Le ciel étoilé au-dessus de ma tête

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Un film de Ilan Klipper ,
Avec Laurent Poitrenaux, Camille Chamoux, Marilyne Canto,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h17
France

En Bref

Bruno soliloque comme une marionnette sans fils ayant perdu le contrôle de sa vie. Il marmonne quelques bribes de paroles, baise de temps en temps en sélectionnant sur le net ses amies de passage. Il rêve, croise son regard dans la glace, son ombre glissante sur les murs. Il existe, bon Dieu ! Il n’est pas rien ! Il n’était pas rien hier ! Il y a vingt ans, on saluait l’auteur naissant comme une promesse de révolution. Il bouleverserait le monde. Il existe un avant et un après. Après, la vague est morte sur la plage. Elle perd de sa rage, quête l’idée, le spleen gagne le cœur de l’auteur. Il griffonne, chiffonne, tape quelques mots qui s’élancent et dansent dans sa tête. Il ne reste plus que sa colocataire, une jeune Femen en lutte, pour croire à ses histoires. L’auteur s’enfonce, dans son esprit comme dans sa tanière pour mourir au cimetière des éléphants si personne n’agit. C’est alors que débarquent les parents, son meilleur ami, son ex, une femme mystère. Est-ce une visite de courtoisie, la fin du drame ou un aller simple pour ailleurs…

« Il y a un avant et un après le ciel étoilé au-dessus de ma tête ».

Pour son premier long métrage de fiction, Ilan Klipper se classe parmi les réalisateurs insaisissables, comme Antonin Peretjatko, La loi de la jungle, Vincent Macaigne, Le réconfort. Nous rajouterons Laetitia Dotsch, actrice, Antony Cordier, Gaspard va au mariage, Vincent Dietschy, Didine, Thomas Salvador, Vincent n’a pas d’écailles. Ils mélangent les genres et les tricotent à leur manière pour nous proposer des films inclassables. Comédie, tragicomédie, drame, Le ciel étoilé au-dessus de ma tête est à la fois tout cela et rien de tout cela. Il existe autant de versions que de spectateurs, chacun trouvera un sens particulier à cette histoire. La réalité et l’imaginaire fracassent les codes pour nous entrainer dans un surréalisme qui n’aurait pas déplu au père du mouvement.

Il déniche peu à peu sa propre voie, écrit son histoire en puisant dans le regard de chacun de nous. Est-ce le voyage au cœur de la dépression, d’un homme rempli de promesses sombrant peu à peu dans l’enfermement ? L’appartement représente son esprit. Entre l’ordre et le désordre se dévoile un no man’s land, passage, frontière de la raison. Au-dessus, une colocataire joue un rôle plus important qu’il n’y paraît dans ce chaos. Est-ce la dernière partie saine avant de couler dans l’océan ? Tout passe du réel à l’imaginaire et au symbolique sans que cela ne nous étonne, emporté dans la narration particulière du réalisateur. Les parents, le meilleur ami, l’ex et cette femme mystère, psy, amoureuse, sont-ils la réalité ? Ils représentent peut-être la dernière part de réalité que Bruno convoque avant la folie. Laurent Poitrenaux, acteur de théâtre, compose un nouvel hurluberlu, une nouvelle figure bizarre de la comédie surréaliste française, avec talent.

Il noie le spectateur, passant d’un état mental à un autre en un souffle. Ce huis clos d’un homme au bord de la crise de nerfs s’ouvre sur l’infini de notre esprit, emporté dans son délire. Chacun éclaire une part de l’âme de Bruno, des parents envahissants, mère tenant trop de place, ex devenue la terre des regrets, ami de toujours présent et une colocataire libertaire. Il reste la psychiatre, échappant peu à peu, elle aussi, à la réalité pour basculer de l’observation à l’implication. Cette romance que Bruno imagine avec elle, est-ce le parcours obligatoire de la relation patient psy ? Bruno invente tout et il n’existe plus qu’un homme emmuré dans son antre comme dans son esprit ou bien autre chose que nous ne comprenons pas. Il reste pour le spectateur un voyage au cœur de l’étrange, interrogeant son moi profond sur le sens de la folie.

Patrick Van Langhenhoven