Une brochette d’hommes autour de la cinquantaine, sur le bord de la vie, en rade, avec chacun des problèmes d’adaptation divers à la société d’aujourd’hui, se lancent dans un pari fou : participer en Norvège au championnat du monde de … natation synchronisée masculine.
Ce film raconte l’histoire d’un projet qui a tout pour capoter, avec un tournage qui a présenté les mêmes caractéristiques. Lellouche couvait son atypique bébé depuis plusieurs années. Il lui a fallu une énergie colossale pour faire son casting, convaincre les acteurs, les financeurs et il s’en est fallu d’un cheveu que l’entreprise tombe à l’eau (osons le jeu de mots), tant ces hommes mûrs, un peu bedonnants, un peu flasques, même motivés, ont failli tout faire rater parce qu’en vrai, la natation synchronisée est un art impossible ! Et pourtant ils l’ont fait !
Forte de toutes ces informations, l’envie de voir le film était grande.
Or à l’arrivée, il faut bien constater que quelque chose ne fonctionne pas. Plutôt qu’une équipe, le démarrage poussif du Grand bain a tout du catalogue. Lellouche commence par Mathieu Amalric qui fait office de narrateur puis devient protagoniste de l’épopée aquatique. Puis lors de la présentation un à un des participants, on découvre peu à peu l’envers du décor, le quotidien terne, morose de nos losers même pas magnifiques. Mais il manque le courant, l’étincelle qui ferait groupe, équipe. On se trouve désespérément devant une addition d’individus autour desquels les histoires de vie sont plus tourmentées les unes que les autres, sans que cela justifie une envie commune comme par exemple dans The Full Monty.
Dans le courant du film, la texture des relations prend forme, la sauce épaissit et gagne en saveur. On sort enfin de l’alignement d’archétypes. On apprécie les morceaux de bravoure des uns et des autres qui n’ont jamais ménagé leur énergie (mention spéciale à Philippe Katerine qui excelle dans ce genre de situations). Mais hormis le fait que le cheminement vers une fin rédemptrice est prévisible, Lellouche a sans doute trop chargé la barque et n’a pas permis qu’on s’attache à ces hommes qui ne sont ni une bande, ni des individus avec une profondeur.
Le grand bain est le film qu’on avait envie d’aimer et pour lequel on devra se contenter d’avoir de l’estime et/ou de l’affection.
Françoise Poul
Bonus
Titre original : Le Grand Bain1
Réalisation : Gilles Lellouche
Scénario : Ahmed Hamidi, Julien Lambroschini et Gilles Lellouche
Décors : Florian Sanson
Costumes : Élise Bouquet et Reem Kuzayli
Photographie : Laurent Tangy
Son : Cédric Deloche, Marc Doisne et Gwennolé Leborgne
Casting: Sandra Durando
Montage : Simon Jacquet
Musique : Jon Brion
Production : Alain Attal et Hugo Sélignac ; Vincent Mazel (producteur associé)
Sociétés de production : Chi-Fou-Mi Productions et Les Productions du Trésor ; TF1 Films Production et Studiocanal (coproductions) ; Artémis Productions et RTBF (coproductions belges)
Sociétés de distribution : Studiocanal (France), Frenetic Films (Suisse romande), MK2/Mile End (Québec), O'Brother Distribution (Belgique)
Pays d'origine : France
Langue originale : français
Format : couleur
Genre : comédie dramatique
Durée : 123 minutes
Dates de sortie : 13 mai 2018 (Festival de Cannes) ; 24 octobre 2018
Distribution
Guillaume Canet : Laurent, le directeur d'usine et père de famille autoritaire1
Benoît Poelvoorde : Marcus, le patron du magasin de piscines
Virginie Efira : Delphine, l'entraîneuse de natation synchronisée
Mathieu Amalric : Bertrand, le dépressif chronique
Jean-Hugues Anglade : Simon, le compositeur et père séparé de Lola
Philippe Katerine : Thierry, l'employé de la piscine
Félix Moati : John, l'infirmier de l'hôpital psychiatrique
Mélanie Doutey : Clem, la sœur de Claire
Leïla Bekhti : Amanda, l'entraîneuse handicapée
Thamilchelvan Balasingham : Avanish, un des nageurs
Marina Foïs : Claire, la femme de Bertrand
Noée Abita2 : Lola, la fille de Simon
Alban Ivanov : Basile, un des nageurs
Claire Nadeau : la mère de Laurent, hospitalisée pour troubles psychiatriques
Erika Sainte : Diane, la femme de Laurent
Jonathan Zaccaï : Thibault, le patron du magasin de meubles, beau-frère de Bertrand