Les vicissitudes de la vieillesse, la mort des proches, la maladie, les déambulateurs dans les allées de l'hommage au dernier disparu, la mort nous ramène à la vie au temps qu’il reste  à parcourir. Il faudra ne jamais être seul dans le dernier soleil couchant. Il est temps, buvons encore une dernière fois, à l'amitié l'amour la joie, comme le dit la chanson ! C'est ainsi, qu’au dernier enterrement, Billy décide de passer le cap et d'épouser la jeunette de 30 ans de moins que lui avant que le temps ne jette une poignée de terre sur le tout. 

Le quatuor de Brooklyn se reforme pour une dernière virée d'enfer dans les néons de la nouvelle Sodome. Direction Las Vegas et nos amis, Paddy, grincheux, Billy, charmeur  surnommé l'enflure, Archie, joyeux, et Sam, timide, souhaitent s'éclater comme au bon vieux temps où les couches-culottes étaient un vieux souvenir. Il pourrait bien revenir. Pas question de passer son temps devant les machines à sous en ronflant, la main figée dans l'instant fugace de l'éternité. À eux la belle vie, et les petites pépées, le stupre et le luxe. 

Ils croisent la route d'une chanteuse à l'esprit caustique qui risque peut-être de changer leur séjour et leurs vies. 

La question est de savoir si l’on peut, à la porte du pays d'Hadès, retrouver sa jeunesse, revenir en arrière ou s'assumer tel que l'on est. On ne possède plus le coup de poing facile, finie la bluette avec la petite jeunette. Est-ce bien raisonnable d’épouser une fille de l'âge de sa fille ?  Elle vous épouse pourquoi d'ailleurs ? Le fric ou votre physique de papy aux cheveux couleur du sommet du Fuji Yama. Il existe un temps pour tout y compris accepter la dernière ligne droite et foncer pour se saouler de l'aube du monde. C'est l'occasion de remettre les bons vieux sentiments sur la table, car au black jack de la vie, quand vient le temps de fermer les paupières une dernière fois, il restera l'amour et l'amitié. Nous devons nous demander qui emporter dans notre mémoire, un bon vieux coucher de soleil sur le monde, le solde d'un compte en banque ou simplement un ou plusieurs visages aimés. La morale de cette histoire c'est qu'il suffit simplement de s'accepter comme on est, ni plus ni moins. 

C'est aussi le temps de remettre les comptes à zéro, de solder les passifs. Accepter avec le temps la vérité, nue comme Ève au premier jour du monde, ne voir que sa beauté et l'onde du temps pour s'appuyer sur la canne des souvenirs et marcher heureux vers la lumière. Last Vegas nous offre une comédie bien sympathique où nos quatre stars s’amusent de leur personnage sans forcer le trait, dans la bonne humeur d’une comédie ordinaire, mais bien ficelée. De Niro nous ressert le papy ronchon qui finit par prendre conscience qu’à la porte de la dernière demeure, il faut pardonner. Michael Douglas demeure excellent dans son rôle de beau gosse qui finit par comprendre qu’une femme de son âge, cela a du bon. Morgan Freeman campe un ressuscité, après son dernier infarctus, il est temps de prendre du bon temps. Enfin, Kevin Kline joue le vieux couple encore accro, qui face à la tentation ne franchira pas le Rubicon. Chacun trace le portrait idéal de la vieillesse assumée et partagée. C’est justement en assumant son thème et en évitant de nous emporter vers Very Bad Trip façon troisième âge que le film gagne en profondeur. Le trait est léger, chacun s’amuse de sa propre caricature pour une comédie enjouée et plaisante. Le réalisateur nous offre une mise en scène sans surprise, soleil et plaisirs de la vie, rythmée par le temps qui passe.   

 Patrick Van Langhenhoven

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