Le chêne

___

Un film de Michel Seydoux, Laurent Charbonnier ,
Avec les animaux du chêne,

Genre : Documentaire
Durée : 1h20
France

En Bref

C’est un vieux chêne de 210 ans au bord d’un lac. Il dresse ses ramures sauvages entre ciel et terre. Il marque l’avant-garde de la forêt profonde. Celle-ci tisse un horizon de verdure en toile de fond à ce solitaire débonnaire. Le vieux chêne subit l’assaut des saisons et des rares tempêtes, sans fléchir. Son feuillage émeraude naturel caresse le ciel, ses racines s’ancrent dans la terre puisant de plus en plus en profondeur l’énergie du géant. Nous allons découvrir la vie, au fil du temps, de ce roi majestueux. Le cœur battant de la végétation, des racines aux champignons et balanins, ces insectes en osmose avec lui. Dans ses branches, d’autres invités tressent leur nid. Un écureuil farceur, une chouette hulotte, des geais, et plus bas, des fourmis et une famille de mulots. Tout ce petit monde profite de ses largesses et de sa protection. Parfois, d’autres invités passent, oiseaux migrateurs, rapaces en quête de nourriture, renard curieux, sangliers, etc. Au fil de saisons, nous en apprendrons autant sur nous-mêmes et notre rapport à la nature que sur ce vieux chêne plus que centenaire.

Le documentaire a bien évolué et explore d’autres territoires. Les animaux deviennent les acteurs de fictions de la vie, comme le végétal. C’est sans doute grâce aux nouvelles découvertes que l’homme comprend mieux la présence du végétal. Tout est partage, chacun possède un rôle à jouer. Au fil des saisons, Le chêne nous apprend le subtil équilibre entre lui, les animaux et l’humanité. Le chêne met tous nos sens en éveil. Pour la première fois, nous suivons un arbre de l’été au printemps suivant. Dans ce nouveau genre du documentaire « végétal » Le chêne explore un nouveau pays. La mise en scène choisit le chemin de la poésie du vivant et du réalisme. Sans paroles, les images suffisent à nous raconter le temps qui passe et la vie qui bâtit.

De l’infiniment petit à l’infiniment grand, nous plongeons au cœur des racines, véritable exploit, nous suivons du regard des balanins, insectes passant leur temps à se reproduire. Nous tremblons quand la pluie envahit le terrier des petits mulots. Nous assistons à la naissance de la vie, à la chouette hulotte, sage spectateur de ce petit monde sauvage. Le doc évite les séquences chocs pour construire un poème du vivant. Il nous rappelle dans sa forme ce magnifique documentaire lituanien Dans les bois. Le poids des images est accompagné par une photographie magnifique et un jeu de lumières, écho des saisons qui passent. C’est un voyage qui explose sur grand écran, éclate de toute sa merveille dans notre âme. C’est un monde à préserver. Dans le climat actuel, de plus en plus prenant, de notre survie à envisager, il devient une belle leçon. Il ramène notre égo à plus d’humilité et à la nécessité de préserver notre monde avant qu’il ne soit trop tard.

C’est un travail de patience énorme pour saisir au plus juste le vivant. C’est une nouvelle voie du documentaire ouverte par Francis Perrin. C’est bien mieux qu’un film de super héros. Toute la famille, du plus petit au plus grand, trouvera ses marques et son message. Le chêne c’est aussi pour nos forêts profondes le premier arbre, celui des origines. Sa symbolique de puissance, de pérennité, de justice avec Saint Louis accompagne l’humanité depuis la nuit des temps. Laissez-vous emporter dans ce voyage sensoriel jusqu’au cœur de la vie.

Patrick Van Langhenhoven