Julieta

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Un film de Pedro Almodóvar ,
Avec Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao,

Genre : Drame psychologique
Durée : 1h39
Espagne

En Bref

La respiration soulève le voile léger de la robe au rythme du temps qui passe. Julieta s'apprête à quitter Madrid, pour d'autres horizons pour oublier le passé et commencer une nouvelle vie. Elle croise Beatriz, une amie de sa fille Antia qui lui donne de ses nouvelles. C’était il y a si longtemps, avant que les blessures ne ferment la parole et une porte imaginaire. Julieta devra clore les vieilles souffrances, les culpabilités anciennes avant d'envisager une autre vie. Elle se retrouve prisonnière d'hier ne peut plus fuir. Comment cicatriser la douleur ?

Les mots glissent sur la feuille, une lettre à sa fille, comme Madame de Sévigné. Elle s'ouvre sur hier, le bonheur, un train filant dans la nuit, un inconnu croisé au hasard de la mort. C’est l’amour, si fort qu’il emporte tout. L’existence s'élance, une naissance, une jeune fille, Antia et les jours heureux avant l’orage. Elle parle de vie, d'erreurs, de mort, de silence et de désespoir. Elle raconte une vie perdue, éperdue qui cherche sa route et son destinataire, une jeune fille devenue un fantôme. Après, il reste le plus dur, la poster pour que naisse l'espérance des retrouvailles et du pardon. Pour que meurent les années perdues à attendre avant de finir par mourir au vent de la douleur.

Après la flamboyance, le baroque, la parole volubile de ses personnages de femmes excessives, Pedro Almodovar choisit la voie de l’épure et de la simplicité. La première image en dit déjà long, ce souffle de vie qui soulève le tissu rouge comme le sang, couleur de la révolution annoncée. Comment retrouver le chemin du bonheur, de la vie, et perdre cette amère douleur qui vous ronge le cœur. Se laisser porter par le vent du large sans que la brise légère ne vous rappelle le monde des vivants. Depuis longtemps le sourire désertait le pays où vous vous étiez réfugiée pour combler le vide. C’est l’histoire de l’amour et de la mort qui se croisent, s’interpellent sur la route des vivants avec sa sœur la culpabilité. Julieta s’imprègne d’un certain onirisme, un cerf passe, un train file dans la campagne enneigée, le rouge, le noir et blanc, les sculptures de bronze couleur terre, Ulysse. Tout nous parle nous renvoie à la vie sans fard, simple, avec ses séparations, ses déchirures, ses fautes, sa culpabilité, l’abandon et la rédemption qui ne vient pas. Avec Julieta Pedro Almodovar réussit le plus brillant de ses films, le plus beau, le plus personnel.

Patrick Van Langhenhoven