Ip Man apprend qu’il est atteint d’un cancer. La chimiothérapie pourrait le soulager. Elle ne se pratique qu’aux États-Unis. Un conflit générationnel avec son fils qui rêve de pratiquer les arts martiaux le décide au départ. Il saisit l’occasion d’une invitation de son ancien élève Bruce Lee pour se rendre à San Francisco. Il espère trouver une bonne école pour son fils. Pour cela, il doit obtenir une lettre de recommandation de l’association chinoise de Chinatown. Elle est dirigée par les maitres et maitresses des différentes écoles d’arts martiaux. Le président lui demande en retour de convaincre son élève, Bruce Lee, de cesser la transmission aux non Chinois. Ip Man est pour l’ouverture de l’enseignement à tous et refuse d’intervenir. Il lui faut trouver une autre voie pour sa lettre de recommandation devant une communauté xénophobe. Une jeune fille chinoise, harcelée à l’école et un commandant des Marines raciste pourraient bien lui fournir l’occasion qu’il souhaite.
La saga des Ip Man commence par un premier volet plein de promesses suivi d’un second qui se montre à la hauteur. Un spin off, que l’on oublie rapidement et ce dernier volet qui passionnera les vieux fans du cinéma d’arts martiaux. On peut la rapprocher d’une autre saga mythique, Il était une fois en Chine, de Tsui Hark. Elle trouve le même accueil auprès du public. Nous retrouvons dans ce dernier volet le schéma simple de ces films d’arts martiaux qui inondèrent les écrans avec leurs salles spécialisées dans les années 70. La trame modifiée, une école provoque en duel une autre pour imposer son style. On transpose ce scénario classique à hauteur de deux pays, la Chine et les Etats-Unis, le kung-fu contre le karaté. IP man, qui n’est jamais allé en Amérique, se confronte à une lutte raciste entre les Américains et les Chinois.
Tous les maitres d’arts martiaux seront vaincus, seul le style du légendaire Ip Man viendra à bout du démon blanc. Le film ne manque pas de thématiques intéressantes, racisme, harcèlement, conflit de générations, ouverture de sa culture à l’autre. C’est une manière de montrer que la Chine est bien meilleure sur ces sujets que les États-Unis de Trump. Contrairement aux premiers épisodes, celui-ci sert de prétexte à aligner un certain nombre de combats remarquables. Ils sont chorégraphiés par le talentueux Yuen Woo-Ping sur une bande-son de Kenji Kawai. Donnie Yen prête une fois de plus ses traits au maitre incontesté, Ip Man. Bruce Lee apparaît dans une ou deux séquences montrant sa supériorité, provoqué par des méchants karatékas.
Bruce Lee révolutionna le cinéma de kung-fu en lui apportant un regard plus vaste et plus profond. Dommage que ce dernier volet, qui possédait tous les atouts, retourne aux sources de la série B. Il reste le plaisir de la nostalgie, celui d’un cinéma qui envoya de nombreux mioches comme moi dans les salles d’arts martiaux. Nous nous demandons s’il ne ressemble pas étrangement à un film de propagande valorisant la Chine contre le dragon américain. A l’heure d’une autre guerre froide entre les deux pays, est-ce l’effet du hasard ?
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : 叶问4:完结篇, Yè wèn 4: Wánjié piān
Titre français : Ip Man 4 le dernier combat
Réalisation : Wilson Yip
Pays d’origine : Kong Hong Kong
Sociétés de distribution : Eurozoom (France)
Genre : action, biopic
Dates de sortie : 22 juillet 2020
Distribution
Donnie Yen : Ip Man
Scott Adkins1 : Barton Geddes
Danny Chan : Bruce Lee2
Vanness Wu (VF : Jérôme Keen) : Hartman Wu
Jim Liu : Ming
Kent Cheng : Bob
Adrian Wheeler (VF : Jérôme Keen) : M. Wight
Chris Collins : Colin Frater
Nicola Stuart-Hill : Gabrielle Cox
Grace Englert : Becky
John F. Cruz (VF : Jérôme Keen) : le général Armstrong