Le capitaine Neuville est un profiteur, doublé d’un vantard, couard, triplé d’un escroc et d’une liste trop longue de défauts. Sa dernière escroquerie, se faire admettre dans la bonne famille des Beaugrand en épousant leur fille Pauline. Il est bien près de réussir son coup quand l’Empereur rappelle ses troupes pour marcher sur Moscou. Élisabeth, la sœur ainée, s’apprêtait à démasquer cet opportuniste du pire acabit. Pendant que le bellâtre disparaît dans l’allée du jardin, cherchant un moyen pour éviter de rejoindre les armées, la pauvre Pauline dépérit à vitesse grand V sous la perte de cet amour, inconsolable. Alors que sa sœur est aux portes de l’anémie et de la mort, Élisabeth, jeune femme volontaire, prend les choses en main. Elle imagine une correspondance promise avant son départ par Neuville. Chaque jour, elle écrit une missive, soulageant le cœur de sa sœur qui reprend goût à la vie. La guerre s’éternise et Pauline finit par épouser un autre prétendant, suite à la mort héroïque du beau capitaine. Tout est donc pour le mieux dans un monde sans heurt, d’un bonheur immense. Tout, sauf le retour inopportun du héros que la ville a enterré en grande pompe. Elizabeth, prise au piège, devra faire preuve d’imagination quand il décidera de profiter de la situation pour s’incruster.
Laurent Tirard, après un premier long métrage prometteur, Molière avec Ariane Mnouchkine, s’enferme dans la comédie populaire honnête et légère. Il ne retrouvera jamais le souffle de ce premier opus, du Petit Nicolas au Retour du héros en passant par Obélix et Astérix au service de Sa Majesté, Un homme à la hauteur avec Jean Dujardin. Le spectateur trouve chaussure à son pied et passe un bon moment dans une comédie sans surprise où chacun tient son rôle. Ce qui est déjà pas mal, me direz-vous. Jean Dujardin s’amuse avec ce Capitaine Neuville, anti héros, lâche, peureux, manipulateur et escroc. Il n’y a rien à défendre dans la veulerie poussée jusqu’au grotesque.
Il en fera bien preuve lors d’un moment d’inconscience, dans une séquence hommage à Mon nom est Personne, seul face à la meute. La lâcheté revient au galop comme sa nature profonde au final. La surprise vient de Mélanie Laurent, plutôt habituée au drame. Elle s’épanouit dans cette comédie et révèle des talents cachés pour amuser la galerie. C’est du côté du scénario que Le retour du héros pèche un peu en alignant les situations banales du marivaudage, du vaudeville. Les moralistes pourront polémiquer sur une fin où elle n’est point sauve. C’est l’inverse, puisque le triste individu finit par entrainer la belle dans ses magouilles et trafics en tout genre.
Cette bonne idée aurait pu être un bon point de départ, changeant une narration en forme de conte, tout comme le héros, créé de toute pièce par Elisabeth avec ses courriers inventifs et décalés. C’était sans doute la meilleure piste pour bousculer le genre et lui donner peut-être un nouveau souffle. Le retour du héros n’est ni Le retour de Martin Guerre de Daniel Vigne ni Les mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau ni une fantaisie de Philippe de Broca. Il en possède toutefois une vague ressemblance, pour une comédie honnête.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Dans la grande tradition des films Français (13mn)
Making of musique (2mn)
Scènes coupées commentées (15 mn)
Titre original : Le Retour du héros
Réalisation : Laurent Tirard
Scénario : Laurent Tirard et Grégoire Vigneron
Décors : Françoise Dupertuis
Photographie : Guillaume Schiffman
Musique : Mathieu Lamboley
Production : Marc Dujardin et Olivia Lagache
Sociétés de production : JD Prod et Les Films sur Mesure
Société de distribution : Studiocanal (France)
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie, historique
Durée : 90 minutes
Dates de sortie : 14 février 2018
Distribution
Jean Dujardin : Capitaine Neuville
Mélanie Laurent : Elisabeth
Noémie Merlant : Pauline
Féodor Atkine : Général Mortier-Duplessis
Christian Bujeau