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affiche La fille de Brest

La fille de Brest

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Un film de Emmanuelle Bercot ,
Avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel,

Genre : Drame psychologique
Durée : 2h08
France

En Bref

« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ». Albert Einstein

 Une femme seule est au cœur de l’océan déchainé, belle image d’ouverture, métaphore de ce qui attend Irène Frachon. Pneumologue au CHU de Brest, attentive à ses patients, elle ne tarde pas à faire le lien entre certains décès et un médicament coupe-faim. Elle s’inquiète de ces malades en surpoids, diabétiques, qui prennent une pilule miracle, le médiator. Et le malade en réclame, ça l’aide bien. Sauf que les problèmes cardiaques peuvent venir du médicament, et entre autres effets, ça aide à mourir aussi. Ses doutes la conduisent à examiner de près celui-ci et dévoiler que le cas n’est pas unique.

Elle tente d’alerter les affaires sanitaires dans un premier temps, celles-ci semblent plus préoccupées par la pandémie de grippe H1N1 et la mise en place d’une vaccination intensive que par les soucis éventuels causés par le médiator. Elle finira par attirer l’attention sur ses préoccupations alarmantes. La vie de nombreux patients est en jeu. Tenace, elle tient le cap, et ne plie pas devant la tempête. Il lui faut une étude et une publication pour que le cas soit enfin pris en compte. Le team brestois se met en place, comme le diront ses détracteurs, des bouseux, des médecins de campagne, du fin fond de la Bretagne. La route sera longue et semée d’embuches, de combats perdus et gagnés, de rage et de fureur pour faire reconnaître le bon droit et retirer le médicament du circuit.


Après le système judiciaire La tête haute, c’est un autre aspect du système social que dénonce la réalisatrice dans un film aux couleurs de thriller. Sidse Babett Knudsen est excellente et donne tout son relief à ce petit bout de femme tenace. Rappel des faits : Le Médiator est mis au point par les laboratoires Servier en 1976. Il est indiqué en complément d’un régime et chez les diabétiques en surpoids. On compte environ 145 millions de boîtes vendues, et 5 millions de personnes en consommèrent. C’est en 1990 qu’une mise en garde apparaît sur le Benflorex et son interdiction en 1995 sur les préparations pharmaceutiques. En 2007, l’agence française de sécurité sanitaire préconise de ne pas le prescrire comme coupe-faim. En février de la même année commence le combat d’Irène Frachon. Le produit sera retiré de la vente en 2009. Il paraît impossible de dresser un bilan des morts. l’Afssaps l’estime à 500 et à 3 500 le nombre d’hospitalisations à cause du médicament. Une autre étude d’Agnès Fournier, portant sur la période 1976-2009, publiée en février 2012, chiffre le bilan à 1 300 morts et 3 100 hospitalisations, précisant qu’« il s’agit vraisemblablement d’une sous-estimation ». Ces sources sont reprises d’un article du Monde sur internet.

 C’est d’abord l’histoire d’un médecin, qui croit encore au serment d’Hippocrate et non au pouvoir de l’argent. Derrière le médiator et d’autres découverts ou à découvrir, c’est bien le pouvoir des labos contre celui de la vie. Le chiffre est effarant, 500 morts. Comme le dit Irène Frachon, « une seule vie me suffit à mener le combat ». Emmanuelle Bercot utilise le côté atypique de son personnage principal et sa force vive pour mener le sujet sur les chapeaux de roue. Le spectateur est pris dans ce tourbillon où le temps compte plus que tout, car la mort continue sa danse. Elle ne  nous noie pas sous un flot d’informations incompréhensibles et universitaires. Elle arrive à nous faire comprendre le fond du sujet par des explications simples et claires nous apprenant l’essentiel. Elle reste focalisée comme un bon journaliste sur un point, son héroïne menant la danse, sans s’égarer dans les routes secondaires.

La fille de Brest nous interroge et rend hommage aux lanceurs d’alerte, nécessaires à une société monnaie où l’humain s’efface au profit de l’argent. Les morts deviennent des pourcentages dans la balance du profit. Elle met en avant un personnage humaniste, luttant jusqu’au bout pour que l’essentiel, la vie, soit reconnue comme une priorité. Dans ce combat, les médias jouent pour une fois un jeu primordial, dévoilant au grand jour le jeu retors des lobbys. Le spectateur sensible évitera quelques scènes d’opération et plus particulièrement une autopsie réaliste, insoutenable. Benoît Magimel compose un chercheur sympathique et timoré. Il n’hésite pas à se lancer dans la bataille. Elle l’aidera à se dépasser, notamment face aux requins qui remettent en cause son étude. Une fois de plus, un petit village gaulois résiste avec pertinence et efficacité. Aujourd’hui le combat continue. Irène Frachon ne baisse pas les bras et aide encore tout en exerçant au CHU de Brest.

Patrick Van Langhenhoven

Note du support : n/a
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    •       Titre original : La Fille de Brest

    •       Réalisation : Emmanuelle Bercot

    •       Scénario : Séverine Bosschem et Emmanuelle Bercot

    •       Photographie : Guillaume Schiffman

    •       Société de distribution : Haut et court

    •       Pays d'origine : France

    •       Genre : Drame

    •       Date de sortie : 23 novembre 2016

Distribution

    •       Sidse Babett Knudsen : Irène Frachon

    •       Benoît Magimel : Antoine Le Bihan

    •       Charlotte Laemmel : Patoche

    •       Lara Neumann : Anne Jouan

    •       Isabelle de Hertogh : Corinne Zacharria

    •       Philippe Uchan : Aubert

    •       Patrick Ligardes : Bruno Frachon

    •       Gustave Kervern : Kermarec

    •       Olivier Pasquier : Arsène Weber