Image terne un peu soporifique d’un centre d’appel d’urgences la nuit, quelque part au Danemark. Nous sommes au 112, le numéro européen de secours. Casque vissé sur la tête, face à l’écran de son ordinateur, Asger gère les différents accidents de la vie qui lui parviennent. Volontiers moraliste, il rappelle qu’il ne faut pas conduire si l’on a bu, demande à son interlocuteur s’il s’est drogué. Il applique le protocole. Soudain, une voix de femme qui persiste à l’appeler Trésor, le tire de sa torpeur. Il se passe quelque chose de pas net. On pourrait bien avoir affaire à un enlèvement.
Ne rien voir et tout savoir, telle est la nouvelle tendance. Récemment, Canal + s’y est essayé avec des pastilles télévisées dans le quasi noir total. Le film, on se le fait dans la tête et c’est redoutablement efficace. Asger va remuer ciel et terre pour venir en aide à Iben, la femme en danger. Ce faisant, il se laisse emporter par le souci de réussir, quitte à faire quelques entorses au règlement. Dans les pays scandinaves, c’est une faute grave. Au fur et à mesure, on découvre qu’Asger est en délicatesse avec sa hiérarchie. Il a déjà franchi la ligne jaune dans son boulot de flic et on comprend que c’est pour cela qu’il est en quarantaine au 112, en attendant son jugement qui doit avoir lieu le lendemain.
L’écran est empli de la présence d’Asger. Les plans ne gardent que les yeux le nez la bouche. On finit par se demander si Asger a un corps. C’est comme si à la télé d’autrefois, on regardait la speakerine pendant que se déroule le film. Et c’est purement jouissif. On palpite, on a peur, on retient son souffle. Dans le même temps, c’est l’inertie partout. Asger a beau se débattre, appeler et rappeler, faire jouer ses relations, le temps passe et le drame couve.
En plus du dispositif malin en diable, l’histoire réserve des surprises de taille et Jacob Cedergren incarne un flic dépressif déprimé que l’urgence remet en selle. Mais est-il bon de faire du zèle à tout prix ? Ses collègues semblent penser que non. Et les faits sont troublants.
Pour un premier film tricoté serré, haletant, passionnant, et pas du tout téléphoné, faites-vous plaisir, faites-vous peur, allez le voir.
F. Poul
Titre français : The Guilty
Réalisation : Gustav Möller
Scénario : Gustav Möller et Emil Nygaard Albertsen
Photographie : Jasper Spanning
Montage : Carla Luffe Heintzelmann
Musique : Carl Coleman et Caspar Hesselager
Pays d'origine : Norvège
Format : Couleurs - 35 mm - 2,35:1
Genre : thriller
Durée : 85 minutes
Dates de sortie : 18 juillet 2018
Distribution
Jakob Cedergren : Asger Holm
Jessica Dinnage : Iben
Omar Shargawi (da) (VF : Loïc Houdré) : Rashid
Johan Olsen (da) (VF : Mathieu Rivolier) : Michael
Jakob Ulrik Lohmann : Bo
Katinka Evers-Jahnsen : Mathilde
Jeanette Lindbæk : Vagtleder Nordsjælland
Simon Bennebjerg : le junkie
Laura Bro (da) : la journaliste
Morten Suurballe : l'homme à Skælbækgade
Guuled Abdi Youssef : l'homme à la discothèque
Caroline Løppke : Fuld kvinde
Peter Christoffersen : le policier dans la maison
Nicolai Wendelboe : le policier dans la voiture
Morten Thunbo (da) : l'opérateur d'alarme
Maria Gersby : l'opérateur d'alarme
Anders Brink Madsen (da) : l'opérateur d'alarme