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affiche Le Client

Le Client

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Un film de Asghar Farhadi ,
Avec Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h50
Iran

En Bref

     Un tremblement de terre et le vieil immeuble se lézarde au cœur de Téhéran. Emad et Rana, un jeune couple, se retrouvent à la rue. Impossible de continuer à habiter cette maison en sursis. Grâce un ami, Babak, ils trouvent refuge dans un petit appartement occupé autrefois par une locataire partie depuis. Il reste bien les affaires de l’ancienne locataire et de son fils qu’il faudra caser ailleurs. Sur ce point, Babak semble évasif sur sa personnalité. Ils apprendront par les voisins que c’était une personne aux mœurs légères. Il est trop tard pour changer de lieu et leur ami minimise l’affaire. Babak semble de confiance. Ils montent ensemble une pièce que la censure iranienne doit valider, La mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller.

Leur vie se déroule sans histoire entre les cours à l’université d’Emad, l’installation de leur nouveau nid douillet pour Rana et la création de la pièce. Un incident vient bouleverser cet équilibre. Un soir, un ancien client s’infiltre dans l’appartement et agresse Rana. Ils refusent de porter plainte et peu à peu, ce drame vient ébranler comme le tremblement de terre la vie du jeune couple. Pour retrouver l’équilibre du bonheur perdu, Emad se lance dans une enquête pour retrouver le coupable et le faire expier. Est-ce qu’il n’est pas trop tard pour refaire les fondations d’une histoire qui se fissure comme la ville en mutation ?


Après Le Passé intermède français magnifique, le réalisateur revient sur ses terres natales. Le client tourne autour de la honte, de l’humiliation dans un pays où elle reste un pilier de la société. Dans la première partie, il regarde ce pays qui se transforme, une ville que l’on ne reconnaît plus, en complète évolution. Le jeune couple quitte les quartiers du centre pour la périphérie en mutation. Cette histoire simple nous permet de fouiller les cœurs des personnages jusque dans leurs recoins les plus profonds. Face à cette agression, chacun réagit à sa manière pour tenter d’oublier ou de guérir. Chacun emprunte un chemin différent pour effacer cette honte, cette humiliation. Rana, la plus marquée dans son âme et sa chair, tente de reprendre sa vie en main, de retrouver le fil de l’oubli. Emad ne peut se résoudre à la suivre. Il traque le coupable pour l’humilier à son tour. Peu à peu, le couple comme l’immeuble du pays et peut-être le pays par extension, se fissure, se disloque et finit par se perdre dans une dernière séquence sublime.

C’est le regard porté sur un couple peinant à trouver sa place au sein de la société et peut-être d’un pays au sein du monde. Tout nous renvoie aussi à la pudeur, ce que l’on montre ou pas, du corps, de la société, du pays. Homme de théâtre, Asghar Farhadi place en écho la pièce d’Arthur Miller, Mort d’un commis voyageur. L’auteur la résume par l’histoire d’un homme prêt à sacrifier sa vie pour préserver sa dignité humaine. Cinéma et théâtre se répondent dans deux mises en scène, et deux regards différents qui se retrouvent sur le fond du sujet. A la fin, la vie et le jeu de l’acteur finissent par se confondre. Lors d’une scène, le couple réinvente le texte pour régler ses conflits. Cet espace pourrait être celui de la réconciliation mais il devient, de par le thème de la pièce, celui de la dissolution. J’ai vu la fin comme un hymne au pardon, mais chacun pourra se l’approprier de façon différente. Comme toujours chez le réalisateur, c’est le prétexte à regarder cette société qui se transforme.

Comme le dit le réalisateur dans l’interview, la ville paraît méconnaissable, éventrée, en plein changement. L’humiliation et la honte reviennent sans cesse sous de nombreuses variations comme cette séquence avec le portable d’un étudiant d’Emad. Cette scène pose la question du futur et du désir d’un enfant quand il préfère son portable au cours de littérature. De la même manière, la révolte sociale apparaît en arrière-plan léger, mais présent. La pièce en dit long sur le traitement de la culture en Iran où la censure doit valider la mise en scène, restreinte à des aspects culturels qu’elle doit transcender. Une fois de plus, à sa manière simple mais profonde, Asghar Farhadi nous entraine au cœur d’un pays où notre imaginaire en prend un coup.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support :
4
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format DVD-9
Langues Audio : Français , Persan Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Edition : Memento

Bonus:

Making of (23')

  • Interview de Asghar Farhadi
  • Bande-annonce

Titre original : Forushande)

    Titre original non latin : persan : فروشنده

    Titre anglais : The Salesman

    Titre français : Le Client

    Réalisation : Asghar Farhadi

    Scénario : Asghar Farhadi

    Production : Alexandre Mallet-Guy, Asghar Farhadi

    Pays d'origine : Iran

Directeur de la photographie Hossin Jafarian

Chef monteur Hayedeh Safiyari

Chef décorateur Keyvan Moghadam

Directeur de production Hassan Mostafavi

1er assistant réalisateur Kaveh Sajadi Hosseini

Assistant réalisateur Amin Khankal

Assistant réalisateur Somaeh Mir Shamsi

Chef costumier Sara Samiee

Cadreur Peyman Shadmanfar

Scripte Parisa Gorgen

Photographe Habib Majidi

Ingénieur du son Hossein Bashash

Mixage Mohammad Reza Delpak

Chef maquilleur Mehrdad Mirkiani

Dates de sortie : 21 mai 2016 (Festival de Cannes) 9 novembre

Distribution

    Shahab Hosseini : Emad

    Taraneh Allidousti : Rana

    Babak Karimi : Babak

    Farid Sajadhosseini :

    Omid Abolpour :

    Mina Sadati : Sanam