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affiche L’homme qui viendra

L’homme qui viendra

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Un film de Giorgio Diritti ,
Avec Greta Zuccheri Montanaro, , Alba Rohrwacher, Maya Sansa,

Genre : Historique
Durée : 1h55
Italie

En Bref

Hiver 1943. Martina, fille unique d’une humble famille de paysans, a huit ans et vit sur les flancs du Monte Sole, près de Bologne. Martina ne parle plus depuis la mort à la naissance d’un petit frère qu’elle espérait tant. Sa mère est de nouveau enceinte et Martina vit dans l’attente de l’enfant qui va naître, tandis que la guerre avance et que la vie devient de plus en plus difficile, entre les brigades partisanes du commandant Lupo et l’avancée des nazis. Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1944, l’enfant voit enfin le jour. Au même moment, les SS se livrent dans la région à une série d’exactions sans précédent, inscrites dans l’histoire comme “les massacres de Marzabotto”, l’Oradour-sur-Glane italien. 


Giorgio Diritti a été l’assistant d’Ermanno Olmi et c’est dans sa lignée, celle de L’arbre aux sabots (Palme d’or en 1978) que L’homme qui viendra s’inscrit. En choisissant de tourner L’homme qui viendra dans le dialecte d’Émilie-Romagne, Giorgio Diritti, en même temps qu’il nous raconte les massacres de Marzabotto, brosse le portrait d’une petite communauté paysanne. Le film fonctionne ainsi sur un double niveau. Avant d’évoquer la tragédie, le réalisateur, mêlant acteurs professionnels, acteurs de théâtre et authentiques paysans, prête une attention particulière aux décors, aux visages, aux gestes, aux usages quotidiens, à la mentalité paysanne et fait « une chronique des heures et des jours » de cette région des Apennins qui bascule peu à peu dans l’horreur. Le point de vue adopté est celui d’un petit membre de cette société, Martina, fillette de huit ans dont le regard se conjugue à celui des victimes innocentes, principalement des femmes, dont l’existence quotidienne se mêle inexorablement à la tragédie de la guerre. Ainsi, L’homme qui viendra se veut-il un film sur la guerre vue d’en bas, du côté de ceux qui la subissent et qui se trouvent malgré eux mêlés aux événements de l’histoire.

Pour y parvenir, Giorgio Diritti adopte un style épuré et sobre. Il n’y a pas d’ostentation et la caméra propose une alternance d’images en mouvements et de plans-séquences situés à une distance qui permet de partager les émotions, les interrogations et les souffrances de la petite communauté. Nul besoin d’oppositions manichéennes ou d’un pittoresque de la violence pour comprendre de quel côté se situer. Les teintes presque passées des  images, caractéristiques de cette région fréquemment exposée au brouillard, ajoutent au climat menaçant tout en entrant en correspondance avec l’univers ouaté de la petite muette enfermée dans sa bulle.

Le cinéaste, au-delà de ces événements tragiques, porte un regard sur tous ceux que le langage nomme par euphémisme et avec cynisme, les « dégâts collatéraux » des conflits, il donne une voix aux innocents qui ont laissé leur vie, tels ceux du sanctuaire de Marzabotto où sont ensevelis 7 partisans et 771 civils dont 216 enfants. Pour ne pas oublier, dans l’espoir que naisse un jour un homme meilleur.

Alain Claudot, Reims-Florence

Note du support : n/a
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