Les enfants ne tremblent plus de peur. Le tueur de croquemitaines avait trouvé le bonheur et se la coulait douce auprès de sa bien-aimée. Le maitre des enfers ou le Dieu divin voulut l’éprouver une nouvelle fois et envoya la Camarde avec son âme damnée, le cancer, pour ravir la belle… Il lui restait juste une voiture et un chiot, dernier cadeau de sa dulcinée pour supporter le poids de la douleur et ne pas retourner nourrir la faucheuse et hanter la nuit. Maitre hasard lance les dés et envoie un imbécile que la jeunesse emporte dans son courant de folie.
Un jeune délinquant russe, fils d’un patriarche ancien patron du tueur, envieux et stupide réclame le bolide. Il ne recule devant rien pour éveiller la bête assagie par le pouvoir de l’amour. En tuant un chiot innocent, c’est bien plus qu’une pauvre bête qu’il achève. C’est la fidélité au passé, la vieille promesse rompue, la tempête endormie, l’amarre d’un navire au port calme. L’autre aiguise sa faux et se marre, il sait que cette petite mort de l’innocence ouvre les portes de l’Hadès. Son messager est en route et rien ne l’arrêtera, un fleuve de mort et de sang s’abat sur la ville, le tueur de croquemitaines est de retour.
John Wick marque le retour de Keanu Reeves remarqué dans Speed, Point Break et bien entendu Matrix, maitre de la série B avec de la référence et du contenu. L’année dernière deux films moyens le remettaient en piste, 47 Ronins, et sa première réalisation Man of Taichi, de la série B de luxe classique, sans surprise. Co scénariste sur John Wick le film marque une tendance du cinéma actuel, la BD et le jeu vidéo non plus comme source d’inspiration, mais comme inspiration. Série B de luxe aux moyens considérables, John Wick emprunte le même cheminement qu’un FPS, tirez dans le tas. La séquence d’ouverture place l’ambiance et le héros que vous incarnez, le premier niveau vous propose de vous extraire de la maison.
Dans les suivants vous devrez vous rendre dans différents lieux pour atteindre les patrons des niveaux qui vous rapprochent du final, le dernier caïd. La seule différence avec un jeu vidéo, pas de possibilité de prendre les commandes et pas de niveau à se retaper, pas de Game Over ! C’est avec The Raid que le genre débute, avant ce n’était que des balbutiements, des essais. John Wick annonce une forme plus esthétique, un soin particulier porté aux scènes d’action, par des réalisateurs cascadeurs sur Matrix et ailleurs. Le spectateur, comme pour un jeu vidéo, ne s’interroge pas sur la vraisemblance, mais la beauté de la torgnole dans ta gueule.
La force réside aussi dans les personnages plus construits, plus en relief, l’abruti de service ne se contente pas de jouer la petite frappe à deux sous, le Boss final non plus. Le héros s’inspire des antihéros fatigués, voire des personnages de l’histoire antique. Nous pensons à Scylla devenu dictateur pour le bien de Rome. Une fois la tâche accomplie le héros retournait cultiver ses champs et mener une vie paisible. C’est un personnage torturé par la perte de sa bien-aimée et de ce qui restait d’elle, un petit chiot innocent. Dans la symbolique médiévale, le chien représente la fidélité. Avec sa mort c’est donc la perte de l’innocence et la fidélité à un rêve de bonheur brisé. Il nous interroge sur notre nature profonde. Peut-on la masquer éternellement ? Comme le dit le proverbe, chassez le naturel il revient au galop. John Wick apparaît donc comme un film moins bourrin et sans âme, sa forme et son minimum de soin apporté à l’histoire et aux protagonistes en font un bon divertissement, pour se vider les méninges.
Patrick Van Langhenhoven.
Titre original : John Wick
Réalisation :David Leitch et Chad Stahelski
Scénario : Derek Kolstad
Décors : Susan Bode
Costumes : Luca Mosca
Cinématographie : Jonathan Sela
Montage : Elísabet Ronaldsdóttir
Musique : Tyler Bates, Joel J. Richard
Production : Basil Iwanyk, David Leitch, Eva Longoria, Chad Stahelski et Mike Witherill
Producteurs délégués : Kevin Scott Frakes, Stephen Hamel, Tara Moross, Keanu Reeves, Andrew C. Robinson, Raj Brinder Singh, Jared Underwood et Mike Upton
Sociétés de production : Thunder Road Pictures
Sociétés de distribution : Lionsgate
Budget :
Pays d'origine : États-Unis
Langues originales : anglais
Format : couleur
Genre : action
Durée : 110 minutes
Distribution
Keanu Reeves (V.F. : Jean-Pierre Michael) - John Wick
Michael Nyqvist - Viggo Tarasov
Alfie Allen - Iosef Tarasov
Willem Dafoe - Marcus
Dean Winters - Avi
Adrianne Palicki (V.F. : Dorothée Pousséo) - Ms. Perkins
Omer Barnea - Gregori
Toby Leonard Moore - Victor
Daniel Bernhardt - Kirill
Bridget Moynahan - Helen Wick
John Leguizamo - Aureilo
Ian McShane - Winston
Bridget Regan - Addy
Lance Reddick - Charon
Keith Jardine - Kuzma
Thomas Sadoski - Jimmy
David Patrick Kelly - Charlie
Clarke Peters - Harry
Kevin Nash - Francis
Jason Isaacs - David (non-crédité)
Scott Tixier - Violoniste