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affiche Le Consentement

Le Consentement

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Un film de Vanessa Filho,
Avec Jean-Paul Rouve, Kim Higelin, Laetitia Casta ,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h58
France

En Bref

Paris 1985, c'est peut-être l'été ou l'hiver, une jeune fille de 15 ans rencontre un écrivain célèbre. C'est l'innocence qui s'éveille à la littérature, aux sens, au corps, à l'autre. C'est la route de toute une vie dans les pas des écrivains célèbres, Balzac, Zola, Hugo, etc. C'est construire l'adulte de demain, avec ses convictions, ses batailles. C'est une jeune fille timide, curieuse, cultivée qui lit beaucoup, la fragilité d'une biche apeurée que l’ogre condescendant dépouille et dévore. L’animal enserre sa proie, l’étouffe dans un idéal plus grand que le rêve d’un Roméo et Juliette. Sauf qu’ici, Roméo n’est pas ce jeune homme des contes de fées, utopie de l’amour romantique, cet obscur objet du désir au sujet duquel se perdent les jeunes amants des légendes, la fièvre des corps brûlants des incendies de 17 ans. C'est le monstre des contes qui piétine l’innocence et ne laisse qu’une amertume, une douleur que le temps n’effacera pas. Pire, il détruit la promesse de l’aube, d’un printemps annonçant les saisons de la vie, les saisons du plaisir qui n’auront même pas le goût de l’hiver, juste celui de la mort. Vanessa sortira du cercle maudit par l'écriture. Est-ce que cela sera suffisant pour retrouver le chemin de l'été ?


« Pourquoi suis-je donc revenue et seule au détour de ces rues. J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche. » Barbara (Mon enfance).Rendre compte, toucher au plus juste avec l’histoire sordide d'une jeune fille envoutée par le pire des prédateurs. Ce n'est pas un conte de fées mais bien une réalité. Gabriel Matzneff est un auteur réputé, adulé par une certaine de nombreuses personnalités célèbres, mensualisé par le groupe Gallimard jusqu'en 2014. Dans son Dictionnaire amoureux des écrivains d'aujourd'hui chez Plon, Frédéric Beigbeder dit : « Ce dragueur d'ados ne nous a jamais menti mais nous ne l'entendions pas, au contraire, nous nous gaussions de ses frasques, que nous pensions imaginaires ; les démons sont séduisants quand ils boivent du Haut-Brion en citant Sénèque. Désormais, nous devrons vivre avec le poids de la honte rétroactive et d'une réprobation morale généralisée, qui ignore la notion de pardon. » Il existe bien des choses intolérables, et les intellectuels de cette époque le savaient. L’histoire nous montre comment le mal prend une forme sympathique pour subjuguer la jeune fille et la dévoyer. Timide, fragile, innocente, magnifiquement jouée par la jeune Kim Higelin. Elle tombe à cause de sa passion pour l'écriture dans les serres de Matzneff. La mise en scène prend la voie du silence, la force et la profondeur des mots, dans un jeu d'échos entre l'emprise et l'envoutement.

« Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie. Et ne dort jamais mon enfance » Barbara.

Par la fenêtre de la chambre, elle regarde des jeunes rassemblés dehors. Une réunion d'adolescents de son âge au café. Elle saisit la perte de l'enfance, habituellement les derniers jours avant de devenir adulte.  La séquence de la cour de récréation où les gamins se lancent des bombes d’eau avec, en bande son, les mots de la lettre perverse appelant à des pratiques nauséabondes. Comme celle de la chambre d’hôpital où le monstre explique, à travers la caricature d’un psy, sa technique, son piège. Dehors, les ados jouent à des jeux de leur âge, à l’intérieur, Vanessa subit le poids d'un corps. Chaque image est pesée, des scènes érotiques à l'errance d'une jeune fille dans la ville, forêt de l'ogre, hubris. Les mots résonnent encore dans notre esprit en sortant de la salle, décomposant une symphonie de l'horreur, machine perverse du prédateur qui fera plus d'une victime. Plus d'une jeune fille succombe, se noie et meurt dans le couchant d'un horizon gâché, sans amour. Jean-Paul Rouve, métamorphosé en sosie de Matzneff, dévoile un jeu d’acteur remarquable et troublant pour dénoncer un ogre.
Matzneff est subtil, pernicieux, il charme, avance lentement sur la valse des tentations d’un ailleurs magique, d'un amour onirique, divin. Un monde qui vous transporte dans les limbes de l’inconscient, territoire où la candeur se noie dans l’oubli et meurt. Quand la vérité se dévoile, comme dans les contes, l’horreur montre son visage ignoble et ravage le cœur de la jeune innocente bafouée, découvrant que les prairies ne sont que des tombeaux purulents, immondes. La réalisatrice a la bonne idée de finir sur la rédemption par l'écriture et l'émission Apostrophes avec Matzneff et la Québécoise Denise Bombardier qui a le courage de dénoncer le pédophile. Cet extrait kafkaïen complète le récit de la réalisatrice et de l'autrice qui, comme le dit François Busnel à propos du livre de Vanessa Springora : « C'est beaucoup plus fort que le jugement. Ce sont les faits. » C'est prendre le chasseur à son propre piège et l’enfermer dans un livre. La chanson de Barbara, Mon enfance, achève de nous troubler. Nous sortirons de la salle sans comprendre comment la société a pu mettre sur l'agora de la Cité, publié, comme pour d'autres, des récits immoraux. C'est sans aucun doute le pouvoir du cinéma de nous interroger sur le monde et le changer.

Patrick Van Langhenhoven

L'avis d'Aline Minchella

La question de savoir si la littérature peut servir de bouclier au crime est un débat qui a suscité l'intérêt de nombreux journalistes il y a 30 ans, et qui continue de nos jours. Gabriel Matzneff, écrivain prolifique né en 1936, a rapidement connu le succès grâce à ses romans. Récompensé à de nombreuses reprises, ses écrits ont été appréciés et reconnus, mais à quel prix ? Celui du traumatisme infligé à ses muses ? En effet, Gabriel aime écrire sur ses relations amoureuses avec de très jeunes filles, à peine majeures, ce qui, pendant des années, ne semblait pas déranger.

L'une de ces jeunes filles, Vanessa Springora, a finalement brisé le silence quelques années plus tard. Leur romance est devenue le sujet d'une adaptation cinématographique réalisée par Vanessa Fhilo en 2023, intitulée "Le Consentement", avec Jean Paul Roove, Kim Higelin et Laëtitia Casta dans les rôles principaux. Ce long métrage, porté par un ton très juste et le fabuleux travail des acteurs, aborde de manière sensible cette histoire d'amour pédérastique, plongeant ainsi le spectateur au cœur de cette réalité troublante.

Il est important de souligner que cette histoire met en lumière les questions complexes entourant l'éthique et la responsabilité des écrivains. Peut-on séparer l'œuvre de l'artiste ? Peut-on justifier ou excuser des actes répréhensibles au nom de la liberté artistique ? Ces interrogations suscitent des débats passionnés et soulignent l'importance de la réflexion critique sur le rôle de la littérature dans notre société.

Il est essentiel de prendre en compte les conséquences de nos actions et de nos écrits, en particulier lorsqu'ils touchent des sujets aussi sensibles que les relations intergénérationnelles et le consentement. La littérature peut être un puissant moyen d'expression et de compréhension, mais elle doit également être utilisée avec responsabilité et respect envers les autres.
Aline Michella

Note du support : n/a
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Titre français : Le Consentement
    Réalisation : Vanessa Filho
    Scénario : Vanessa Filho avec la collaboration de Vanessa Springora & François Pirot, d'après le livre de Vanessa Springora
    Photographie : Guillaume Schiffman
    Montage : Marion Monestier
    Musique : Olivier Coursier et Audrey Ismael
    Sociétés de production : Moana Films, Windy Production
    Sociétés de distribution : Pan européenne, SND International
    Budget : 3,7 millions d'euros
    Pays d'origine : France
    Format : Couleurs
    Genre : drame
    Durée : 118 minutes
    Date de sortie : 11 octobre 2023
    Classification : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement lors de sa sortie en salles,  moins de 16 ans à la télévision.


Distribution
    Kim Higelin : Vanessa Springora, jeune
    Jean-Paul Rouve : Gabriel Matzneff
    Laetitia Casta : la mère de Vanessa
    Élodie Bouchez : Vanessa Springora (2013)
    Jean Chevalier : Youri
    Lolita Chammah : La meilleure amie de la mère
    David Clavel : Michel
    Agathe Donne : Christiane (dîner 1985)
    Christophe Grégoire : Bernard (dîner 1985)
    Doby Broda : Muriel (dîner 1985)
    Benjamin Gomez : Le Libraire
    Irène Ismaïloff : La concierge
    Anne Loiret : La professeure de latin
    Lilas-Rose Gilberti : Camille
    Tanguy Mercier : Julien
    Selma Tamiatto : Clothilde
    Lou-Ann Trabaud : Agnès
    Héloïse Bresc : Audrey
    Eloi Léger : Nico
    Ferdinand Redouloux : Corentin
    Manon Le Bail : Eva
    Donovan Fouassier : Olivier
    Raphael Romand : Ronnie
    Victor Fruhinsholz : Samuel
    Noam Morgensztern : Jean-Didier Wolfromm
    Félicien Juttner : L'amant de la mère de Vanessa
    Julien Bensenior : Le pianiste de l'anniversaire
    Marie-Christine Letort : Isabelle (dîner brasserie)
    Christophe Kourotchkine : Eric (dîner brasserie)
    Alain Fromager : Alain (dîner brasserie)
    Sébastien Pouderoux : Le père de Vanessa
    Manuel Durand : Le gynécologue
    Miglen Mirtchev : Emil Cioran
    Françoise Gazio : Simone Boué, l'épouse de Cioran
    Anne Benoît : La professeure de français
    Juliette Gasquet : Cécile
    Lorys Thévenet : Justin
    Malvina Héraud : Enquêtrice Brigade des mineurs
    Félix Kysyl : Enquêteur Brigade des mineurs
    David Sighicelli : Le médecin de Gabriel
    Gérald Maillet : Le directeur d'antenne
    Philippe Briouse : Le présentateur d'émission
    Lilea Le Borgne : La jeune admiratrice de Gabriel
    Sandy Afiuni : Julie
    Mado Jouannet : Amie de Julie
    Noé Guery : Ami de Julie
    Josiane Pinson : Marie (dîner 2013)
    Francis Lombrail : Olivier (dîner 2013)
    Marie Rémond : Anne (dîner 2013)

    Nicolas Bridet : Alexandre (dîner 2013)