Elle était là, bien avant qu’elle n’obsède les rêves de l’enfant. La tour sombre maintenait l’ordre de l’univers, peut-être même dans son chaos initial quand il enfantait les étoiles, les planètes et les galaxies. Roland, le pistolero traîne sa vengeance comme une ombre qui le soutient dans sa quête désespérée. Il poursuit l’homme en noir depuis si longtemps que les années ne comptent plus à l’horloge de la destinée. Il ne tient plus debout que par que par elle quand l’enfant d’un autre monde le rejoint, elle est toujours dans son cœur plus forte que tout. L’homme en noir est la face obscure de l’univers, la nuit éternelle, le mal chassé d’un paradis n’existant plus. La chute de la tour l’obsède, elle est comme la vengeance du pistolero. Il forme un cercle où trône la tour en son centre.
Il l’ignore encore, comme leurs destins s’affichant aux confins des étoiles sur une autre terre ; il ne reste plus que le désert et les hordes de survivants sur la leur. L’enfant aux cauchemars appartient à notre monde, mais ici personne ne le comprend. Comment imaginer une tour perdue dans l’immensité des sillons originels, un pistolero dernier survivant de la conquête de l’ouest et un homme en noir échappé des univers de Tolkien ? Jake, l’enfant, est la clé au « shining » si puissant qu’il peut détruire la tour sombre. Les cartes de l’univers sont prêtes à être battues, un enfant et un pistolero en quête d’un homme en noir... C’est l’éternelle histoire du bien et du mal, de la vie et de la mort, des ténèbres et de la lumière. Quand chacun aura accepté son rôle, prendre sa place dans la danse d’éternité les dès, pourront être jetés. Ils roulent encore et encore jusqu’au moment zéro, ainsi oscille le balancier cosmique.
« Celui qui vise avec sa main a oublié le visage de son père. Je vise avec mon esprit. »
Les fans attendaient avec impatience la sortie du premier volet d’une trilogie consacrée à la saga mythique de Stephen King, La tour sombre. Il est fort à parier qu’ils sombrent dans la même haine que le pistolero au vu du résultat. L’accueil général avant sa sortie française est assez dithyrambique. Nous sommes partagés : la franchise que souhaitait mettre en route Sony avec trois films, et une série télé, semble bien compromise. La tour sombre ne mérite pas tant de violence et de rejet malgré tout. Il reste une bonne série B qui pose les bases de la saga et donne envie d’aller plus loin. Roland le pistolero est loin d’être à l’image de son créateur Stephen King, un personnage sorti des westerns de Sergio Leone. Tout n’est qu’ébauche, des personnages jamais poussés dans leurs retranchements, à l’univers prometteur, mais très raccourci. Nous passerons sur la durée : comment faire tenir en si peu toute la complexité et les nuances de lumière et ténèbres de la saga. C’est la réduction à un affrontement entre le bien et le mal, assez manichéen dans son ensemble qui me paraît le plus gros problème.
La tour sombre est un mélange alchimique et magique d’univers et de références déjà mythiques. Le pistolero nait de l’imagerie du Far West et de la conquête de l’Ouest dans un monde où tout est à reconstruire. C’est une société où la survie devient l’essentiel pour pousser les limites du monde. L’homme en noir, comme la tour sombre, jaillit de celui de Tolkien et du Seigneur des anneaux. Cette lutte incessante du bien et du mal où la tour centrale devient le pivot maintenant en équilibre le chaos cosmique. L’enfant appartient à l’univers des contes et celui de Stephen King avec la famille, le pistolet a été forgé dans le fer d’Excalibur. C’est bien plus compliqué et mérite plus que de lignes que nous lui réserverons dans la partie actu. Depuis 2007, le projet est passé entre de nombreuses mains : J. J. Abrams et Damon Lindelof, abandonnent devant la complexité du sujet. Un temps, Ron Howard, Warner et Universal sont sur les rangs pour finir par lâcher l’affaire.
On parle de Viggo Mortensen et Javier Bardem, pour le pistolero et l’homme en noir, on envisage même Russell Crowe. Finalement c’est Sony en quête d’une franchise à la Star Wars qui reprend le bébé en 2015. Le dernier choix tombe sur le réalisateur danois Nikolaj Arcel remarqué pour Royal affair, Ours d’argent à Berlin, choisi pour représenter le Danemark aux oscars. Idris Elba et Matthew McConaughey tiennent leur rôle honorablement sans les pousser dans leurs retranchements ou lui donner le relief voulu. Tout le film prend cet aspect sans creuser son sillon, survolant la saga pour la simplifier au minimum. C’est une bonne approche pour les néophytes qui ne la connaissent pas et voudraient une première approche, un raccourci de l’essentiel, une mise en bouche.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus :
Scénes coupées
la dernière fois l'équipe rend hommage au roman
Le monde a avancé les décors
Stephen King Inspiration du livre au film
un regard à travers le trou de la serrure
le bêtisier
L'homme en noir
Le pistolero dans le feu de l'action
Titre original : The Dark Tower
Titre français : La Tour sombre
Réalisation : Nikolaj Arcel
Scénario : Nikolaj Arcel, Anders-Thomas Jensen, Akiva Goldsman et Jeff Pinkner, d'après le cycle de romans La Tour sombre de Stephen King
Décors: Christopher Glass
Costumes: Trish Summerville
Photographie: Rasmus Videbaek
Montage: Alan Edward Bell
Musique: Junkie XL
Production: Akiva Goldsman, Brian Grazer et Ron Howard
Sociétés de production: Media Rights Capital, Imagine Entertainment, Sony Pictures Entertainment ET Weed Road Pictures
Budget : 60 millions de dollars1
Pays d'origine : Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue originale : anglais
Genres : action, aventure, fantasy, horreur, science-fiction, western
Durée : 95 minutes
Dates de sortie : 9 août 2017
Distribution
Idris Elba (VF : Frantz Confiac) : Roland de Gilead
Matthew McConaughey (VF : Bruno Choël) : Walter Padick / Walter o'Dim, l'homme en noir
Tom Taylor: Jake Chambers
Jackie Earle Haley (VF: Julien Kramer): Sayre
Dennis Haysbert (VF: Paul Borne): Steven Deschain
Claudia Kim (VF: Anne Tilloy) : Arra Champignon
Fran Kranz: Pimli
Abbey Lee (VF: Kelly Morgane): Tirana
Katheryn Winnick (VF: Barbara Beretta): Laurie Chambers
Alex McGregor: Susan Delgado
José Zúñiga (VF: Mathieu Buscatto): le docteur Hotchkiss