la police, et de l’aspect documentaire du film dans le film. Il construit son œuvre comme une symphonie allant crescendo. Bien entendu, il renvoie au cinéma et à la façon de filmer, d’utiliser le son et l’image. Nous terminerons par les dialogues subtils démontrant que, malgré le temps, Le voyeur reste encore très moderne. Pour moi, il appartient à la catégorie des films essentiels de l’histoire du cinéma à redécouvrir.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


    Titre original : Peeping Tom

    Titre français : Le Voyeur

    Réalisation : Michael Powell

    Scénario : Leo Marks

    Direction artistique : Arthur Lawson

    Décors : Don Picton

    Costumes : Dickie Richardson

        robes d'Anna Massey : Polly Peck

        robes de Moira Shearer : John Tullis

    Photographie : Otto Heller, assisté de Gerry Turpin (cadreur)

    Son : C.C. Stevens, Gordon K. McCallum

    Montage : Noreen Ackland

    Musique : Brian Easdale

    Chorégraphie de Moira Shearer : Tommy Linden

    Production : Michael Powell

    Production associée : Albert Fennell

    Société de production : Michael Powell (Theatre) Ltd

    Société de distribution : Anglo-Amalgamated Film Distributors

    Pays d'origine : Royaume-Uni

    Langue originale : anglais

    Format : couleur (Eastmancolor) — 35 mm — 1,66:1 — son Mono (Westrex Recording System)

    Genre : Thriller

    Durée : 101 minutes (86 minutes dans la version américaine)

    Film interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salle.

    Dates de sortie : 21 septembre 1960 – Version restaurée 4K 23 mai 2018

Distribution

    Karlheinz Böhm : Mark Lewis

    Anna Massey : Helen Stephens

    Maxine Audley : Mrs. Stephens

    Moira Shearer : Vivian

    Esmond Knight : Arthur Baden

    Michael Goodliffe : Don Jarvis

    Jack Watson : Inspecteur en chef Gregg

    Brenda Bruce : Dora

    Miles Malleson : le client âgé

    Martin Miller : Dr Rosan

    Shirley Anne Field : Diane Ashley

    Pamela Green : Milly

    Bartlett Mullins : M. Peters

    Nigel Davenport : Sergent Miller

    Brian Wallace : Tony

    Susan Travers : Lorraine

    Maurice Durant : chef de la publicité

    Brian Worth : directeur adjoint

    Veronica Hurst : Miss Simpson

    Alan Rolfe : détective du magasin

    John Dunbar : docteur de la police

    Guy Kingsley-Poynter : Tate, un cameraman

    Keith Baxter : Baxter, un policier

    Peggy Thorpe-Bates : Mme Partridge

    John Barrard : le petit homme

    Roland Curram : le jeune homme qui fait des extras

    Robert Crewdson : le grand vendeur

    Paddy Edwardes : la jeune femme qui fait des extras

    Frank Singuineau : le premier électricien

    Margaret Neal : la belle-mère

    Michael Powell : le père de Mark

    Columba Powell : Mark, enfant