Quinn Brenner ressemble à toutes ces jeunes filles perdues dans le maelström de la vie, jetée sur les rivages du désespoir par la perte d’un être cher. Quand les murs parlent, que la maison s’éveille derrière les fractures temporelles au-delà de la vie et de la mort, quand elle croit entendre la voix de sa mère, la pauvre Quinn n’hésite pas à franchir les portes de la perception pour entrer en contact avec l’âme de sa dernière île où poser son existence quand le doute marquait l’horizon.
La jeune fille ne sait comment s’y prendre et cherche de l’aide auprès d’Élise. La vieille dame n’officie plus depuis un certain temps, elle aussi marquée par une douleur trop profonde pour que les esprits ne s’amusent de cette faiblesse. Elle aussi a subi la mort d’un être cher, son défunt mari, le compagnon d’une vie. Il ne reste que le vieux gilet à bercer, renifler, comme chez un tout petit son doudou pour quérir le sommeil. C’est peut-être ce qui la ramène sur la route, la chasse aux esprits pertinents, ces entités néfastes prêtes à vous ensevelir.
C’est l’heure de se relever d’entre les vivants pour de nouveau affronter les morts, car derrière le mensonge et l’apparence se cache une âme avide de revenir, et de souffrance comme énergie de son sang de néant. Quinn prisonnière de la créature ne peut plus compter que sur Elise et deux apprentis chasseurs de démons, parapsychologues, Tucker et Specs. C’est la première bataille et la création du trio que nous propose ce retour aux sources.
James Wan donnait un bon coup pied dans le cinéma d’horreur en relançant le sous-genre du « torture porn » avec Saw. Il se lance par la suite avec Insidious dans un renouveau du cinéma d’horreur qu’il connaît sur le bout des ongles. Depuis, réalisateur reconnu, il poursuit sa carrière sur la haute marche d’Hollywood avec Fast and Furious 7 et de nombreux projets à venir. C’est donc son complice au scénario, Leigh Whannell, qui passe derrière la caméra pour un volet honorable, mais moins surprenant que le premier. Il préfère revenir à la création du trio avec Élise et ses deux complices.
James Wan arrivait à nous faire croire à du neuf avec de l’ancien. C’est ce qui manque à Insidious 3, d’une facture très classique. De plus, les personnages manquent de punch et restent assez fades face à ce qui les touche. Ils n’exploitent pas assez le parallèle entre les deux femmes marquées par la même douleur de la perte d’un être cher. La rédemption d’Élise manque de force vive et de caractère. La fin est assez poignante entre la mère de Quinn et le mari d’Élise dans cette thématique du « laissez partir les esprits ». Pour les fins connaisseurs, c’est souvent notre attachement qui les empêche de rejoindre la lumière blanche.
C’est leur attachement à la vie et ici à faire souffrir qui retient le spectre démoniaque. C’est donc une rédemption pour Élise. Elle représente le héros rentré dans l’ombre qui doit de nouveau quitter le calme de la vie ordinaire pour affronter les démons. Le Shérif quitte les champs pour retourner en ville affronter le gang des malfrats. C’est une thématique que nous retrouvons souvent. Pour Quinn, c’est la notion d’abandon pour prendre en main sa vie et devenir la jeune femme que sa mère rêvait qu’elle soit. Elles devront l’une et l’autre affronter les démons et fantômes intérieurs pour de nouveau arpenter le monde des vivants.
Est-ce qu’Insidious 3, Poltergeist, annoncent la fin du cinéma fantastique innovant pour de la série B - et ne parlons pas de Ouija, Pyramide, Unfriended qui eux déclarent la mort du genre. Insidious 3 s’inscrit comme un opus de transition acceptable, d’ores et déjà un volume quatre est prévu. Nous verrons dans quels recoins sombres il nous invitera.
Patrick Van Langhenhoven
Titre original : Insidious: Chapter 3
Titre français : Insidious : Chapitre 3
Titre québécois : Insidieux: Chapitre 3
Réalisation : Leigh Whannell
Scénario : Leigh Whannell, d'après une histoire de James Wan et Leigh Whannell
Direction artistique : Jason Garner
Décors : Jennifer Spence
Costumes : Kristin M. Burke
Photographie : John R. Leonetti
Montage : Kirk M. Morri
Musique : Joseph Bishara
Production : Jason Blum
Sociétés de production : Blumhouse
Sociétés de distribution :
Budget :
Pays d’origine : États-Unis / Drapeau du Canada Canada
Langue originale : anglais
Format : couleur - 2.35 : 1 - Dolby numérique - 35 mm
Genre : Horreur
Durée : 98 minutes
Dates de sortie : France : 8 juillet 2015 -12 ans avec avertissement lors de sa sortie en salles
Distribution
Stefanie Scott (VF : Leslie Lipkins) : Quinn Brenner
Lin Shaye : Elise Rainier
Leigh Whannell : Steven Specs
Angus Sampson : Tucker
Dermot Mulroney : Sean Brenner
Hayley Kiyoko : Maggie
Corbett Tuck (VF : Cindy Tempez) : Danielle
Steve Coulter : Carl
Ashton Moio : Hector
Tom Gallop (VF : Jean Rieffel) : Dr Henderson