L'Aigle et l'enfant

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Un film de Gerardo Olivares , Otmar Penker ,
Avec Jean Reno, Tobias Moretti, Manuel Camacho,

Genre : Film d'aventure
Durée : 1h37
Autriche

En Bref

Dans le ciel, longues ailes déployées sous la caresse du vent, l’aigle cherche sa proie pour nourrir ses deux petits qui viennent de naître. Dans le nid, les deux nouveau-nés piaillent d’impatience, attendant la nourriture, promesse de leur évolution. En bas, dans le cœur de la montagne, s’accroche sur son flanc une petite maison en ruine à moitié brûlée. Une vieille douleur, un malheur passe qui trace une crevasse si profonde en soi que la parole s’enfuit. Cette perte est une crevasse si profonde qu'elle brise le cœur du père et l'endurcit. La nuit s'est installée dans ce foyer, la mort de la mère en a craquelé le vernis. Lukas ne parle plus. Muet, il refuse toute communication avec l'extérieur.

C’est le repaire du jeune Lukas, un garçon marqué par la mort de sa mère dans cette même demeure. Il survit avec son père dans un autre chalet, un peu plus loin. L’homme est rude et espère un jour que le petit lui parlera de nouveau. Entre les deux, c’est le moins que l’on puisse dire, le courant ne passe plus. Dans les airs, un autre combat se joue. Un prétendant au territoire tue le père des deux aiglons. Un malheur n’arrive jamais seul, dit le dicton. La loi naturelle impose son dur quota de mort et de vie comme Caïn tua Abel. Le plus fort des deux aiglons pousse l’autre hors du nid. Abel est donc condamné à mourir, proie facile pour tous les prédateurs qui craignent le royal maître des airs adulte, mais nouveau né…le destin décide parfois d’une autre route et place le jeune Lukas en manque d’affection sur la route de ce petit être à sauver. Ils grandiront ensemble. L’humain aidé d’un garde forestier bienveillant lui apprendra comment survivre à la dure loi de la nature.

« Il vint au monde comme un prince, car son père et sa mère étaient les rois de la vallée. »

Alors que la fiction tente de copier la réalité, le nouveau documentaire choisit l’angle de la fiction. Nous sommes loin des documentaires animaliers d’autrefois où l’image se doublait d’un commentaire redondant. Dans les années soixante-dix, apparaissaient des perles comme La griffe et la dent, La fête sauvage de Frédéric Rossif, Christian Zuber et son émission Caméra au poing. Dans ce premier âge d’or du cinéma animalier, ils entrainent de nombreux autres réalisateurs du documentaire dans leur sillage. Dans les années vingt, Jean Painlevé marque l’époque par ses films animaliers, souvent sur le monde aquatique, et le célèbre Jacques-Yves Cousteau obtient la Palme d’or à Cannes en 1956 pour Le monde du silence. Au début des années deux mille, avec un pic en 2008, on craint sa disparition. Jacques Perrin avec Microcosmos relance le genre en nous racontant l’histoire de ce microcosme d’une prairie.

Un peu plus tard nait un nouveau département au sein de Disney, Disney nature créé par un producteur français. Le cinéma animalier quitte ses vieux habits et devient une fiction sur fond d’information. Félins, Grizzly et dernièrement Au royaume des singes marquent profondément celui-ci. L’aigle et l’enfant production espagnole et autrichienne s’inscrit dans cette lignée. Il confronte deux histoires, celle d’un petit garçon frappé par la mort de sa mère, rejeté du nid par son père à celle de l’aiglon rejeté par son frère et abandonné à son triste sort, mourir. Sur cette histoire se greffe en fond celle d’Abel et Caïn. Un vieux garde-chasse joué par Jean Reno sert de voix-off et de guide pour compléter les informations. C’est un film initiatique sur l’apprentissage et l’évolution d’un aiglon et d’un jeune garçon. Le récit est assez simple, se rapprochant du conte et il s’intéresse surtout à la vie des aigles avec de magnifiques prises de vue. Comme Jacques Perrin, les réalisateurs trouvent des astuces comme une mini caméra embarquée qui donne des plans époustouflants. L’aigle et l’enfant est une belle histoire naïve qui ravira toute la famille.

Patrick Van Langhehoven