« Il était une fois, dans un pays lointain, un jeune prince qui vivait dans un somptueux château. Bien que la vie l’ait comblé de tous ses bienfaits, le prince était un homme capricieux, égoïste et insensible. »
Un jour, une vieille mendiante frappe à la porte du château pour réclamer le gite contre une rose. L’orgueilleux repousse la vieille femme, se moquant de son présent. C’est ainsi que, comprenant trop tard qu’il venait de montrer un cœur vil à une créature enchanteresse, il se retrouve transformé en Bête. Pendant ce temps dans un petit village fleuri où vit Belle, Gaston, un rustre du coin, lui propose le mariage, persuadé de son charme irrésistible. Belle le considère comme un vilain grossier et vaniteux ne méritant pas que l’on s’y attarde.
Le père de la demoiselle se retrouve prisonnier de la Bête suite à un concours de circonstances malheureux. Belle décide de retrouver la trace de son père et de le sauver. Elle découvre au fond de la forêt un étrange château tenu par une créature monstrueuse. Elle prend la place de son père dans la geôle noire et sombre. La Bête tombe sous le charme de cette jeune fille innocente et la laisse errer dans le château. Alors que la promesse d’une malédiction s’achève, un vent mauvais souffle dans le cœur des hommes. Belle arrivera-t-elle à calmer la fureur des villageois pour que le printemps revienne dans le cœur de tous ?
La première version du conte remonte à l’Antiquité. La plus célèbre et la plus adaptée est celle abrégée de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1740, disponible en folio jeunesse. La version animée marque le trentième film des studios Disney, souvent comparé à Blanche-Neige. C’est un nouvel âge d’or des studios, une autre façon de raconter les histoires. Jusqu’à maintenant, l’adaptation la plus belle était celle de Jean Cocteau où la poésie remplissait chaque plan. Christopher Gans en propose une version plus sombre et proche du conte en 2014. La version de Disney est un mélange de Cocteau et sa poésie et du conte de 1740. Disney s’intéresse à cette histoire dès 1940 mais la jugeant trop sombre, il abandonne le projet. Avait-il eu connaissance du film de Cocteau ? Sans aucun doute. Il existe une première version du scénario aux personnages déjà bien développés, mais encore trop noire.
Howard Ashman, réalisateur de La petite sirène propose de donner vie aux objets du château, apportant plus de couleurs et de rire. La Bête surpasse Belle qui avait du mal, après Arielle, symbolisant le renouveau des princesses Disney, à s’imposer. La nouvelle version reprend l’animation de 1992 en respectant le récit, mais en live. Elle permet de découvrir comment un même film peut retrouver un nouveau souffle avec des acteurs et une partition musicale repensée. Plus comédie musicale, elle gagne une demi-heure en plus pour nous transporter de nouveau au pays du rêve. C’est toujours l’innocence face à la bêtise et la monstruosité qui sont mises en avant. A la question du poète Lamartine : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » Disney répond oui en maintenant les meubles, candélabres et vaisselles s’exprimant comme de véritables personnes qu’elles étaient autrefois. Le cœur pur de Belle transforme une Bête meurtrie en un homme bon et humaniste. La vanité et l’orgueil qui guidaient les pas d’un prince imbu de lui-même se retrouvent dans Gaston le soldat.
La touche Disney est celle du sacrifice, celui de Belle pour sauver son père, de la Bête pour sauver Belle. Elle reprend l’idée du conte que notre nature est peut-être aussi le visage que nous montrons. Le prince du début est une bête, car son cœur est semblable. Il redevient un être noble et ouvert au monde quand sa nature profonde change au contact de Belle. Elle trouve un écho à notre époque comme celle de Cocteau avec la sienne, l’un des grands principes du conte, s’inscrire dans son temps. La rose et l’histoire entre la Bête et Belle nous renvoient à l’esprit amoureux. Qui aime ? Au début Belle est plus en lutte contre l’esprit de la Bête que contre son apparence. La vertu, l’envie, l’orgueil sont aussi extrêmement présents dans le récit comme ils l’étaient aussi chez le poète. La fin s’inspire du cinéma fantastique, Frankenstein avec ses villageois montant à l’assaut du château. Emma Watson réussit une belle composition de Belle entre fragilité, bonté et une âme qui ne s’en laisse pas conter.
Dans cette nouvelle version avec son dernier plan, Disney s’éloigne de l’image manichéenne de ses débuts pour une ouverture d’esprit que peu oseraient. Pour finir, un petit mot sur la partition musicale, avec quelques variations de notes, elle donne un nouvel éclairage au morceau de la comédie musicale. Nous vous invitons à découvrir plus tard la leçon brillante du compositeur Alan Menken. Il nous permet de comprendre comment un morceau de musique prend des couleurs et des variations différentes suivant son utilisation, film animé, comédie musicale et version réelle.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original: Beauty and the Beast
Titre français : La Belle et la Bête
Réalisation : Bill Condon
Scénario : Stephen Chbosky et Evan Spiliotopoulos d'après le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1757) et le film d'animation homonyme (1991)
Direction artistique : Sarah Greenwood, Niall Moroney
Décors : Katie Spencer
Costumes : Jacqueline Durran
Photographie : Tobias A. Schliessler
Musique : Alan Menken
Chansons : Howard Ashman et Tim Rice (paroles), Alan Menken (musique)
Montage : Virginia Katz
Production : David Hoberman et Todd Lieberman ; Don Hahn, Thomas Schumacher et Jeffrey Silver (production exécutive) ; Steve Gaub, Jack Morrissey, Greg Yolen et Alexander Young (co-production) ;
Sociétés de production : Walt Disney Pictures, Mandeville Films
Sociétés de distribution : Walt Disney Pictures
Budget: 160 000 000 USD
Pays d’origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : Couleur - 2,35:1 - son Dolby Digital
Genre : Film musical fantastique
Durée : 129 minutes
Dates de sortie :
États-Unis, Canada : 17 mars 2017
France, Belgique, Suisse : 22 mars 20171
Distribution
Acteurs principaux
Emma Watson Belle VF : Léopoldine Serre (dialogues) - Emmylou Homs (chant)
Dan Stevens la Bête / le Prince VF : Yoni Amar (chant)
Luke Evans Gaston VF : Marc Arnaud (dialogues) - Julien Mior (chant)
Kevin Kline Maurice, le père de Belle VF : Bernard Alane
Josh Gad LeFou VF : Alexandre Faitrouni
Ewan McGregor Lumière VF : Guillaume Beaujolais
Ian McKellen Big Ben VF : Philippe Catoire
Emma Thompson Mme Samovar VF : Sophie Delmas
Acteurs secondaires
Audra McDonald (VF : Frédérique Varda) : Mme de Garderobe
Gugu Mbatha-Raw (VF : Magali Bonfils) : Plumette
Stanley Tucci (VF : Xavier Fagnon) : Maestro Cadenza
Nathan Mack (VF : Aloïs Agaësse-Mahieu) : Zip
Haydn Gwynne (en) (VF : Martine Irzenski) : Clothilde
Alexis Loizon : Stanley
Sonoya Mizuno : Debutante
Hattie Morahan (VF : Léovanie Raud) : Agathe, l'Enchanteresse
Adrian Schiller (en) : M. D'Arque
Gerard Horan (en) (VF : Michel Dodane) : M. Jean / M. Samovar
Adam Mitchell (VF : Matisse Jacquemin-Bonfils) : le Prince, jeune