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affiche Lands of Murders

Lands of Murders

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Un film de Christian Alvart,
Avec Trystan Pütter, Felix Kramer, Nora von Waldstätten,

Genre : Policier
Durée : 2h09
Allemagne

En Bref

Le ciel se couvre, la nuit approche à grands pas, le diable rit dans l’ombre ! Qui a ouvert la boite de Pandore et libéré l’ombre au cœur de la lande, ouvert une porte aux démons, là où survivent les hommes ? C’est la fin du Mur et des années noires, le début de la démocratie. Deux flics se retrouvent à enquêter dans ce coin perdu de l’Allemagne. Les disparitions de deux jeunes filles innocentes que l’on dit faciles n’intéressent pas grand monde. Patrick Stein débarque de la ville, puni pour avoir dénoncé un système corrompu, trop fouiné dans l’arrière-cour.

Markus Bach, son collègue, demeure une énigme. Ancien de la Stasi ou victime ? Patrick se demande jusqu’où il  trempe sa main dans le bain de sang de la machine totalitaire. Deux chevaliers au cœur du marais pour traquer le diable et sauver d’innocentes gamines de la perversion d’un monde, quand le démon mène le bal des tentations perfides. Ils se retrouvent confrontés à la paysannerie, aux traditions, à un certain mysticisme Les paysages s’étendent dans l’immensité infinie pour épouser l’univers. C’est dans ces marigots d’eau sale que l’on retrouve les deux corps, lacérés, souillés, salis par la main de l’homme.

C’est dans ces fermes perdues que les tentations inavouées deviennent avouables, à l’ombre de l’oubli. Ils devront plonger au cœur de l’enfer pour vaincre la bête noire et nauséabonde. Elle n’est autre que le cœur des ténèbres d’une humanité libérée du carcan de la dictature avec ce mur tombé. Les corbeaux ne passent plus, la mort ne viole plus les vivants mais retourne se perdre dans l'ombre de la foule


Lands of Murders est la copie conforme à une image près de La Isla Minima. La lumière de l’Andalousie laisse la place à la noirceur des paysages du fin fond de l’Allemagne, les marais prennent une couleur plus sombre. L’automne et la chute du Mur, personnifiée par les usines délabrées, remplacent les couleurs de l’été andalou. Sur la même trame, c’est un autre film qui prend forme et raconte une histoire bien plus noire. L’incertitude est encore plus profonde. La chute du Mur et sa cohorte d’espérances s’estompent pour les territoires de l’ignorance. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. C’est dans cette terre de mythes que le diable s’invite à la table des profiteurs, des innocents, des hommes l’ouest, avides. 

Lands of Murders possède le même regard sur la noirceur de l’humanité et son duo de flics, que La Isla Minima. Il s’apparente aux contes de notre enfance, des jeunes filles innocentes, vierges, disparaissent, envoutées par la voix de la bête. Deux chevaliers luttent contre la pesanteur des traditions, le poids d’un passé qui reste encore dans le cœur de l’homme. Il leur faut revêtir leur armure et plonger au cœur du marais pour affronter le dragon noir. Plonger dans l'âme noire du monde, la fosse où croupissent les rancœurs cachées, les parcelles de misère jetées à l'oubli.

L’endroit symbolise notre conscience intérieure, notre inconscient où gisent le bien et le mal, lovés dans un cercle yin et yang. Le marais, lieu nauséabond, putride,  mais aussi ici celui des oiseaux blancs dans le ciel. Nous imaginons facilement cette dernière image suggérée de la fin, quand la terre redevient fertile. Les princesses vierges sont vengées, libérées du carcan du mal. La terre peut de nouveau recevoir la semence et se couvrir du blond des blés. Plus que le combat extérieur, c’est celui de leur conscience face à la noirceur d’un monde qu’ils pensaient révolu. Il plane l’ombre de l’ex-RDA et du Mur dans une Allemagne réunifiée.

Ces crimes renvoient aussi à ceux du passé commis par les chiens fous de la dictature. A la fin, Patrick oscille entre le choix de l’oubli ou celui de ressasser, porter une croix et gravir, comme Sisyphe, son Golgotha éternellement. L’enquête transforme leur vision du monde et leur âme profondément. La bête qui sommeille en nous attend la nuit et l'ombre pour se relever et grogner. Les victimes, toutes des femmes, des jeunes filles, avec la mère attirent notre attention sur leur place au sein de la société. Elles rêvent de s'envoler, de quitter le nid, de s’émanciper enfin dans un espoir de démocratie balbutiante, loin d'un monde fermé et sans avenir. Elles rejoindront la ville des lumières où meurent les papillons éphémères, brûlant leurs ailes aux lumières scintillantes.

Le film s’achève sur deux lieux symboliques, une maison abandonnée comme le pays qui reste à reconstruire et un barrage d’où l’eau s’échappe pour nourrir les champs fertiles. C’est la fin d’une époque où les noirs desseins veillaient sur le pays. La dictature s’achève dans le sang et la fin de l’innocence. Désormais, nous savons et nous devons vivre avec. Lands of Murders devient bien plus qu’un polar noir, il est le chant de rédemption d’un pays jeté à terre qui se relève et crie sa soif de vivre. Cette nouvelle version nous démontre que la même histoire peut raconter deux choses différentes, entre ombre et lumière, avec talent.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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LISTE TECHNIQUE

Réalisation Christian Alvart

Scénario : Siegfried Kamml, Christian Alvart

Œuvre originale : Alberto Rodriguez, Rafael Cobos

Casting : Suse Marquardt

Musique : Christoph Schauer

Image : Christian Alvart

Montage : Marc Hofmeister

Son : Florian Holzner, Daniel Weis, David Hilgers

Décors : Tim Tamke

Costumes : Ingken Benesch

Maquillage : Sylvia Grave

Production : Siegfried Kamml, Christian Alvart