Le Rire de ma mère

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Un film de Colombe Savignac , Pascal Ralite ,
Avec Suzanne Clément, Pascal Demolon, Sabrina Seyvecou,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h32
France

En Bref

Est-ce que ma mère sait qu’elle va mourir ? Est ce que j’en ai conscience ? Dans le silence des pièces où rebondit son rire, j’ignore l’échéance. Un peu timide, j’essaie de faire ma route, de quitter l’adolescence pour me jeter dans la vie. Je passe mon temps entre mon père et sa nouvelle compagne, une artiste, et ma mère. Elle et son rire qui parfois s’éteint comme une bougie quand la douleur est trop grande. Elle ne dit rien ma mère, elle est juste là pour moi et pour me soutenir. Trop timide pour oser, je cherche le courage de parler à Elsa. J’aimerais lui réciter le poème d’Aragon Elsa mon amour. Pour elle je me lance dans le cours de théâtre. J’affronte les mots pour les beaux yeux de la belle et le monde qui change autour de moi résonne du rire de ma mère. C’est peut-être lui qui me porte et m’aide à grandir, dire non, je t’aime, adieu. Il me faudra bien voir l’évidence, ma mère va mourir et son rire s’effacera. C’est un trésor que je dois préserver dans ma mémoire pour fermer la porte de l’adolescence. C’est peut-être ce que ce dit Adrien dans ce chaos qui finit par prendre forme et qu’il affrontera pour rire à l’avenir.

Le Rire de ma mère nous raconte comment grandir, franchir le passage de l’adolescence quand la mort frappe à la porte. Marie est une mère pleine de vie, admirablement interprétée par Suzanne Clément. Elle compose avec les nuances de la douleur et du rire masquant la réalité. Le rire de ma mère s’appuie sur le jeu des acteurs, de Pascal Demolon en père affrontant l’inéluctable à Sabrina Seyvecou en belle-mère artiste compréhensive. Les deux enfants, Igor Van Dessel et Salome Larouquie, héros de cette histoire de passage, s’accordent avec le reste de l’équipe pour un jeu tout en finesse, sans exagération. Comme de nombreux films cette année, Le rire de ma mère puise sa source dans notre quotidien pour le transcender. C’est dans cette vie d’un enfant tiraillé entre sa mère et son père séparés qui défile sous nos yeux que le drame se noue.

C’est l’histoire d’Adrien, un petit garçon timide qui demande juste à grandir. Il construit sa place, comme tous les garçons de son âge, entre l’émoi des premières amours, et le regard porté sur les grandes personnes. Comme le dit Jacques Brel, c’est à cet instant où l’on s’interroge sur rester un enfant ou devenir un adulte. Timide, il doit trouver le courage d’affronter deux moments cruciaux de l’existence, la mort de sa mère et son premier amour. Colombe Savignac et Pascal Ralite, deux techniciens passés à la réalisation, élaborent une mise en scène tout en douceur et en non-dits. Les actes du quotidien ne sont jamais montés en surenchère.

La caméra devient invisible et saisit les instants incontournables dans toute leur profondeur. Derrière, c’est une autre histoire qui prend forme, celle de la mère et de l’abandon face à l’échéance fatale. Derrière Le rire de ma mère se cache la douleur qu’elle masque à son fils pour ne pas le blesser, dans un sacrifice ultime. Marie comprend que le petit est à l’âge des grandes espérances et des instants fragiles qui construisent toute une vie. De la même manière, nous pouvons imaginer que la séparation du couple s’est faite sur la maladie. C’est donc entre évolution et sacrifice que le film bâtit toute sa trame pour nous saisir à l’âme.

Patrick Van Langhenhoven