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affiche La face cachée de Margo

La face cachée de Margo

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Un film de Jake Schreier,
Avec Nat Wolff, Cara Delevingne, Justice Smith,

Genre : Film d'aventure
Durée : 1h49
États-Unis

En Bref

D’après le best-seller de John Green, La Face Cachée de Margo est l’histoire de Quentin et de Margo, sa voisine énigmatique, qui aimait tant les mystères qu’elle en est devenue un. Après l’avoir entraîné avec elle toute la nuit dans une expédition vengeresse à travers leur ville, Margo disparaît subitement – laissant derrière elle des indices qu’il devra déchiffrer. Sa recherche entraîne Quentin et sa bande de copains dans une aventure exaltante à la fois drôle et émouvante. Pour trouver Margo, Quentin va devoir découvrir le vrai sens de l’amitié… et de l’amour.

Après le succès surprise du mélodrame adolescent Nos étoiles contraires avec Shailene Woodley, l’auteur américain John Green fait de nouveau l’actualité. C’est au tour de son roman sorti en 2008, La face cachée de Margo (Paper towns en VO) de prendre la direction des salles sombres. Ici, point de récit tire-larmes mais un road-trip initiatique trépident qui offre une jolie réflexion sur l’adolescence, les faux-semblants et le passage à l’âge adulte. A cheval entre feel-good movie et fable mélancolique, Paper Towns ne signe pas la consécration de Jack Schreier mais constitue le film de fin d’été parfait.


« Tout le monde a droit à un miracle » affirme Quentin lorsqu’il évoque pour la première fois sa jeune voisine, Margo. Le film débute comme un « teen movie » assez classique avec un postulat plutôt bateau : celui d’un jeune garçon timide et gentil qui est secrètement amoureux de sa voisine, intrépide et sexy, qu’il juge trop bien pour lui. A partir de là, le scénario va aborder et se questionner avec légèreté sur le passage à l’âge adulte, l’amitié, l’amour, l’identité du jeune à l’heure du tout virtuel… Une réflexion pertinente qui s’immisce l’air de rien dès les premiers instants et c’est d’ailleurs une des bonnes surprises du film. Le récit pose les bonnes questions dès l’intrigue et offre toutes les armes pour batailler aux côtés de Quentin face à ce mystère qu’est Margo et à sa disparition énigmatique. Ainsi, on accompagne le jeune garçon lunaire dans un jeu de piste à travers l’Est des Etats-Unis, de New-York à Orlando, sur les traces de Margo.

Dès lors, l’histoire nous embarque dans un road-trip trépidant au rythme des situations loufoques et romantiques que va rencontrer Quentin. Car très vite, le spectateur va se retrouver dans les chaussures de Quentin, perdu devant cette mystérieuse et passionnante jeune femme, qui lui fait partager une nuit de défis déjantés et de petites vengeances salées. Complice de l’insondable Margo, on évolue dans ce film puzzle avec fluidité et plaisir. Car la construction narrative fait la part belle à l’intrigue et la mise en scène, délicate et juste, va suivre le ton mystérieux et doux de l’ensemble. La réalisation de Schreier va respecter le ton général sans faire d’étincelles, suivant ses protagonistes dans leurs frasques avec une caméra inquisitrice qui nous rend toujours complice. Une caméra qui va nous faire découvrir un Nat Wolff toujours juste et équilibré dans un jeu d’émotions tout en retenue. En face, on découvre le mannequin Cara Delevingne assez convaincante dans un rôle nature très écrit.

Finalement, La face cachée de Margo n’est pas la romance attendue mais un joli parcours initiatique où le désir amoureux est vite mis au rencard face à des perspectives plus neutres et cartésiennes : sortir de sa coquille, grandir, faire des choix audacieux… Margo devient un moteur de vie et l’amour sous-jacent est grimé par une leçon de vie toute faite, appuyée par la maxime qui adhère sans soucis au discours moraliste ambiant « il faut savoir se perdre pour se retrouver ». Film de bonne facture, sympathique, qui ravira les fans de la top et de John Green, mais dont le potentiel semblait pouvoir atteindre un peu plus loin que le public « young adults » du bouquin.

Eve Brousse 

Note du support : n/a
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Edition :

Ciné Région : En principe, l’adaptation cinématographique d’un livre est une trahison. Ici, au contraire, on a une adaptation très littérale du livre. Vous cherchiez à satisfaire vos lecteurs ou bien vous écrivez naturellement en pensant au cinéma ?

John Green : Le travail des scénaristes est parfait. Ils connaissent infiniment bien la structure donc ils peuvent passer assez facilement du livre au scénario. J’ai eu beaucoup de conversations avec eux pendant le travail d’écriture et je sais qu’ils ont fait un travail intéressant. Après, je considère que dès qu’il sort, le livre ne m’appartient plus, je ne suis pas dans un processus de contrôle. En revanche, lorsque j’écris, je ne pense pas vraiment en terme d’image bien que nous soyons dans une société où l’image est partout. Je pense vraiment au verbe, au texte, au langage même si inévitablement, les images s’imposent à mon esprit.

C.R : Est-ce que le fait d’être producteur du film vous a permis d’avoir plus de poids sur l’adaptation ?

J.G : Je ne crois pas que le terme de producteur veuille dire grand chose aujourd’hui. D’ailleurs la plupart des producteurs ne font pas grand chose à mes yeux. Certains si, mais pas tous, et pas moi. Ce qui comptait pour moi, c’était le plaisir d’être sur le tournage avec des acteurs comme Nat ou comme Cara et puis d’admirer le travail de Jake Schreier qui a fait un superbe travail. Je me sentais surtout très chanceux de participer au processus tout entier et mon job, c’était d’être l’enthousiaste de service.

Nat Wolff : Je ne suis pas tout à fait d’accord, il fait le modeste là. Son enthousiasme certes mais également sa vision ont été fondamentaux dans la réalisation de ce film.

C.R : Nat Wolff, concernant le look de votre personnage, avez-vous fait entièrement confiance au département costume du film ou avez-vous fait appel à vos souvenirs d’adolescent ?

N.W : Pour me plonger dans ce film, je l’ai un peu vu comme une machine à explorer le temps qui me ramenait à mes 12 ou 13 ans. J’ai même écouté la musique que j’écoutais à l’époque. Après, oui bien sûr j’ai fait confiance à la costumière mais j’avais aussi mes propres idées quant à mon style qui devait être un écho de la façon dont je m’habillais adolescent. Et maintenant, je m’habille de façon plus cool que mon personnage Quentin.

C.R : Cara, votre personnage a du mal à trouver son identité et dit qu’elle se sent comme une fille de papier. Comment vous faites pour ne pas devenir une fille de papier ?

Cara Delevingne : Etant un mannequin, je suis littéralement une fille de papier glacé. Mais je crois que dans un sens plus large, chacun peut s’identifier à cela car il y a « les premières impressions qu’on donne », il y a tous les fantasmes, les idées reçues que l’on peut projeter sur l’autre et tout ça est extrêmement humain.

C.R : John Green, votre univers littéraire fait toujours référence au passage ou à la mutation. Est-ce que Margo est à voir ici comme un guide. Et Cara, est-ce comme ça que vous la voyez également ?

J.G : Je crois que Margo va effectivement aider Quentin puisque lorsqu’il s’aperçoit qu’il n’a vu en elle que les projections ou les fantasmes qu’il avait et non pas la véritable Margo, il grandit. Je crois que le film est aussi le parcours de Margo.  

C.D : Quand j’ai lu le livre, je me suis posé cette question. En tout cas, mon personnage n’a pas conscience d’être là pour aider Quentin. Elle ne s’est même pas rendue compte que Quentin était amoureux d’elle.

C.R : Avez-vous des souvenirs de votre dernière année de lycée et a-t-elle été pour vous la fin ou le début de quelque chose ?

J.G : Dans mon cas, c’était la fin de quelque chose, enfin c’était surtout fini pour moi de me servir de ma jeunesse pour ne pas être un étudiant génial et ne pas être non plus un ami formidable.

N.W : Pour moi, c’était un peu les deux. J’étais à la fois triste de quitter mes amis même si certains sont restés assez proches mais ce n’a jamais été la même chose. En même temps, c’était une période assez magique puisque c’est là où j’ai rencontré John (ndlr : Green).

C.D : Moi aussi, c’était un peu les deux, mais à des époques différentes. J’avais très envie de quitter l’école puisque quand on est ado, on pense tous que l’école c’est dur, qu’on est des incompris donc j’avais hâte de découvrir le vrai monde et de briser la bulle de l’école. Seulement, quelques années après, je me suis rendue compte que c’était aussi la fin d’une certaine forme de liberté et que je ne pouvais plus, comme John, utiliser l’excuse de ma jeunesse pour me justifier. Mais au fond, c’est une excuse que j’utilise toujours, je suis encore jeune après tout.

C.R : John Green, est-ce que Cara correspond à l’image que vous vous faisiez de Margo quand vous avez écrit le roman ? Et Cara, est-ce que ce premier grand rôle au cinéma a confirmé votre désir de comédienne ?

J.G : A vrai dire, Cara avait 9 ans quand j’ai écrit le roman, donc effectivement, je n’avais pas pensé à elle. Mais je crois absolument que Cara a compris ce personnage de façon extrêmement profonde. Même à la limite, elle l’a mieux compris que moi qui l’ai écrit. Je suis reconnaissant qu’elle ait donné autant d’elle-même pour servir l’histoire et le personnage.

C.D : Il n’y a aucun doute, j’ai toujours voulu être actrice, même enfant, c’était pour moi une évidence. Evidemment, j’ai changé au cours de ma vie puisqu’à un moment j’ai eu des doutes mais ce film a réellement changé ma vie. D’abord parce que je ne me suis jamais sentie aussi bien, humainement parlant et j’étais infiniment heureuse de transposer le travail de John à l’écran sans le trahir. La direction que je prends va davantage vers le cinéma.

Entretien réalisé par Patrick Van Langhenhoven et retranscrit par Eve Brousse

Fiche technique

·         Titre original : Paper Towns

·         Titre français : La Face cachée de Margo

·         Réalisation : Jake Schreier

·         Scénario : Scott Neustadter et Michael H. Weber, d'après La Face cachée de Margo de John Green

·         Direction artistique : Jamie Walker McCall

·         Décors : Chris L. Spellman

·         Costumes : Mary Claire Hannan

·         Photographie : David Lanzenberg

·         Montage : Jacob Craycroft et Jennifer Lame

·         Musique : Ryan Lott

·         Production : Marty Bowen et Wyck Godfrey

·         Sociétés de production : Fox 2000 Pictures et Temple Hill Entertainment

·         Société de distribution : Fox 2000 Pictures

·         Pays d’origine : États-Unis

·         Langue originale : anglais

·         Budget : 12 000 000 dollars

·         Format : couleur

·         Genre : romantique

·         Durée : 109 minutes

Distribution

·         Cara Delevingne : Margo Roth Spiegelman

·         Nat Wolff : Quentin "Q" Jacobsen

·         Cara Buono : Connie Jacobsen

·         Halston Sage : Lacey Pemberton

·         Austin Abrams : Ben Starling

·         Caitlin Carver : Becca Arrington

·         Meg Crosbie : Ruthie

·         Justice Smith : Radar