Le signe des Renégats
___
En Bref
Nous sommes en 1825, le Mexique décide de devenir une république et la petite Californie à côté doit choisir de s’allier aux enfants des Aztèques ou les Etats-Unis. Coincé entre les deux nations, le pari s’avère crucial. C’est dans ce contexte que Marcos Zappa débarque dans cette ancienne colonie espagnole où les fiers hidalgos mènent la danse. Jeune homme aux apparences ambitieuses, charmeur et bon vivant, il tombe sous la coupe de Don Pedro Garcia. Cet homme retors connaît un secret qu’il cache sous un bandeau masquant une partie de son front. Sous la menace du chantage, il séduit la belle Manuela de Vasquez. Votre mission si vous l’acceptez, épouser la donzelle et faire basculer son père, homme influent et plus porté vers un autre avenir que rejoindre le giron du Mexique. Complots et duels à l’épée, trahisons, retournements spectaculaires attendent notre héros qui semble beaucoup plus qu’un simple pion. Don Pedro devrait apprendre à ses dépens qu’il n’est pas bon de manipuler le señor Zappa. Le spectateur découvrira peu à peu que notre bellâtre un peu futile cache bien plus derrière les apparences. Entre western et film de cape et d’épée, Le signe des Renégats annonce la venue de Zorro, son créateur littéraire Johnston McCulley. Ce journaliste reporter s’inspire du Mouron rouge pour créer son personnage et n’aura de cesse de reprendre la théorie du jeu des trahisons, complots, et mensonges à l’aube de la création de l’état de Californie.
Zorro et sa thématique apparaissent en filigrane dans toute son œuvre. Hugo Fregonese réalise un plaisant divertissement porté par deux acteurs, Ricardo Montalban que l’on connaît pour sa prestation dans la série L’île fantastique et Gilbert Roland qui mérite d’être sortie de l’oubli. Ils donnent tous les deux toute la saveur nécessaire à la pertinence des duels à l’épée et des idées. Sur fond de romance avec la belle Cyd Charisse, plus connue pour ses comédies musicales aux côtés de Gene Kelly, Chantons sous la pluie ou comme partenaire de Fred Astaire. Elle attribue à la scène de danse tout son relief et l’intègre comme un incontournable dans le récit. Dans cette séquence, les deux personnages semblent en dire plus beaucoup plus qu’un simple pas de deux. Déjà perce dans celle-ci tous les enjeux qui marquent le cœur ce film. Hugo Fregonese, réalisateur mésestimé, surtout connu pour Quand les tambours s’arrêteront à découvrir dans la même collection, reste un grand spécialiste du western et de la série B. Il donne toute l’ampleur nécessaire pour habiller ses réalisations, les rebondissements, les duels, les romances incontournables, les séquences spectaculaires prennent sous sa caméra vie et passion, entrainant le spectateur dans l’aventure avec un grand A. Il serait injuste de considérer ses films comme des sous-produits. Souvent ils représentent, sous des apparences ludiques, les inquiétudes d’une époque. Nous retrouvons ici les débuts de la guerre froide, trahisons, mensonges et complots pour dominer le monde. C’est un cinéma proche des peintres pompiers de la fin du XIXe où le trait et le récit sont ampoulés pour notre plus grand bonheur.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus : Présentation Patrick Brion
