Fanny ne comprend pas pourquoi elle doit se cacher dans ce foyer loin de ses parents. Pour elle, cela ne durera que temps d’une colonie de vacances. Pour l’instant, elle écrit à ses parents que tout va bien, la plus jeune de ses deux sœurs progresse et madame Farman les protège. Loin des canons et de la folie qui s’empare du monde au début des années quarante, elle continue son petit bonhomme de chemin. Le temps des silences et du bonheur ne dure pas longtemps, les nazis les rattrapent dans leur cachette derrière la ligne de démarcation.
Ils sont aux portes de leur foyer et madame Farman s’apprête à fuir. Il devient urgent de rejoindre la Suisse au plus vite. Il ne faut pas attirer l’attention et constituer des petits groupes qui s’éparpillent et, de gare en gare, se rejoindront à la frontière. À chaque étape, la bonne madame Farman veille dans l’ombre, indiquant la prochaine étape. Ils se faufileront entre les uniformes gris, les braves gens pleins de bonne volonté prêts à vous sauver ou vous dénoncer. Lâché par leur adulte, le petit groupe de Fanny se retrouve isolé et perdu dans la tourmente. Fanny n’a pas le choix. Du haut de ses douze ans, elle prend les choses en main et la course à la survie commence. Il lui faut très vite devenir adulte pour avoir une chance de s’en sortir et d’atteindre l’Eldorado.
Lola Doillon aime l’adolescence déjà dans Et toi, t’es sur qui, elle abordait le sentiment amoureux et la difficulté du premier choix. Dans Contre toi elle continuait d’explorer celui-ci à travers un kidnappeur et sa victime dans une drôle de relation. Elle aime ces histoires ordinaires où tout semble prédestiné qui, tout à coup basculent pour nous échapper. C’est un peu le cas ici, des enfants loin de la violence des adultes, continuent de vivre en ignorant le carnage extérieur. Il les rattrape et les entraine dans une course folle contre la mort dont ils ignorent, au début, tout l’enjeu. C’est un film d’initiation, du passage de l’enfance à l’âge adulte avec les premiers émois et l’incertitude du monde des grands.
Elle a la bonne idée de le plonger dans un décor plus sombre, celui de la Seconde Guerre mondiale et la Shoah. Autour de cette quête identitaire que certains gamins ne comprennent pas, elle rajoute la quête d’un Eldorado pour échapper à la mort. Ces enfants innocents nous ramènent sans cesse à la dérision de ce monde que nous catégorisons. Pour eux, il n’existe que des humains, pas de différences entre nous. Belle leçon… Avant d’être d’une famille, d’un quartier, d’un pays, je suis un humain et rien ne me différencie des autres humains. Le film s’appuie sur ce message pour raconter une aventure hors du commun basée sur des faits vrais. Le voyage de Fanny nous apprendra que plus que la route, ce qui compte ce sont ceux qui nous accompagnent et comment nous appréhendons les paysages que nous traversons. Ils nous aident à grandir et à devenir adulte autant que les obstacle que nous rencontrons. Le voyage de Fanny, malgré son petit côté répétitif sur la fin, est un voyage à faire en famille.
Patrick Van Langhenhoven.
Bonus:
Titre : Le Voyage de Fanny
Réalisation : Lola Doillon
Scénario : Lola Doillon et Anne Peyregne, d'après l'œuvre de Fanny Ben-Ami
Musique : Sylvain Favre-Bulle et Gisèle Gérard-Tolini
Montage : Valérie Deseine
Photographie : Pierre Cottereau
Décors : Pierre-François Limbosch
Costumes : Isabelle Pannetier
Producteur : Saga Blanchard et Marie de Lussigny
Coproducteur : Victor Hadida, Samuel Hadida, Geneviève Lemal, Cédric Klapisch et Bruno Levy
Production : Origami Films et Bee Films
Coproduction : Davis Films, Scope Pictures, France 2 Cinéma, Rhône-Alpes Cinéma et Ce qui me meut
Distribution : Metropolitan Filmexport
Pays d'origine : Drapeau de la France France
Durée : 94 minutes
Genre : Drame
Dates de sortie : 18 mai 2016
Distribution
Léonie Souchaud : Fanny
Fantine Harduin : Erika
Juliane Lepoureau : Georgette
Ryan Brodie : Victor
Anaïs Meiringer : Diane
Lou Lambrecht : Rachel
Igor van Dessel : Maurice
Malonn Lévana : Marie
Lucien Khoury : Jacques
Cécile de France : Mme Forman
Stéphane De Groodt : Jean
Jérémie Petrus : Julien