Le Dernier Vice-Roi des Indes

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Un film de Gurinder Chadha ,
Avec Hugh Bonneville, Gillian Anderson, Manish Dayal,

Genre : Historique
Durée : 1h47
Royaume-Uni

En Bref

C’est la fin d’une domination anglaise vieille de trois cents ans. Ce printemps 1947, Lord Mountbatten et sa famille arrivent pour mettre en place la transition entre le nouveau gouvernement et celui de sa gracieuse majesté. C’est au cœur des ors et des apparats, dans l’effervescence des petites mains s’activant pour recevoir le dernier Vice-roi que se noue le fil de notre histoire. Dans les coulisses les grands de ce monde se confrontent à un cruel dilemme : la partition ou non d’un pays où les dieux foulant le sol enfantaient des champs de fleurs. Il est à parier que les hommes créeront des chants de douleurs. Confronté au jeu de l’ombre et de la lumière, Mountbatten tente de trouver un compromis satisfaisant pour garder l’Inde unie mais finit par découvrir une vérité qui n’est pas pour lui plaire. Si Gandhi refuse toute idée de partition, portée par Muhammad Ali Jinnah, chef de la ligue musulmane rêvant d’un état pakistanais depuis longtemps, au congrès indien, Nehru se résout à l’accepter et la fait voter. Pendant que la décision de déchirer l’Inde en deux parties devient évidente, une autre histoire se joue. Dans la foule des innocents, deux jeunes gens, Aalia une jeune musulmane, et Jeet, un jeune hindou, tentent de vivre leur amour dans un monde où leurs communautés s’entre-tuent. Le rêve de paix et d’amour de Gandhi vole en éclat et le monde n’a pas fini d’en mesurer les conséquences.

C’est la réalisatrice de la romance bollywoodienne et occidentale, Gurinder Chadha, remarquée avec « Joue-la comme Beckham » et « Coup de foudre à Bollywood », qui est choisie par la BBC pour tourner cette histoire. Elle compose une fresque où l’Angleterre se tire plutôt bien d’une situation qu’elle a créée avec sa politique colonialiste. On retrouve l’esprit de Richard Attenborough mais sans en avoir la pertinence politique. Visuellement, c’est le retour du cinéma grande fresque avec ses ors et ses images dépaysantes, dans l’esprit de « La cité de la joie » de Dominique Lapierre pour le quartier des serviteurs.

« Le Dernier Vice-Roi des Indes» se veut une fresque didactique et populaire, évitant les compromis. C’est un choix qui ne nuit pas au récit et permet à la réalisatrice de placer sa romance entre deux cœurs meurtris par cette partition. Dans ce choix bon enfant, elle glisse que Churchill avait déjà programmé de couper l’Inde en deux. Elle montre les effets pervers de la partition sur une population qui malgré tout arrivait à s’entendre, Aalia et Jeet viennent du Penjab où les deux communautés s’entendaient malgré leurs différences La colonisation, en montant les communautés entre elles, a installé les prémices de cette haine qui éclate. Nous imaginons mal ces millions d’âmes jetés sur les routes, abandonnant leurs maisons, leurs racines, pour se retrouver en exil.

Gurinder Chadha passe avec harmonie, et dans l’esprit de la non-violence de Gandhi, d’un sujet à un autre permettant un accès tout public. Elle montre la difficulté de Mountbatten à conduire une ligne politique dont il finira par comprendre qu’il n’était qu’un pion sur l’échiquier du monde. Hugh Bonneville endosse le rôle de ce dernier avec tout le talent que nous lui avons découvert dans « Downton Abbey ». La surprise vient de Gillian Anderson, « X Files », complètement métamorphosée et remarquable dans le personnage méconnu d’Edwina Mountbatten. Plus que le jeu sombre de la misère et du chaos, Gurinder Chadha nous révèle la figure d’Edwina, femme humaniste et volontaire. C’est l’originalité de cette première fresque réussie d’un cinéma qui depuis Cecil B. DeMille nous fait rêver en technicolor.

Patrick Van Langhenhoven