Martin se rend en Indonésie pour finir sa thèse d’anthropologie sur un sujet brûlant, l’huile de palme. Il n’est pas question d’avancer à visage découvert mais sous couvert d’une ONG. C’est donc au nom de l’humanitaire que le garçon débarque au cœur d’une des forêts primordiales, poumon de la planète. Martin s’intéresse très vite au sort des Dayaks, héros des romans d’Henri Verne et à la jolie Nila, une militante sans concessions. Ce peuple souhaite vivre en harmonie avec la planète comme les Amérindiens d’Amazonie et d’ailleurs. Le problème, c’est nos sociétés gourmandes, nos lobbies industriels qui, au nom du bien pour tous, nous proposent un produit de substitution, l’huile de palme. Comme un nuage de sauterelles, elle envahit tous nos biens de consommation et remplace le colza, trop cher, dans les biocarburants. Martin assiste à un massacre d’un village Dayak qu’il filme, ce qui le conduit en prison. Carole, sa mère, décide de lutter contre les lobbies, le gouvernement indonésien et les industriels avides.
C’est le combat de David contre Goliath, celui d’une mère contre les Etats et les sociétés qui nous refourguent, pour notre bien, de l’huile de palme à bas prix. Édouard Bergeon est un réalisateur militant qui avait déjà dénoncé, dans un film plus personnel remarquable, Au nom de la terre, la condition des agriculteurs. Cette fois, il s’attaque dans cette fiction, inspirée de faits réels, à un sujet plus universel, l’huile de palme. C’est d’abord un thriller écologique qui nous rappelle les luttes essentielles pour préserver la planète. Nos gestes quotidiens sont aussi importants que la préservation de notre planète, à plus grande échelle. Alexandra Lamy et Félix Moati composent des personnages attachants et militants dans l’âme. Le combat de la mère devra très vite dépasser le cadre de l’Indonésie pour être porté sur la scène mondiale.
Elle devra trouver des alliés, ce qui s’avérera bien difficile. La promesse verte, derrière son sujet écologique, nous rappelle les films engagés, sur un versant plus social et politique des années 70, avec des réalisateurs comme Yves Boisset, Henri Verneuil, Costa-Gavras. Il dévoile un grand cynisme des autorités et des gouvernements devant cette manne financière. À elle seule, l’Indonésie couvre 58% de la production mondiale d’huile de palme. L’Indonésie a perdu plus de 26 millions d’hectares de sa couverture forestière entre 2002 et 2019 (source : Global Forests Watch). Le 27 octobre 2023, la compagnie indonésienne Garuda Indonesia a effectué le premier vol commercial avec du kérosène produit à partir d’huile de palme (à hauteur de 2,4% dans la composition).
Comme nous le rappelle le réalisateur Édouard Bergeon : « Car au-delà du faible prix de production de l’huile de palme, se pose surtout la question de ce qui se cache derrière la promesse des « carburants verts » qui ne proposent au fond rien de durable pour la planète, ni pour les humains. Ce « miracle écologique » repose sur une des cultures les plus écocides de la planète, celle de l’huile de palme. Produire cette huile à l'autre bout du monde s'avère un désastre écologique. Elle implique une déforestation massive, terrible pour l'écosystème local et mondial -la forêt primaire est le poumon de notre planète et un rempart contre le réchauffement climatique. C’est aussi un désastre humain pour les peuples autochtones des forêts tropicales qui se retrouvent expropriés de leurs terres ancestrales. »
Nous voyons bien que la lutte semble perdue d’avance. À ce jour, l’Europe résiste en excluant les biocarburants issus de sous-produits d'huile de palme de la liste des « carburants durables ». A ce jour, notre geste citoyen est de refuser les produits de consommation à base d’huile de palme. Le réalisateur nous emmène au cœur des forêts dans un cinémascope superbe, déployant des paysages magnifiques. Il inscrit dans cet horizon de bois et d’humus une histoire plus intime. Le jeu du mensonge et des compromis fait froid dans le dos, quand une vie vaut moins que de l’huile de palme. En conclusion, méfions-nous de ceux qui veulent notre bien.
Patrick Van Langhenhoven
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Titre original : La Promesse verte
Réalisation : Édouard Bergeon
Scénario : Édouard Bergeon et Emmanuel Courcol
Musique : Thomas Dappelo
Décors : Pascal Le Guellec
Costumes : Anne Schotte
Photographie : Éric Dumont
Son : Philippe Vandendriessche, Alexandre Fleurant et Fabien Devillers
Production déléguée : Christophe Rossignon
Production associée : Philip Boëffard et Pierre Guyard
Coproduction : Patrick Quinet et Édouard Bergeon
Production exécutive : Ève François-Machuel
Société de production : Nord-Ouest Films
Société de distribution : Diaphana Distribution (France)
Budget : 6 millions euro
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur — 2,35:1
Genre : drame, thriller
Durée : 124 minutes
Dates de sortie : 27 mars 2024
Distribution Alexandra Lamy : Carole Landreau
Félix Moati : Martin Landreau
Sofian Khammes : Saïd Ayouche
Julie Chen : Nila Jawad
Antoine Bertrand : Paul Lepage
Philippe Torreton : Manzon
Olivier Ythier: Delors