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affiche Le mal n’existe pas

Le mal n’existe pas

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Un film de Ryūsuke Hamaguchi,
Avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, Ryûji Kosaka,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h46
Japon

En Bref

« C’est une question d’équilibre »

C’est une forêt profonde près de Tokyo, que connait bien Takumi, homme à tout faire du petit village de Mizubiki. Il arpente chaque espace avec sa fille Hana, observant le mouvement des arbres, la trace des animaux, le murmure du ruisseau. Chacun vit au rythme du chinju-no-mori, la forêt où demeurent les Kamis. Un projet de camping glamour perturbe l’harmonie des habitants. Ils demandent quelques aménagements au promoteur pour ne pas perturber l’harmonie paisible de la forêt. Les discussions s’animent, le glamping est loin de faire l’unanimité. Hana, contre l’avis de son père, prend l’habitude de rentrer seule, hors les sentiers fragiles et d’arpenter parfois des lieux interdits. Un beau jour, elle disparaît et le village part à sa recherche, inquiet pour sa sécurité. La forêt n’est pas que bucolique mais aussi le lieu de nombreux dangers. Le mal n’existe pas mais la vie...


Le mal n’existe pas est un conte universel. Il arrive toujours un malheur aux jeunes filles désobéissantes. On connaissait les grandes fresques humaines de Ryūsuke Hamaguchi, Senses, Asako une forme de conte urbain, Drive My Car, Contes du hasard et autres fantaisies. Cette fois, il explore la forêt et la notion du mal à travers la vie simple de Takumi. Il déroule une galerie de personnages avec la forêt pour battements de cœur. Celle-ci reste immuable, sans conscience du bien ou du mal. Takami et sa fille en sont peut-être les gardiens avec, dans l’ombre des feuillages, les Kamis. Ces esprits du monde veillent sur nos existences, toujours présents dans le silence profond des ramures. C’est un reflet dans l’eau, les cimes des arbres défilant, une biche à travers les branches, une plume.

Les plans prennent le temps de vivre, plus que contemplatifs, ils racontent l’âme de la forêt, le chant du monde qui résonne en nous. On puise l’eau à la source, on cueille le wasabi sauvage pour donner plus de goût aux nouilles du restaurant du village. Chacun tient sa place, ne trouble pas le chant de l’univers entre la vie et la mort. On se contente de peu, d’un rayon de soleil, d’une trace dans le sentier pour apprécier la vie. Dans cet univers en équilibre, l’installation du « glamping » un camping glamour bouleverse justement celui-ci. C’est le monde urbain s’invitant à la table de la nature dans une confrontation que nous connaissons ici et ailleurs. Une équipe déléguée par les promoteurs tente de trouver un compromis pour que l’argent soit roi. L’un d’eux n’hésite pas à franchir le pas pour rejoindre le silence des bois. C’est la vie simple, remplie des cadeaux merveilleux que nous offre la nature, face à la futilité et l’apparence de la ville.

C’est la rencontre d’une compositrice, Eiko Ishibashi qui demande des images à un réalisateur, Ryūsuke Hamaguchi pour un concert. De cette expérience découle une nouvelle narration cinématographique réinventant le rapport entre le son, l’image et la narration. De ce jeu complexe nait Le mal n’existe pas qui explore, comme toujours, l'âme humaine des personnages avec celle, plus vaste et cosmique, de la nature. Il en sort ce film particulier qui se glisse en nous pour nous emporter sur des terres inconnues au plus profond de notre âme. Chacun tracera la route de son désir, de son film, se réappropriant chaque image pour l’interpréter à sa façon. L’onirisme pointe parfois le bout de son nez sans savoir si nous touchons à une forme de fantastique ou simplement la réalité. La fin reste volontairement ouverte. Le cinéma japonais continue de suivre le ruisseau, entre contemplation et quotidien déjà présent dans l’œuvre d’Ozu. C’est juste le temps qui file pour nous rappeler qu’il arrive toujours malheur aux jeunes filles désobéissantes.

Patrick Van Langhenhoven
Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :

Titre original : 悪は存在しない, Aku wa sonzai shinai
• Titre français : Le mal n'existe pas1
• Réalisation et scénario : Ryūsuke Hamaguchi
• Musique : Eiko Ishibashi 
• Décors : Masato Nunobe
• Photographie : Yoshio Kitagawa
• Montage : Ryûsuke Hamaguchi et Azusa Yamazaki
• Production : Ryûsuke Hamaguchi et Satoshi Takada
• Production exécutive : Shô Harada et Katsumi Tokuyama
• Sociétés de production : NEOPA et Fictive
• Sociétés de distribution : Incline (Japon) ; Diaphana Films (France)
• Pays de production :  Japon
• Langue originale : japonais
• Format : couleur
• Genre : drame
• Durée : 106 minutes
• Dates de sortie : 2023 (Mostra de Venise 2023) 10 avril 2024
Distribution
• Hitoshi Omika : Takumi
• Ryô Nishikawa (ja) : Hana
• Ayaka Shibutani : Mayuzumi

• Ryûji Kosaka : Takahashi