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affiche La Isla Minima

La Isla Minima

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Un film de Alberto Rodríguez ,
Avec Raúl Arévalo, Javier Gutiérrez (II), Antonio de la Torre,

Genre : Thriller
Durée : 1h44
Espagne

En Bref

Un ciel d’azur, au-dessus, les méandres gris d’une carte du cerveau dessinés par la terre sèche en dessous. Le ciel se couvre, la nuit approche à grands pas, le diable rit dans l’ombre ! Qui a ouvert la boite de Pandore et libéré l’ombre au cœur du pays où l’eau et la terre bâtissent une porte entre l’océan et le pays où survivent les hommes ? C’est la fin des années Franco, le début de la démocratie, deux flics de la ville se retrouvent à enquêter en Andalousie. Les disparitions de deux jeunes filles innocentes que l’on dit faciles n’intéressent pas grand monde. Pedro débarque de la ville, puni pour avoir dénoncé un système corrompu, trop fouiné dans l’arrière-cour.

Juan, son collègue, demeure une énigme, ancien de la DGS, « gestapo de Franco ». Pedro se demande jusqu’où il  trempe sa main dans le bain de sang de la machine totalitaire. Deux chevaliers au cœur du marais pour traquer le diable et sauver d’innocentes gamines de la perversion d’un monde où le démon mène le bal des tentations perfides. Ils se retrouvent confrontés à un monde de paysans de traditions où les paysages s’étendent dans l’immensité infinie pour épouser l’univers. C’est dans ces marigots d’eau sale que l’on retrouve les deux corps, lacérés, souillés, salis par la main de l’homme.

C’est dans ces fermes perdues que les tentations inavouées deviennent avouables à l’ombre de l’oubli. Ils devront plonger au cœur de l’enfer pour vaincre la bête noire et nauséabonde, elle n’est autre que le cœur des ténèbres d’une humanité libérée du carcan de la dictature mais pas de ses diables libérés de la boite. Les corbeaux ne passent plus, la mort ne viole plus les vivants mais retourne se perdre dans l'ombre de la foule


Souvent comparé à True Detective, La Isla Minima en possède sans doute le regard sur la noirceur de l’humanité et son duo de flics, mais la comparaison s’arrête là. Il pourrait plutôt s’apparenter aux contes de notre enfance, des jeunes filles innocentes, vierges, disparaissent envoutées par la voix de la bête. Deux chevaliers luttent contre la pesanteur des traditions, le poids d’un passé qui reste encore dans le cœur de l’homme. Il leur faut revêtir leur armure et plonger au cœur du marais pour affronter le dragon noir. Plonger dans l'âme noire du monde, la fosse où croupissent les rancœurs cachées, les parcelles de misère jetées à l'oubli.  Le film s’ouvre sur une terre ressemblant aux circonvolutions d’un cerveau.

Elle symbolise notre conscience intérieure, notre inconscient où gisent le bien et le mal, lovés dans un cercle yin et yang. Le marais, lieu nauséabond, putride,  mais aussi ici celui des oiseaux blancs dans le ciel et des flamants roses. Nous imaginons facilement cette dernière image suggérée de la fin quand la terre redevient fertile. Les princesses vierges sont vengées, libérées du carcan du mal. La terre peut de nouveau recevoir la semence, et se couvrir du blond des blés. Les flamants roses envahissent le ciel, se fondant dans l'or et le sang pour appeler à une nouvelle aurore. Plus que le combat extérieur, c’est celui de leur conscience face à la noirceur d’un monde qu’ils pensaient révolu. Forcément plane l’ombre de Franco dans une Espagne découvrant la démocratie, pour qui ?

Ces crimes renvoient aussi à ceux du passé commis par les chiens fous du dictateur. A la fin, pour Pedro, se pose le choix de l’oubli ou de ressasser, porter une croix et gravir comme Sisyphe son Golgotha éternellement. L’enquête transforme leur vision du monde et leur âme profonde. La bête qui sommeille en nous attend la nuit et l'ombre pour se relever et grogner. Les victimes, toutes des femmes, des jeunes filles, avec la mère elle attire notre attention sur leur place au sein de société espagnole. Elles rêvent de s'envoler de quitter le nid, de s’émanciper enfin dans un espoir de démocratie balbutiante, loin d'un monde fermé et sans avenir. Elles rejoindront la ville des lumières où meurent les papillons éphémères, brulant leurs ailes aux lumières scintillantes.

Le film s’achève sur deux lieux symboliques, une maison abandonnée comme le pays qui reste à reconstruire et un barrage d’où l’eau s’échappe pour nourrir les champs fertiles. C’est la fin d’une époque où les noirs desseins veillaient sur le pays, la dictature s’achève dans le sang et la fin de l’innocence. Désormais, nous savons et nous devons vivre avec. L’eau s’écoule vers l’océan pour s’y perdre et rebâtir l’avenir. La Isla Minima devient bien plus qu’un polar noir, il est le chant de rédemption d’un pays jeté à terre qui se relève et crie sa soif de vivre. Nous pouvons aussi y voir un parallèle avec la crise et une Espagne qui aujourd’hui se relève.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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Réalisation : Alberto Rodríguez

Scénario : Alberto Rodríguez, Rafael Cobos

Compositeur : Julio de la Rosa

Productrice : Mercedes Gamero

Directeur de la photographie : Alex Catalan

Monteur : José M. G. Moyano

Directeur artistique :            José Dominguez del Olmo

Directrice du casting : Eva Leira, Yolanda Serrano

Directeur de production : Manuela Ocón

1er assistant réalisateur : Adan Bajaras

Chef costumier : Fernando García

Mixage : Nacho Royo- Villanova

Maquilleuse : Yolanda Piña

Sociétés de production : Atípica Films - Sacromonte Films - Antena 3 Films - Pays d’origine :  Espagne

Genre : thriller

Durée : 105 minutes

Sortie 15 juillet 2015

Distributions

 Javier Gutiérrez : Pedro

Raúl Arévalo : Juan

Antonio de la Torre : Rodriguo

Nerea Barros : Rocio

 Salva Reina : Jesus

Jesús Castro : Quini

Manolo Solo :  Le Journaliste

Jesús Carroza : Miguel

Enfant 4 : Chelo Castro

Enfant 3 : Lucía Arias

Enfant 2 : Claudia Ubreva

Enfant 1 : Paula Palacios

Marina :   Ana Tomeno

Señora del Dyane : Lola Páez

Batelier : Paco Inestrosa