Nick Wild est un type qui ne s’embarrasse pas de longs discours si vous lui cherchez la petite bête. Ancien baroudeur, accro au black jack, sans doute revenu de l’enfer, il cachetonne comme garde du corps pour des VIP venus s’encanailler à Vegas. Las Vegas, la ville du crime, raccourci du rêve américain. Ici en un coup de dés, on peut toucher ce dernier ou le perdre. Quand Holly, son ex, lui demande un petit coup de main pour régler une vengeance qui transforme cette Joconde en Picasso, Nick préfère ne pas plonger dans les emmerdes, mais des vieux liens le poussent à passer le cap.
Le salopard n’est pas un jeunot de la dernière famille de zonards, mais le fils d’un gros bonnet de la mafia. Il ne reste plus à Nick et sa copine qu’à placer une distance suffisante entre eux et la pègre, se rayer du monde, devenir des fantômes. Wild tente une dernière fois la chance en jouant un max de pognon au black jack, et bingo ça marche ! Il faut juste savoir s’arrêter quand il faut, le peut-il ou bien, tenté par le diable, sonne-t-il le glas de son enfer ? Il pourra toucher son rêve, un voilier le long des côtes corses, la mer, l’horizon sans fin et l’oubli des lumières de Vegas.
Déjà adapté pour Burt Reynolds, le film se classait déjà dans la série B, sans prétention. L’action mène le bal et les coups pleuvent comme une tempête, dans un savoir-faire que maitrisent parfaitement et Jason Statham et le réalisateur, Simon West. Il transforme Joker en série B de luxe léchée, au scénario aussi maigre qu’un filet d’eau dans le désert de Vegas. Jason Statham campe un personnage convaincant, marqué par le passé, un de ces gros muscles que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Dans la lignée des Schwarzy, Stallone, Reynolds, Bronson et compagnie, il prend allègrement la relève d’un genre en perdition. Le film rajoute une petite note de fond sur la vengeance, le rêve d’un homme prisonnier d’une ville et du jeu. C’est assez maigre pour devenir un film noir.
L’acteur s’enferme de plus en plus dans les rôles de ces gros bras qui parlent plus avec les poings et c’est dommage. Dans la catégorie film d’action, il remplit son contrat avec même un soin particulier à l’image de la ville. Simon West, comme d’habitude, soigne l’image et imprègne sa marque non seulement avec les ralentis dans les scènes de baston, mais aussi ce soin à saisir Las Vegas comme un personnage. C’est ce qui évite à Joker de sombrer dans l’oubli. Vegas devient cette femme dont nous rêvons tous, capable de nous faire commettre les pires folies. C’est une femme que l’on ne quitte pas. De la même façon, l’enfer du jeu est plutôt bien saisi, cette soif de relancer toujours les dés. Il se concrétise par le rêve de Wild, une fois atteint, il en demande plus, toujours plus. Le film pourrait être une métaphore de la carrière de Statham, prisonnier de ses rôles de gros dur. Il se rêve peut-être dans celle De Niro. Dans l’ensemble, peut-être parce que nous attendions le pire, Joker se laisse voir comme un bon divertissement, mais ne rêvons pas à plus.
Patrick Van Langhenhoven
Bonus:
Making of
Titre français : Joker
Titre original : Wild Card
Réalisation : Simon West
Scénario : William Goldman, d'après son roman Heat
Direction artistique :
Décors : Greg Berry
Costumes : Lizz Wolf
Photographie : Shelly Johnson
Montage : Padraic McKinley et Thomas J. Nordberg
Musique : Dario Marianelli
Production : Steve Chasman
Producteurs délégués : Robert Earl, Cassian Elwes, Nick Meyer, Brian Pitt, Jib Polhemus, Marc Schaberg
Coproducteur : John J. McLaughlin
Producteurs associés : Samantha Brooks, David Shojai
Sociétés de production : Lionsgate, SJ Heat Productions, Sierra / Affinity, Cinema Seven Productions, Current Entertainment, Quad Films, SJ Pictures et Silver State Production Services
Distribution : États-Unis Lionsgate, Drapeau de la France La Belle Company
Budget : 30 000 000 $
Pays d'origine : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur - 2.35:1 - 35 mm
Genre : action, thriller, rape and revenge
Durée : 92 minutes
film interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles en france
Distribution
Jason Statham : Nick Wild
Stanley Tucci (VF : Gérard Darier) : Baby
Sofía Vergara : D. D.
Milo Ventimiglia (VF : Bruno Choël) : Danny DeMarco
Michael Angarano : Cyrus Kinnick
Anne Heche : Roxy
Hope Davis
Jason Alexander
Cedric the Entertainer : Pinchus
Max Casella : Osgood
Chris Browning : Tiel
Dominik García-Lorido : Holly