Le petit Spirou quittera bientôt la grande école pour de nouveaux horizons. La tradition familiale veut que son destin le conduise à l’école des grooms. Il cherche sa place dans ce monde où il faudra bientôt décider de son avenir. Pour l’instant, en compagnie de sa bande de copains, il se décide à déclarer sa flamme à la jolie Suzette. Il lui faut éviter la bande des mauvais garçons conduite par le redoublant. C’est entre deux visites chez la voyante pour découvrir ce que le destin lui réserve que son papy l’aide à passer le cap, même si ce dernier le prépare à cette profession qu’il ne souhaite pas. Pas facile d’entrer dans le monde de l’adolescence quand tout le monde décide pour vous. Enfin, Suzette accepte de s’enfuir avec lui pour conquérir le terrain de l’aventure exotique. Entre-temps, il faut récupérer un document chez monsieur Mégot, le professeur de gym, ce qui demande toute une expédition rocambolesque. Tout est prêt pour le grand jour, mais rien ne se passe comme dans les contes de fées. La fin lui réserve moult surprises et une course poursuite finale où chacun comprendra que le bonheur tient à si peu de choses ...
Le cinéma français semble redécouvrir l’univers de la bande dessinée comme un nouvel Eldorado. Dans ce paysage, les éditions Dupuis se taillent la part du lion. Elles possèdent un service de produits audiovisuels performant. Depuis longtemps le cinéma d’animation, les séries télé s’inspirent de l’univers des petits Mickey pour des séries souvent performantes en petit format. Aujourd’hui c’est en version live qu’elles tentent de trouver leur place sur les écrans avec plus ou moins de bonheur. De profs à Petit Spirou, la route est longue et souvent semée d’embuches. Au final, on trouve de bonnes surprises, des échecs qui renverront aux calendes grecques un héros qui possédait peut-être du potentiel, mais pas la bonne équipe. Largo Winch fut un succès mitigé et ne trouve pas sa place en franchise prometteuse. Le petit Nicolas, Les profs, Ducobu, Lucky Lucke, Adèle Blanc Sec, Valérian, Persépolis, Titeuf, Le chat du Rabbin, Les petits ruisseaux sont autant d’univers, parfois adaptés avec bonheur par leur créateur. Les éditions Dupuis voient nombre de leur production passer de la version papier à celle du live ou de l’animation, Boule et Bill, Tamara, Seuls, Gaston Lagaffe, Le Marsupilami, Les nombrils, bientôt Zombillénium.
L’exercice de l’adaptation est difficile, il ne faut pas trahir les fans souvent exigeants et gagner un nouveau public. Il l’est encore plus quand l’univers se résume à un strip d’une page ou moins, comme Snoopy. C’est le cas du Petit Spirou et de son univers décalé, fulgurant, avec une dose de tendresse et beaucoup d’interdits. Tom et Janry imaginent le personnage en 1983, il faudra attendre 1987 pour le premier gag et 1990 pour le premier album. C’est bien le problème de cette version cinéma, un retour aux enfants sages, tout ce que les auteurs brisaient avec leur Petit Spirou. Nicolas Barry remplit sans aucun doute le contrat, un film pour les préadolescents de 7 à 12 ans avant l’entrée dans la grande école. C’est une aventure rocambolesque d’une bande de marmots confrontés à l’entrée dans le monde des plus grands. C’est un brin de bêtises, d’amourettes, de refus de l’autorité parentale, de rébellion, de père inconnu, de trahison par les adultes et d’aventures du type Club des cinq. Le Petit Spirou répond au cahier des charges sans se montrer très original, sauf sur sa fin. La dernière séquence retrouve le réalisateur inspiré des Enfants de Timpelbach et du Bonheur des ogres, un brin d’onirisme et de folie dans ce monde de brutes.
Hélas, il ne reste rien de l’univers du petit Spirou, quelques bribes par-ci par-là, des gags s’inscrivant difficilement dans la narration générale et souvent épurée. Les figures emblématiques Grand Papy, Monsieur Mégot, Mademoiselle Chiffre, et le père Langélusse deviennent de pâles copies de leurs originaux, vidés de l’essentiel de leur personnalité. Le petit Spirou, en ne voulant choquer personne, s’émancipe de sa version papier et finit par ne plus lui ressembler que comme une gentille comptine. Justement, le succès de la bande dessinée venait de tout ce qu’elle bousculait. Tout à coup, les petits mickey grandissaient et plus rien ne semblait tabou.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Le Petit Spirou
Titre international : Little Spirou
Réalisation : Nicolas Bary
Scénario : Nicolas Bary et Laurent Turner ; Laure Hennequart (dialogues), d'après la bande dessinée Le Petit Spirou créée par Philippe Tome et Janry
Décors : Stéphane Rozenbaum
Costumes : Agnès Beziers1
Photographie : Vincent Gallot
Montage : Véronique Lange
Musique : Rolfe Kent
Production : Nicolas Bary, Jean Cottin et Nathanaël La Combe
Sociétés de production : Les Films du Cap et Les Partenaires ; Belvision et France 2 Cinéma (coproductions)
Sociétés de distribution : La Belle Company (France), Kinepolis Film Distribution (Belgique), Pathé Films AG (Suisse romande)
Pays d'origine : France / Belgique
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie
Durée : 86 minutes
Dates de sortie : 27 septembre 20172
Distribution
Sacha Pinault : le petit Spirou
François Damiens : Désiré Mégot
Pierre Richard : Grand Papy
Natacha Régnier : la mère
Philippe Katerine : l'abbé Langelusse
Gwendolyn Gourvenec : Mademoiselle Chiffre
Armelle : la voyante
Juliette Aver : la bijoutière
Clément Michel : le tailleur de costumes
Virginie Hocq : la directrice de l'école des grooms
Laure Hennequart : la femme fatale
Amaury de Crayencour : groom de l'hôtel
Barbara Probst : cliente de l'hôtel