Ça commence par une petite maison dans la prairie aride du nouveau Mexique, au pays des cactus et des lézards, une femme, un mari, un ancien amant et une troupe de salopards. Jane rêvait d’une vie tranquille, loin du fracas des colts et de l’odeur infâme des saloons. C’est le cœur brisé que son histoire étire le fil de ses nombreuses renaissances. Les petites chances ramènent le sourire sur un visage fatigué. Un début prometteur au cœur du Missouri, une première lame de fond emporte l’espoir.
C’est un convoi pour Raphaël au nouveau Mexique, un ciel bleu sur fond de cactus, la chaleur des bordels, retour à l’enfer avec le balancier de l’horloge maudite. C’est la fuite avec Amond pour échapper à son ancien partenaire, Bishop, une mauvaise graine sans scrupule. Tout vient ce jour maudit où la charogne rattrape Bill et lui fait cadeau de cinq bastos incrustées dans la peau. Il faudra combien de temps, avant qu’il ne situe la petite maison dans la prairie et que l’horizon se couvre de nuages noirs ?
Il existe un paquet d’années à raccrocher, le goût amer de la vengeance à assouvir. Il lui faut de l’aide pour venir à bout de cette carne qui désire lui enlever son petit bonheur. Elle retrouve son premier amour, celui qu’elle pensait mort à la guerre. La fin se passe dans un camp retranché, la petite maison devient OK Corral. La poudre crachera son chant de chaos et de néant pour qu’à l’aube ne demeurent que les vainqueurs. Et la vengeance ne trouvera plus personne pour rassasier son ventre avide.
Western de facture classique avec tous les clichés, O’Connor ébauche un nouveau regard sur la femme malgré tout. Nous retrouvons la figure de la fille perdue, amoureuse éperdue, la famille brisée qui finit par se réapproprier son chemin après un long parcours de souffrance. Loin du renouveau du western avec des films comme Impitoyable, Les 8 salopards, The Revenant, Jane Got a Gun, il choisit la voie du retour aux valeurs sûres de l’âge d’or du genre. Ce sont les couchers de soleil sur des paysages à conquérir, s’étendant à l’infini. C’est la vengeance chevillée au corps qui ne trouve sa voie que dans le sang des mécréants mordant la poussière.
L’homme représente toujours celui qui mène la danse et sauve la pauvre veuve éplorée. Le sale type souhaite toujours graver sur la crosse de son colt une entaille. Il n’aime pas qu’on lui enlève une bonne gagneuse de son harem de putes. Nathalie Portman s’en tire plutôt bien dans le rôle de la pauvre fille qui ne s’en laisse pas conter et se réveille. Il est dommage que cette figure ne soit pas poussée jusqu’au bout. Elle appartient au créneau masculin du type à terre qui se relève et fait aboyer ses flingues. Il y avait une version féminine de Nevada Smith à explorer. Jane Got a Gun se transforme en une série B où deux amants séparés par la vie se retrouvent à lutter pour leur survie. De la même manière, il ne pousse pas au bout la romance à la Jules et Jim sur fond de western.
C’était sans doute là que se nichait son originalité ce qui le différenciait des autres. Il aurait gagné en profondeur et aurait bousculé les codes en lui offrant une nouvelle lecture. C’est peut-être la volonté de rassembler un public plus large qui le coupe des fans du genre. Il est étonnant de voir comment le western utilise difficilement la figure féminine autrement que dans les stéréotypes de la mère ou la putain. Pourtant l’histoire de l’ouest ne manque pas de ces figures qui trouvèrent leur place aux côtés des hommes. Il reste sans doute encore un long chemin avant qu’elles ne deviennent dans le western leurs égales.
Patrick Van Langhenhoven
Pas de bonus vidéo
Titre original : Jane Got a Gun
Titre français : Jane Got a Gun
Réalisation : Gavin O'Connor
Scénario : Brian Duffield
Direction artistique : Tim Grimes
Décors : James F Oberlander
Costumes : Catherine George
Photographie : Mandy Walker
Montage : John Wilson
Musique : Marcello De Francisci
Production : Chris Coen, Terry Dougas, Aleen Keshishian, Peter Nathanial, Natalie Portman et Scott Steindorff
Société(s) de production : 1821 Pictures, Boies/Schiller Film Group, Handsomecharlie Films, Scott Pictures et Unanimous Pictures
Société(s) de distribution : France Mars Distribution
Budget :
Pays d’origine : États-Unis, Royaume-Uni
Langue originale : Anglais
Format : couleur -
Genre : Western
Durée : 1h38
Dates de sortie : 27 Janvier 2016
Distribution
Natalie Portman (VF : Sylvie Jacob) : Jane Hammond
Joel Edgerton (VF : Adrien Antoine) : Dan Frost
Noah Emmerich (VF : Patrick Bethune) : Bill Hammond
Ewan McGregor (VF : Bruno Choël) : Colin McCann
Rodrigo Santoro : Fitchum
Boyd Holbrook (VF : Fabrice Trojani) : Vic
River Shields : le Kid
Kristen Rakes : l'épouse de Dan
Jacob Browne : Montgomery
Sachie Capitani : Kate Hammond
James Burnett : Cunny Charlie
Asher Corbin : le fils de Dan
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