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affiche Inherent Vice

Inherent Vice

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Un film de Paul Thomas Anderson,
Avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson,

Genre : Comédie policière
Durée : 2h29
États-Unis

En Bref

C'est le début des années 70, le trip psychédélique et l'ambiance « Sea, sex and Sun » propres aux années hippie sont en perdition et l'arrivée de Nixon n'arrange pas le climat dur et paranoïaque de ce changement de décennie.

Doc Sportello (Joaquim Phoenix) résiste et continue de fumer pétard sur pétard, arborant fièrement ses pates. Son métier ? Détective privé, à l'hygiène douteuse.

Un soir, il reçoit la visite de son ex petite amie Shasta Fay (Katherine Waterston) qui espère qu'il va lui porter secours. Tombée amoureuse d'un magnat de l'immobilier, elle craint que la femme de ce dernier et son amant ne soient en train de fomenter un plan pour le faire interner et ainsi récupérer sa fortune.

Doc accepte mais ne sait pas qu'il s'embarque dans une sombre enquête bien plus compliquée qu'il n'y paraît.

Deux ans après The Master, sa première collaboration avec Joaquim Phoenix, Paul Thomas Anderson revient avec un polar sous drogues, une enquête peuplée de nombreux personnages avec autant de digressions.


    En quelques films Paul Thomas Anderson s'est installé confortablement dans le spectre du cinéma international. Parfois critiqué pour son intransigeance sur les tournages et sa prétention. Il a su imposer son style au fil de ses œuvres, portant une attention particulière et la mise en scène et aux bandes son.

 Avec Inherent Vice, le réalisateur poursuit son ambition en adaptant l'oeuvre de Pynchon à l'écran. Un film fleuve de 2h30, porté par un Joaquim Phoenix (somme toute) habité par son rôle, crédible mais qui finit par en devenir prévisible, voire ennuyeux.

  Sous couvert de réaliser un cinéma d'auteur original et inventif, Paul Thomas Anderson semble s'être perdu ici dans une intrigue alambiquée sans la moindre consistance.

 Les dialogues qui ne sont que de longues digressions sont portés par une galerie de personnages que la bande annonce rendait intéressante et drôle mais qui ne sont que de mornes pastiches. Chacun d'entre eux ne parvenant pas à créer des conflits dans cette intrigue à vocation loufoque.

  C'est d'autant plus rageant lorsque l'on s'accorde un si bon casting (Benicio Del Toro, Reese Whitherspoon, Owen Wilson pour ne citer qu'eux) de ne pas rendre les personnages plus complexes...

 La mise en scène est elle aussi sans saveur, s'éternisant dans de longs plans fixes, dénotant l'ennui profond des personnages, et ne s'autorisant que de rares fulgurances géniales comme PTA en a pourtant le secret. Heureusement, la bande son (et notamment les morceaux enchanteurs de Jonny Greenwood) permet de rythmer (un peu) l'ensemble et offre quelques jolies séquences baignées d'une lumière douce, celle d'une époque qui s'efface.

  Quelque chose cloche dans l'univers voulu par Paul Thomas Anderson....

 La narration est foutraque, pourquoi pas ? D'autres l'on fait avant : Quentin Tarantino pour ne citer que lui...

  Le héros manque cruellement d'entrain ? Tant mieux c'est ce qui donne un potentiel comique important. Le Duc de The Big Lebowski n'est-il pas irrésistible ?

 Oui mais ce qui fonctionnait dans ces films c'est qu'il y régnait une sorte d'ordre, un ordre sous acide mais un ordre qui savait tout de même embarquer le spectateur sans avoir besoin de le prendre par la main. Et grosse plus value de The Big Lebowski... il était drôle, ce que peine à être le film de PTA malgré ses intentions flagrantes d'emmener le spectateur dans la comédie mais en tirant toujours sur les mêmes ficelles.

  Dans Inherent Vice, aucune tension ne se fait sentir et les scènes s'enchaînent comme autant de situations hasardeuses qui peinent même à tirer l'aspect comique de cette enquête absurde.

 Sur le papier tout était réuni pour faire de ce film un chef d'oeuvre, mais ce défilé de personnages et de "punchline "qui tombent à plat agace plus qu'il ne transporte.

  Pari raté pour le réalisateur qui ne parvient pas à nous happer dans cette atmosphère paranoïaque ma foi très peu prenante.

 A vouloir trop en faire, on passe à côté de son sujet et surtout de son public...

Note : Je précise que je n'ai pas lu livre de Thomas Pynchon dont est tirée Inherent vice.

 Sarah Lehu

Avis Françoise

 Nous voilà devant un objet impossible : un film nébuleux tiré d’un roman tout aussi complexe. Et ce pari fou, audacieux est déjà à mettre à l’actif de son réalisateur. L’acte lui-même de se lancer dans cette aventure vient heurter le prêt à visionner des blockbusters ou des scénarios destinés à commercialiser des jeux video (avec le numérique les appelle-t-on encore ainsi, j’ai des doutes…). En regardant Inherent Vice, j’ai repensé à un autre film incompréhensible mais fascinant : Le festin nu, tiré du roman de William Burroughs réalisé par Cronenberg.

  Eh bien, chouette ! Le retour des digues qui sautent, de la raison qui vacille, d’une immense sensation de gueule de bois, de descente d’acide, de montagnes russes sur lesquelles nos neurones patinent jusqu’à la nausée dans des couleurs saturées… Ça manquait cruellement sur nos écrans, un grand vent d’anarchie, et oui, une certaine nostalgie de l’ambiance déjantée des années 70. Les rouflaquettes de Joaquin Phoenix et sa façon d’éviter le coup de latte des flics en se jetant au sol de façon préventive, le flottement entre délire et réel, tout ça m’oxygène et me réjouit.

 Tout ça me fait sentir à quel point notre façon de vivre est codifiée, et comment nous avons tellement intériorisé cet environnement où tout est inscrit dans une réglementation, même le degré de courbure des bananes, que je respire, je plane, je vole, mais bon, je m’égare ! Le seul petit bémol que j’apporterai au film est sa longueur, un peu excessive.

 En tout cas, histoire d’apposer une brique bien modeste à cet édifice, j’ai envie d’encourager le spectateur fatigué, lassé, d’aller réveiller le côté mécréant qui sommeille en lui, et de se laisser porter par Inherent Vice qui a convoqué le grand Neil Young dans sa BO et ça non plus, ça n’est pas rien…

  Françoise POUL 

Note du support : n/a
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Sous-titres :
Edition :


Titre original : Inherent Vice

Réalisation : Paul Thomas Anderson

Scénario : Paul Thomas Anderson, d'après Vice caché (Inherent Vice) de Thomas Pynchon

Décors : David Crank

Direction artistique : Ruth De Jong

Costumes : Mark Bridges

Montage : Leslie Jones

Musique : Jonny Greenwood

Photographie : Robert Elswit

Production : Paul Thomas Anderson, Daniel Lupi et JoAnne Sellar

Sociétés de production : Ghoulardi Film Company et Warner Bros.

Sociétés de distribution : Warner Bros. (USA)

Pays d’origine : États-Unis

Budget :

Langue originale : anglais

Durée : 148 minutes

Format :

Genre : Film policier

Distribution


Joaquin Phoenix : Larry « Doc » Sportello

Reese Witherspoon : Penny

Josh Brolin : Bigfoot Bjornsen

Owen Wilson : Coy Harlingen

Benicio del Toro : Sauncho Smilax

Sasha Pieterse : Japonica Fenway

Martin Short : Dr. Blatnoyd

Kevin J. O'Connor

Katherine Waterston : Shasta

Jeannie Berlin : la tante Reet

Joanna Newsom2