Au jeu des sept familles, je demande Sandy, divorcée, mère de deux fils. Elle tente de faire bonne figure à la face de la vie. C’est compliqué quand votre ex se marie avec une jeunette et que vos fils se demandent s’ils doivent l’appeler maman. Jesse a fui le cocon familial depuis longtemps, sa mère ne supportait pas son mari indien. Sa sœur la suivit dans la foulée, maman aurait mal accepté son mariage gay. C’est bientôt la fête des Mères, les années ont passé, il est peut-être temps de jeter les vieilles rancunes dans la poubelle de l’oubli et de se réconcilier. Miranda, animatrice célèbre du télé achat cache une blessure plus profonde, un secret qu’une jeune fille viendra lui rappeler.
Kristin, en couple, un enfant, ne sait toujours pas dire oui à celui qui inlassablement lui propose d’unir leurs destinées. Un jour la question ne se posera plus et il sera trop tard pour pleurer. Enfin, le seul homme dans cette nuée de femmes, Bradley, a perdu tout sourire depuis la mort de sa femme l’année précédente. La gaîté, l’enthousiasme de leur père manquent à ses deux filles. Toutes ces vies, à l’occasion de la fête des mères, se croisent, s’interpellent, s’interrogent sur le sens à donner à leur futur. Dans ce chaos, elles trouveront la route pour enfin redevenir le paradis de la famille à l’américaine.
Garry Marshall réalisateur de nombreuses comédies qui enchantèrent nos jeunes années Pretty Woman, Frankie & Johnny, Doctors in Love, revisite depuis trois films les fêtes importantes du calendrier de l’amour. Après Valentine's Day, Happy New Year, Joyeuse fête des mères sur le même principe du film choral explore la figure maternelle sous tous ses angles.
Plus sage que Pretty Woman qui révolutionna en son temps le genre, Garry Marshall, 81 ans, remplit honorablement son contrat. Il répond à la commande pour un film de fête dans la grande tradition du cinéma américain, à savoir, plaire à tout le monde. Il est appuyé en cela par des acteurs parfaits dans leur rôle taillé sur mesure. Joyeuse fête des mères ronronne comme la chatte de la voisine sur son balcon. Nous avons envie de passer plus de temps avec elle à fêter les mères sous tous les angles. Julia Roberts sort du lot en donnant une certaine amertume à son personnage, ratant sa route et noyant son chagrin dans sa carrière.
Nous retiendrons deux raisons de l’échec du film, d’abord un produit calibré guimauve à l’américaine pour ne décevoir ni choquer personne. Cela donne une mise en scène sans inspiration, calibrée pour passer aux heures de grande écoute à la télé. Dans les mains d’un gentil faiseur, réalisateur de deuxième équipe faisant ses premier pas, cela ne prêterait qu’à sourire. Cela devient désolant quand le bonhomme a révolutionné le genre en son temps, donné un coup pied dans un genre qui se répétait. Nous retrouverons le conflit maman divorcée et la femme de son ex, la mère morte en Irak, thème devenu une banalité, le couple de lesbiennes mariées un enfant, presque le titre d’une série télé.
Chacune de ces histoires traitées de façon light ne choquera personne. Il en est de même du portrait de la mère raciste et homophobe. Le clan se réconcilie en cinq minutes dans un happy end de conte de fées. Chacun trouvera son chacun et sa chacune, toutes les mères du monde se donnent la main. C’est pas beau l’utopie américaine de la famille ? Il faudrait juste remettre le chien, c’était le plus marrant. Il reste l’histoire de Kristin marquée par son passé de fille adoptée qui ne sait pas comment dire oui à une demande en mariage. Ce petit couple sympa avec ses difficultés de vivre est sans doute le seul intérêt du film. Hélas, ils seront traités à la vite pour engranger le plus de figures qui plairont au public de l’Amérique profonde. Cela nous ramène à notre deuxième raison, à force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par ne plaire à personne.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Mother's Day
Titre français : Joyeuse Fête des Mères
Réalisation : Garry Marshall
Scénario : Tom Hines, Lily Hollander, Anya Kochoff et Matthew Walker
Production : Mike Karz, Wayne Allan Rice et Kevin Scott Frakes
Sociétés de production : Palmstar Entertainment, Gulfstream Pictures
Société de distribution : Open Road Films
Pays d'origine : Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue : anglais
Genre : Comédie dramatique
Dates de sortie 25 mai 2016
Distribution
Jennifer Aniston (VF : Dorothée Jemma) : Sandy
Julia Roberts (VF : Céline Monsarrat) : Miranda
Britt Robertson : Kristin
Kate Hudson (VF : Barbara Delsol) : Jesse
Timothy Olyphant : Henry
Jason Sudeikis (VF : Thierry Kazazian) : Bradley
Sarah Chalke (VF : Juliette Poissonnier) : Gabi
Shay Mitchell : Tina
Margo Martindale : Flo
Jon Lovitz : Jackie Burn
Aasif Mandvi (VF : Constantin Pappas) : Russell
Jack Whitehall : Zack
Grayson Russell : Tommy
Loni Love (VF : Odile Schmitt) : Kimberly
Christine Lakin : l'hôtesse