L'Envolée

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Un film de Eva Riley,
Avec Frankie Box, Alfie Deegan, Sharlene Whyte,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h23
Royaume-Uni

En Bref

Nous sommes dans la banlieue de Brighton. Leigh, une jeune adolescente solitaire, s’entraine dur pour intégrer l’équipe des gymnastes. Elle cherche sa place entre la gymnastique et un père souvent absent. Depuis la mort de sa mère, la petite semble perdue, en quête d’une route à suivre que le sport peut peut-être lui apporter. L’arrivée de Joe, un demi-frère plus âgé, bouscule son quotidien. Elle découvre son existence avec surprise et le rejette dans un premier temps. Ils apprennent à se connaître dans cette petite ville ordinaire de l’Angleterre. Joe l’entraine dans des escapades peu recommandables. Elle cherche à briller pour se faire remarquer. Ce tourbillon de petits casses ressemble plus à une chute qu’à une envolée vers les sommets. Joe comprend qu’il ne peut entrainer Leigh dans sa descente au cœur des ténèbres. Est-ce que Leigh est prête à laisser son frère prendre son envol sans elle ?

« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans — Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade » Rimbaud

Eva Riley, réalisatrice écossaise, inscrit son premier film dans la longue lignée du cinéma social anglais dans une mise en scène naturaliste, proche de celles de Mike Leigh et de Ken Loach. C’est le point de vue de Leigh confronté à des choix qui détermineront toute sa vie. Entre bien et mal, elle devra prendre la bonne direction pour s’accomplir. C’est aussi une quête identitaire pour trouver sa place au sein de sa famille et de la société. La jeune fille est douée pour la gymnastique mais cela ne suffit pas pour la faire entrer dans le groupe fermé de ses camarades. Dans le foyer familial, elle ne trouve pas plus d’écho. Nous comprenons que la mort de la mère a brisé les liens qui les unissaient. Le père, peu démonstratif, est souvent absent. Il refait sa vie dans l’indifférence.

C’est donc sans surprise que lorsque débarque ce demi-frère, Leigh s’accroche. C’est avec subtilité, tendresse et délicatesse que la réalisatrice dresse le portrait d’une jeunesse abandonnée. L’amour fraternel devient plus important que tout et impose des sacrifices. Joe comprend qu’il ne peut pas entrainer sa sœur dans sa chute. Avec son départ, Leigh perdra le seul lien qui la maintient debout. Elle n’aura d’autre choix que d’accepter la main tendue de sa professeure de gymnastique. Cette histoire simple se déploie comme un envol vers la liberté, loin de toutes les chaînes entravant l’héroïne. Eva Riley trouve deux acteurs non professionnels remarquables pour incarner cette part d’ombre et de lumière. Elle saisit avec justesse les ambiances de ces banlieues désabusées, au spleen sorti d’un poème de Rimbaud ou Baudelaire.

« Au chant des instruments qui se brise au plafond — Suspendant ton allure harmonieuse et lente, Et promenant l’ennui de ton regard profond ; » Baudelaire

Patrick Van Langhenhoven