Cine-Region.fr
affiche La Prochaine fois je viserai le cœur

La Prochaine fois je viserai le cœur

___

Un film de Cédric Anger ,
Avec Guillaume Canet, Ana Girardot, Jean-Yves Berteloot,

Genre : Policier
Durée : 1H54
France

En Bref

La campagne s’étend à perte de vue, humide et froide. Au loin, les arbres morts dressent leurs silhouettes squelettiques vers un ciel noyé de brume. Les sentiers regorgent d’eau, la ville se désole à la couleur de l’hiver et des lueurs pâlottes des réverbères jaunâtres quand vient la nuit. C’est ici, dans ce décor de no man’s land qu’aboutit Alain Lamare, jeune gendarme prometteur, le meilleur lui dira son chef de section. C’est ici aussi qu’erre dans la campagne hivernale un prédateur, porteur de la mort.

Il traque les jeunes filles seules et perdues, en quête d’un eldorado qu’elles ne connaitront jamais si le faucheur les inscrit à son tableau. Une voiture abandonnée, un gendarme piégé et blessé par l’explosion, la première pierre de la longue chasse qui commence. Qui et pourquoi ? La question revient sans cesse, quelques jeunes filles en réchappent. Alitées, elles balbutient des bribes de pistes qui n’aboutissent pas. Lamare pousse ses collègues à se dépasser pour mener la battue, trouver la bête. Ils ignorent que l’animal est tout prêt. Il les côtoie chaque jour, il est des leurs. Peu à peu l’étau se resserre jusqu’au coup de grâce final, mais entre-temps, le mal aura été fait.


Dès le départ, Cédric Anger dévoile le coupable dans une première scène où le visage de la bête apparaît lisse, vide, sans âme. L’homme reste stoïque, sans un trait qui bouge, exprimant la colère, la peur, la mort. Il semble absent, railleur ou insensible à la faux qu’il porte choisissant aux hasards les victimes. La question est de savoir quand et comment les collègues qui le côtoient chaque jour découvriront le visage du diable sous celui de l’ange. Le film s’imprègne d’une atmosphère de bout du monde ou plutôt de no man’s land, cet espace entre les morts et les vivants, entre deux fronts pendant la Première Guerre Mondiale. Bien, mal, hiver, mort, silence, crie, amour, haine, la dualité occupe l’espace et les mots pour dévoiler une vérité qui ouvre d’autres questions. Double personnalité, schizophrénie, besoin de s’affirmer, autant de pistes, de visages qui collent comme des masques parfaits au personnage de Lamare.

Cédric Anger s’amuse comme son acteur de ce jeu du double, le bon gendarme perfectionniste poussant ses collègues à se dépasser pour capturer le salopard qui hante la campagne. C’est le gentil frère ainé castré par une famille stricte autoritaire. C’est l’amoureux de sa femme de ménage n’osant avouer ce sentiment à la jeune femme, difficulté d’une sexualité qui se cherche ? L’autre face du Janus dévoile un homme ordonné, un tueur psychopathe sans faille, même quand il agit par hasard. Il semble maitriser tout au point de nous faire froid dans le dos. Le film oscille entre les tentatives de meurtre, une seule victime et beaucoup de ratés, de jeunes filles abandonnées, biches blessées le long de la route. L’image est froide, sans âme comme le personnage, glacée. Le réalisateur choisit l’hiver pour donner plus de terreur à ce croquemitaine. Guillaume Canet à travers son jeu, nous égare, nous apitoie, jusqu’à la fin nous ne saurons pas.

Alain Lamare représente le gendarme comme le pompier qui met le feu, un type rejeté de son rêve d’intégrer les commandos, le GIGN, l’élite, un schizophrène innocent de ses actes ou un type déterminé conscient et manipulateur. Le procès ne donnera pas de réponse, Alain Lamare à été condamné à l’asile ou il devient un zombie sous calmant. Très vite grâce aux lettres qu’il laisse, sa hiérarchie comprend qu’elle a face à elle un gendarme ou un flic. Le titre vient d’une de ses lettres, il revendique l’agression de Karine Gropiron et annonce qu’il recommencera. « Une fille de 17 ans qui déambule provocamment la nuit est une cible que j’affectionne particulièrement. Karine me connaît, mais elle ne va jamais faire le rapprochement. La prochaine fois je viserai le cœur. Cette lettre n’est pas une confession qui exigerait de nombreuses pages. C’est seulement un avertissement. Transmettez-le. »

Il ira même jusqu'à faire du porte à porte avec son portrait robot, sans que personne en fasse le rapprochement. Le journaliste Yvan Stefanovitch dira, il n’aime pas les autres gendarmes. Il adore les ridiculiser, jusqu'à faire une fausse course poursuite, reprise dans le film. Le film s’arrête à sa capture. Il renoue parfois avec le polar français de la grande époque des années 60,70, Verneuil, un soupçon de Chabrol période le Boucher avec Jean Yanne. Pour son troisième film, Cédric Anger trouve son style et propose un polar dans la veine de Henri, portrait d’un sérial Killer, même froideur et précision dans le regard porté sur le tueur. La prochaine fois je viserai le cœur mélange le portrait d’une société de Province, le film noir, et l’entomologie d’un tueur.

 Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
Support vidéo :
Langues Audio :
Sous-titres :
Edition :


•    Titre original : La prochaine fois je viserai le cœur
    •    Titre provisoire : À l'ombre des forêts
    •    Réalisation : Cédric Anger
    •    Scénario : Cédric Anger, d'après le roman Un assassin au-dessus de tout soupçon d'Yvan Stefanovitch
    •    Décors : Thierry François
    •    Costumes : Jürgen Dœring
    •    Photographie : Thomas Hardmeier
    •    Son : Pierre André, Jean Goudier, Nicolas Dambroise et Florent Lavallée
    •    Montage : Julien Leloup
    •    Musique : Grégoire Hetzel
    •    Production : Alain Attal et Anne Rapczyk
    •    Sociétés de production : Sunrise Film et Les Productions du Trésor ; Mars Films et Caneo Films (coproductions)
    •    Société de distribution : Mars Distribution
    •    Pays d'origine : France
    •    Format : couleur - 2.35 : 1
    •    Langue originale : français
    •    Genre : polar
    •    Durée : 111 minutes
    •   
Distribution
    •    Guillaume Canet : Franck
    •    Ana Girardot : Sophie
    •    Jean-Yves Berteloot : Lacombe
    •    Patrick Azam : Tonton
    •    Arnaud Henriet : Locray
    •    Douglas Attal : Nono
    •    Piérick Tournier : Carpentier
    •    Alexandre Carrière : Ossart
    •    François-Dominique Blin : Niel
    •    Franck Andrieux : Auzier
    •    Arthur Dujardin : Bruno
    •    Alice de Lencquesaing : Melissa
    •    Hélène Vauquois : la mère de Franck
    •    Jean-Paul Comart : le père de Franck
    •    Michel Cassagne : le vieil homme
    •    Jade Henot : Alice
    •    Laura Giudice : Roxanne
    •    Annette Lowcay : la mère de Sophie
    •    Cédric Le Maoût : le mari de Sophie