Kill Your Friends
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En Bref
Le monde de la production musicale est un univers impitoyable. Steven Stelfox, 27 ans, producteur de musique et chasseur de talents en sait quelque chose. Il évolue dans le vivier comme un requin aux dents longues dans l’eau du bassin. Son rôle, dénicher les talents d’aujourd’hui et de demain, trouver les groupes qui rapporteront le gros lot à loterie. Peu importe que cet ersatz des Spice Girls ne sache pas chanter. On leur demande de remuer leurs formes attractives, pour le reste on colle une autre voix. De temps en temps, notre cador laisse passer un groupe prometteur et s’en mord les doigts. Comme le disait une marionnette autrefois, « qu’est-ce que tu en as à fout’ c’est pour le pognon ! »
Le grisbi règne en maitre, il dirige tout, pire que dans l’enfer vert des traders. Comme eux, on sniffe, la drogue coule à flots, on s’envoie en l’air, on picole à fond et on se fait les pires vacheries. Steven n’est pas à un acte répréhensible par la loi près, je dirais même qu’il les accumule. Rien ne se mettra en travers de sa route. On n’est jamais potes dans ce milieu, mais déjà la proie de quelqu’un d’autre. La petite secrétaire a les yeux trop grands, elle finira en chair à poissons. La place de directeur artistique vous échappe, pas pour longtemps, au premier faux pas, quitte à le provoquer, on gagne le gros lot. Ici la morale n’existe pas, être immoral est une qualité qui peut te servir. Le meilleur c’est le plus salopard d’entre tous.
Kill Your Friends commence à pleine vitesse, dans la débauche et la drogue par une tentative d’overdose foirée. Face caméra, Steven lance les dés et nous raconte son univers impitoyable où la loi du plus salaud prime. Tout le long du récit, il revient nous expliquer que la pitié, l’art, c’est bon pour les gogos à qui on refourgue ses musiques. Pas étonnant qu’ils se ressemblent tous. Nous pensons à American psycho version musicale. La bande originale, signée Junkie XL, aligne les plus grands hits de Prodigy, Radiohead, Blur, Oasis ou les Chemical Brothers. C’est le premier long-métrage d’Owen Harris, réalisateurs d’épisodes des séries Misfits et Black Mirror.
Il adapte le roman de John Niven, scénariste du film. Il nous entraine dans les coulisses d’un monde ignoble, avide, rempli d’arrivistes aux dents longues, au slogan tiré d’une chanson : Le fric c’est chic. Nous comprenons mieux la pauvreté musicale de notre société, plus de bouses que de chefs d’œuvre. Plus que de valoriser leurs produits, nous avons l’impression qu’il les désenchante, tue la qualité, l’art, pour du formaté. La forme regarde du côté de Danny Boyle, Trainspotting, Petits meurtres entre amis, vifs et racés, mais un peu trop sages. Kill your Friends passé les premières minutes, tourne en boucle, ressassant le même discours d’un monde immonde, sans morale.
Le scénario manque de contenu, le discours est intéressant, mais manque de scènes pour le porter. Deux meurtres tentent de relancer l’intrigue. C’est sans doute de ce côté et sur deux personnages que le film méritait de prendre les chemins de traverse. En développant la secrétaire, aussi ignoble que Steven et le flic un peu naïf, il gagnait dans sa narration. En ne quittant pas Steven, il finit par nous perdre en cours de route. Nicholas Hoult, excellent dans le rôle, semble parfois hors de son personnage. Dans l’esprit de Wall Street de Scorsese en développant plus de pistes, Kill Your Friends pourrait passer de film sympa à premier de la liste.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Kill Your Friends
Réalisation : Owen Harris
Scénario : John Niven, d'après son roman Kill Your Friends
Direction artistique : Charlotte Pearson
Décors : James Price
Costumes : Susie Coulthard et Hannah Glossop
Photographie : Gustav Danielsson
Montage : Bill Smedley
Musique : Junkie XL
Production : Gregor Cameron, Will Clarke
Producteurs délégués : Len Blavatnik, Ivan Dunleavy, Aviv Giladi, Andy Mayson, Steve Norris, Danny Perkins et Mike Runagall
Sociétés de production : Unigram, AI-Film et Altitude Film Entertainment
Sociétés de distribution : Well Go USA Entertainment (Canada, États-Unis), Chrysalis Films (France)
Pays d'origine : Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Genre : comédie noire, policier, thriller
Durée : 103 minutes
Dates de sortie1 :2 décembre 2015 - 12 ans
Distribution
Nicholas Hoult : Steven Stelfox
Craig Roberts (en) (VF : Benjamin Bollen) : Darren
Rosanna Arquette : Barbara
James Corden : Waters
Tom Riley : Parker-Hall
Georgia King : Rebecca
Jim Piddock : Derek Sommers
Ed Skrein : Rent
Damien Molony : Ross
Joseph Mawle : Trellick
Moritz Bleibtreu : Rudi
Edward Hogg : DC Woodham
Ella Smith (en) (VF : Camille Donda) : Nikki
