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affiche L'Hermine

L'Hermine

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Un film de Christian Vincent,
Avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier,

Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h38
France

En Bref

Michel Racine est un Président de cour d'assises redouté. Aussi dur avec lui qu'avec les autres, on l'appelle "le Président à deux chiffres". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait parti du jury qui va devoir juger un homme accusé d'homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il ait jamais aimée.

Deux ans après Les Saveurs du palais avec Catherine Frot, Christian Vincent revient avec un film de procès touchant. Lui qui avait signé le drôlement romantique La Discrète en 1990 qui avait consacré Fabrice Luchini, revient ici avec un film tout en délicatesse, en non-dits et en regards qui ne rentre dans aucune case. Ni une comédie, ni un drame tire-larme, L’Hermine s’évertue à dresser un portrait fidèle d’un introverti psychorigide qui ne l’est peut-être pas tant que ça au sein d’une peinture pointilleuse de la machine judiciaire avec ses rituels, son espace-temps et ses protocoles. Surprenant de finesse L’Hermine touche là où beaucoup de rom-com et autres comédies dramatiques françaises ont grossièrement chuté.


L’histoire prend place dans une ville du Nord, aux côtés d’un homme qui porte le poids de la vie sur son dos. On découvre un Michel Racine malade (il a la grippe) et seul dans sa chambre d’hôtel, en train de manger une pomme véreuse. Résigné et renfrogné, c’est à reculons que Racine se rend ce matin-là au tribunal pour présider une affaire sombre d’infanticide. Dans un silence routinier, l’homme se prépare, revêt sa robe rouge bordée d’hermine et se place, impatient, derrière la porte. Comme les coulisses d’un spectacle, les couloirs d’un tribunal frétillent avant chaque audience. Certains sont en retard, d’autres sont concentrés, plaisantins ou cancaniers. Mais avant de faire retentir la sonnette qui annonce l’entrée de la Cour, tels les coups frappés au théâtre, tout ce petit monde prend place dans son rôle.

Au tribunal, Racine est le « Président à deux chiffres » : avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Sa réputation d’homme renfrogné n’est plus à faire. Ce jour-là, durant le tirage au sort des jurés, il entend un nom puis dirige son regard vers la personne nommée. On lit l’émoi timide sur le visage de cet homme dont le cœur vient certainement de manquer un battement à la vue de cette femme, Ditte Lorensen-Coteret. Cette femme qu’il a autrefois aimée. A cet instant précis, la vie de l’homme vient de trouver un nouveau but, une nouvelle raison d’avancer, et tous les évènements qui vont se dérouler autour, au tribunal ou ailleurs, ne vont aller que dans un sens : rentrer à nouveau dans la vie de Ditte.

Bizarrement, alors qu’on nous dresse tous les atours de la romance, Christian Vincent alloue un soin tout particulier au contexte, à savoir le procès de ce jeune homme, accusé d’avoir battu à mort sa jeune fille. Il présente chaque détail, décrit les parties, le rôle de chacun et déroule précisément l’avancée du procès. Dans une parfaite maitrise technique, Christian Vincent fait confiance à ses longs plans séquences qui capturent un jeu d’acteur millimétré, au diapason avec une mise en scène discrète et toujours juste. Malgré l’affaire très sombre qui est en train de se juger sous nos yeux attentifs, Vincent ne fait pas dans le misérabilisme. Racine préside la Cour d’assises depuis longtemps et ce n’est pas l’affaire horrible qu’il juge qui le touche, mais bien la douceur du souvenir amoureux, cette femme avec ses remarques, ses regards, sa grâce naturelle…

Car qui dit procès dit forme de rédemption. Ici, il n’est pas question de l’accusé mais bien du maitre à bord, l’impitoyable Michel Racine, cynique et acariâtre jusqu’à l’arrivée de la belle anesthésiste, capable d’annihiler la douleur et d’adoucir le récalcitrant. C’est ainsi que Racine, dans un ultime élan d’espoir, encourage les jurés avant le délibéré à faire preuve de sagesse, à accepter de ne pas connaître la vérité et d’admettre qu’elle ne percera surement jamais. Dans un parfait contre-emploi, Fabrice Luchini épouse à la perfection cet amoureux maladroit pensé et écrit pour lui. Récompensé à la Mostra de Venise, l’acteur laisse tomber l’hyperbole et la gesticulation pour trouver ici une sobriété et une nuance de ton remarquables.

L’hermine, c’est l’histoire d’une promesse silencieuse. Une histoire qui sous ses airs passe-partout, cache une ode discrète à l’amour, à la tolérance et à la diversité sociale. Jouant sur différents tableaux, le film va principalement se concentrer sur l’histoire d’amour naissante pour laisser tomber ses autres pistes (les suites du procès, le dessinateur et la jeune fille, les avocats qui papillonnent durant le procès, les échanges entre les jurés). C’est vrai qu’après avoir plongé longuement dans le drame sombre de ce couple qui a perdu leur petite fille, on a un peu de mal à retourner dans un sujet si futile et fleur bleue que les amourettes de Racine. Mais le propos n’était pas là et le réalisateur va nous le rappeler assez brutalement en passant à une autre affaire avec de nouveaux faits et de nouveaux jurés. Mais l’histoire continue tout de même…

Eve Brousse

Note du support :
3
Support vidéo : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 2.39, Format DVD-9,
Langues Audio : Audiodescription (pour malvoyants) Français Dolby Digital 2.0, 5.1
Sous-titres : Anglais
Edition : Gaumont Vidéo

Bonus:

"Au revers de L'Hermine" : making of (45')

  • Bande-annonce

Fiche technique

  Titre français : L'Hermine

    Réalisation : Christian Vincent

    Pays d'origine : France

    Société de production : Albertine Productions1

    Format : Couleurs - 35 mm - 1,85:1 - Dolby Digital

    Genre : comédie dramatique

    Dates de sortie : France : 18 novembre 2015

Distribution

    Fabrice Luchini : Michel Racine, président de cour d'assises

    Sidse Babett Knudsen : Ditte Lorensen-Côteret

    Miss Ming : Jessica Burton

    Michaël Abiteboul : Jourd'hui

    Claire Assali : avocate de la partie civile

    Marie Rivière : Marie-Laure

    Corinne Masiero

    Floriane Potiez : la réceptionniste

    Chloé Berthier

    Raphaël Ferret