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affiche Le voyage d'Arlo

Le voyage d'Arlo

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Un film de Peter Sohn ,
Avec Jean-Baptiste Charles, Eric Cantona, Olivia Bonamy,

Genre : Film d'animation
Durée : 1h35
États-Unis

En Bref

Imaginez que l’astéroïde censé détruire les dinosaures s’égare en cours de route et caresse notre planète pour se perdre dans l’univers. Les dinosaures continuent de prospérer et d’évoluer pour découvrir le langage dino, la culture et la petite maison dans la prairie. Arlo le dernier né de la famille d’apatosaures, créature douce et paisible, serait un rien peureux. Chaque membre de la famille laisse son empreinte marquant un haut fait pour le bien de tous. Arlo doit encore trouver sa voie et montrer son courage. Au cours d’une balade avec son père où la tempête emporte tout sur son passage, il se retrouve seul et perdu à pleurer sa disparition.

La route du retour vers la maison du bonheur où vit le reste de la tribu est longue et semée d’embuches. Il faut échapper à mille dangers, la nature n’est pas en reste pour dresser montagnes et autres obstacles, lancer des créatures ailées à ses trousses ou des troupeaux de longues cornes furax. Heureusement pour lui, le petit Arlo trouvera en Spot, un drôle de singe nu, un compagnon idéal. Ensemble ils surmonteront leur peur et accompliront de grandes choses. Arlo pourra peut-être enfin apposer son empreinte et devenir un père que toutes ces aventures auront préparé au plus noble des devoirs, celui de  veiller sur sa famille.


Disney renoue avec les valeurs de la famille à travers Arlo et le court métrage Super Team diffusé en première partie. Dans ce dernier, Sanjay, un petit garçon hindou branché super héros et cartoon, découvre que les traditions ancestrales, les petits dieux du panthéon ne sont pas si nuls. Comme pour Arlo, c’est la figure paternelle qui est mise en avant. Nous pouvons le voir comme un western sur le courage où un jeune dinosaure un peu trouillard découvre qu’il cache bien des ressources dans son cœur pour surmonter ses peurs. Le film nous propose l’image d’une famille d’apatosaures, semblable à celle de Charles Ingalls dans La petite maison dans la prairie. Elle coule des jours paisibles sans anicroche, ce bonheur parfait est troublé par la mort du père et la disparition d’Arlo.

Le pauvre petit se retrouve seul, éloigné des siens et c’est toute sa quête pour retrouver le chemin de la maison, du bonheur que nous suivons. C’est un film sur le dépassement de soi, le courage que chacun puise au fond de son âme pour se dépasser. C’est le long apprentissage de la vie qui l’attend. Sans violence, avec douceur, quelques peurs, et beaucoup d’humour, le réalisateur nous entraine dans cette quête qui grandira Arlo. C’est l’esprit Disney et de la littérature pour enfants, celui de la famille réunie et de l’accomplissement de soi qui fait d’un petit homme, un adulte responsable. Ici aucune niaiserie, chaque passage permet au personnage de franchir un obstacle qui lui enseigne comment devenir responsable. C’est aussi un film sur le partage, le regard que l’on porte sur l’autre.

La rencontre avec Spot, un petit homme jouant le rôle du compagnon fidèle, change le regard d’Arlo sur le monde et les autres. Le parcours initiatique est échelonné de rencontres comme le collectionneur, le vieux sage, la famille de T. Rex, les cowboys du coin. Ils l’aideront à prendre conscience de ses peurs et les surmonter. Ils jouent le rôle de rangers sympathiques loin de l’image que nous montre Jurassic Park. Il affronte avec eux les voleurs de bétail, les raptors. Dans l’esprit de Kaa du Livre de la jungle, les ptérodactyles marquent un autre passage où la confiance et le mensonge se disputent la part belle. Il faut saluer le travail technique, admirable. Les premières images sont magnifiques et dévoilent un très haut niveau d’animation. Nous avons l’impression que ce premier paysage de rivière, montagne aux arbres couleur de l’automne où court un torrent, ressemble à une prise de vue réelle.

Les nuages passent dans le ciel alors qu’habituellement c’est un fond peint immobile. Nous nous rendons compte du niveau acquis depuis toutes ces années par les Studios Disney et Pixar, les détails et la finesse de la reconstitution sont souvent bluffants. L’histoire pourra apparaître pour certains un rien classique et simple, elle s’adresse avant tout aux plus jeunes et à toute la famille pour un moment partagé. Arlo est peut-être moins surprenant  que Vice versa, il n’en reste pas moins un bon cru.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
4
Support vidéo : Anglais , Français Dolby Digital 5.1
Langues Audio : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.35, Format DVD-9
Sous-titres : Français
Edition : Disney Vidéo


Ciné Région : Pourquoi avez-vous décidé de créer un tel contraste entre cette nature si réaliste, presque sauvage avec en face, des personnages très cartoonesque ?

Peter Sohn : J’aime beaucoup le langage cinématographique de David Lean où la nature est filmée de façon absolument extraordinaire. J’aime ce langage très visuel qu’on retrouve dans ses films. Le Voyage D’Arlo, c’est évidemment une histoire de survie donc il fallait que ce qu’il y a autour de lui soit une série d’obstacles pour l’amener à survivre. Lorsqu’on a pensé aux personnages, on s’est dit que si on rendait nos héros trop réalistes il aurait fallu qu’on les voit en train de manger aux arbres, tout ça. Non ça ne pouvait pas marcher puisqu’on voulait des qualités humaines : lorsqu’on voit les yeux, il y a presque ce coté de petit garçon dans le regard.

Denise Ream : C’est vrai qu’on a essayé une version plus stylisée et ça ne marchait pas. On s’est rendu compte qu’on ne sentait pas assez la menace que représentait  la nature.

C.R : Pourquoi avoir choisi de placer l’histoire du point de vue du dinosaure ?

P.S : C’était l’idée qu’avait Bob Peterson dès le départ : une histoire semblable à celle d’un enfant et de son chien sauf que là, les rôles sont totalement inversés. J’ai donc voulu honorer cette première vision, ce premier cœur de l’histoire.

C.R : A propos, Denise, vous qui avez travaillé avec les plus grands du monde de l’animation, qui avez produit entre autre Cars 2, comment avez-vous travaillé avec un « nouveau », puisque c’est son premier long métrage ?

D.R : C’est vrai que Peter et moi n’avions jamais travaillé ensemble, mais je savais qu’il avait une réputation extraordinaire au sein de Pixar, notamment parce qu’il y a exercé beaucoup de postes différents : storyboarder, superviseur artistique et même doubleur. Donc lorsque Pixar a décidé que ça allait être Peter qui allait porter ce projet, je me suis dit : « Si on veut lui donner toutes les chances de réussir ce premier long, il faut qu’il ait une équipe autour de lui très forte ». J’ai fait remplacer certains superviseurs et j’ai ramené des gens qui travaillaient depuis plus longtemps chez Pixar pour que Peter puisse se focaliser uniquement sur ce qui est le plus important pour nous : l’histoire. Au bout d’à peine deux semaines de collaboration, j’étais persuadée qu’il était totalement à la hauteur de ce nouveau défi.

C.R : Est-ce le choix des décors qui ont tirés une partie du film vers le western ?

P.S : On a fait beaucoup de recherches pour le film et quand on a exploré la nature sauvage, on s’est dit qu’il fallait confronter Arlo à un monde véritablement hostile ; ce qui n’était pas rien puisqu’il y avait parfois des glissements de terrain, la rivière qui débordait… tout ce qu’on a exploré était réel. Alors on voulait montrer à la fois l’exploration de façon effrayante et puis aussi de façon humoristique avec l’histoire des baies hallucinogènes. Par rapport à l’aspect western, c’est vrai que très tôt, j’ai imaginé des scènes où les dinosaures étaient des fermiers, des ranchers et je revenais souvent sur cette idée. Il fallait garder l’idée de survie inhérente au genre.

C.R : Durant tout le film, on aperçoit une nature très réaliste avec les feuilles qui bougent, l’eau qui s’anime, les nuages qui paraissent si vrais. Comment est-ce possible techniquement ?

D.R : Nous avons évidemment utilisé beaucoup de nouvelles technologies, mais surtout toute la topologie de l’institut géologique américain parce qu’on a pu y consulter tous les terrains, la topologie, les reliefs, etc. Ensuite nous avons en quelques sortes recréé notre propre code pour peupler ces reliefs en rajoutant des arbres, des rochers, des plantes et toute cette végétation qui rend cela vivant. C’est vrai aussi que c’est la première fois qu’on a vraiment créé des nuages volumétriques, en 3D, qui sont là tout le long du film. On voulait rendre l’expérience totalement immersive, on voulait ressentir qu’on était vraiment dehors, dans une vaste étendue sauvage. Quant à l’eau bien sûr, c’est toujours très difficile, donc on a utilisé plein de sections différentes de la rivière pour qu’on ait l’impression que tout le long du film, il y ait aussi la présence de cette eau puissante et potentiellement dangereuse. Vous savez, tout cela vient du concept même du film qui est une histoire de survie.

C.R : L’idée du dinosaure était originale ou vous avez hésité avec d’autres animaux ?

P.S : Dès le départ oui, ça partait vraiment avec l’idée du dinosaure. D’abord parce que c’était l’idée originale du premier réalisateur et puis je partageais avec lui cet amour pour les dinosaures. C’est très ludique avec l’échelle énorme du dinosaure et cette métaphore « de l’âge de dinosaure » pour tout ce qui appartient au passé : quand Arlo est confronté à la mort de son père, il se sent évidemment coincé dans le passé donc l’intérêt réside dans la question : « comment va-t-il se détacher de ce passé et avancer ? ».

C.R : Il y a quelque chose de très intéressant dans la communication entre les deux : Arlo parle et Spot ne parle pas. Comment avez-vous imaginé et développé cette communication sans communication, ou sans mot plutôt ?

P.S : On en a effectivement beaucoup discuté de ce thème de la communication. J’avoue que lorsque j’ai grandi, je ne parlais qu’anglais et mes parents ne parlaient que coréen. Donc pour moi, la langue et la communication sont des thèmes fondamentaux et ça a toujours été pour moi comme une barrière. Je me souviens quand ma mère m’emmenait voir des films en anglais, j’essayais de lui expliquer l’histoire et c’était vraiment compliqué. En revanche, lorsqu’on a été voir Bambi ou Dumbo, elle pleurait à certains moment sans que je n’aie besoin de lui expliquer les détails. Car au fond, l’animation est un langage universel.

D.R : On a toujours essayé de pousser l’animation, de mettre la barre toujours plus haut, sans la nécessité du dialogue. Et justement de montrer à travers les regards, à travers les gestes, comment la communication était possible au-delà de la parole. Arlo est vraiment une célébration de l’art de l’animation.

C.R : Depuis la création des studios Pixar, c’est la première fois que deux films sortent en salle la même année. Pourquoi cette décision ? Comment ça a été vécu en interne, est-ce qu’il y avait de la compétition ?

P.S : Je suis chez Pixar depuis 15 ans et c’est un sentiment extraordinaire d’appartenir à une grande famille. Alors lorsque Vice Versa est sorti, le sentiment qui dominait était la fierté de faire partie de ces animateurs qui créent tout cela. Par rapport aux dates, c’est un peu une coïncidence parce que la sortie d’Arlo a était un peu repoussée donc du coup, les deux films sont sortis en même temps.

Interview de Patrick Van Langhenhoven retranscrit et mis en forme par Eve Brousse.

    •       Titre original : The Good Dinosaur

    •       Titre français : Le Voyage d'Arlo

    •       Titre québécois : Le Bon Dinosaure

    •       Réalisateur : Peter Sohn

    •       Scénario : John Walker

    •       Musique : Mychael Danna

    •       Producteur : Denise Ream et John Lasseter (producteur exécutif)

    •       Sociétés de production : Pixar Animation Studios et Walt Disney Pictures

    •       Société de distribution : Walt Disney Studios Distribution, Walt Disney Pictures Canada ( Canada et  Québec)

    •       Pays d'origine :  États-Unis

    •       Langue originale :  anglais

    •       Format : couleur

    •       Genre : animation, comédie

    •       Durée : 100 minutes

    •       Dates de sortie : 25 novembre 2015

Distribution

Voix originales

    •       Raymond Ochoa : Arlo

    •       Peter Sohn : Le Collectionneur

    •       Frances McDormand : Ida, la mère d'Arlo

    •       Jeffrey Wright : Hery, le père d'Arlo

    •       Marcus Scribner : Buck, le frère d'Arlo

    •       Jack Bright : Spot, le petit humain

    •       Steve Zahn : Thunderclap, un ptérodactyle

    •       A.J. Buckley : Nash, un tyrannosaure

    •       Anna Paquin : Ramsey, un tyrannosaure

    •       Sam Elliott : Butch, un tyrannosaure

    •       John Ratzenberger : Earl

Voix françaises

    •       Jean-Baptiste Charles : Arlo

    •       Éric Cantona : Le Collectionneur

    •       Olivia Bonamy : Ida

    •       Xavier Fagnon : Papa

    •       Victor Quilichini : Buck

    •       Jack Bright : Spot

    •       Guillaume Lebon : Coup de tonnerre

    •       Donald Reignoux : Nash

    •       Edwige Lemoine : Ramsey

    •       Richard Darbois : Butch

    •       Boris Rehlinger : Earl